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En Turquie, polémique autour d’un projet de loi sur l’euthanasie des chiens errants

L’Association des médecins vétérinaires turcs est vent debout contre un projet de loi prévoyant la capture systématique des chiens errants et l'euthanasie pour ceux qui n'auront pas été adoptés dans un délai de 30 jours. Projet qui devrait être soumis à la Grande Assemblée nationale de Turquie dans les semaines à venir.

chiens errantschiens errants
©Pauline Sorain
Écrit par Pauline Sorain
Publié le 26 mai 2024, mis à jour le 3 juin 2024

S’ils font partie du paysage en Turquie (ils seraient plus de 10 millions, même s’il est difficile d’en avoir une estimation précise), la situation des chiens sans abri fait l’objet de débats houleux depuis de nombreuses années. Certains estiment qu’ils représentent un danger pour la sécurité et la santé publique justifiant ainsi la nécessité d’en venir à ce projet d’euthanasie généralisée.

Aussi, le nouveau projet de loi de l’AKP, actuel parti au pouvoir, proposant l’euthanasie des chiens errants s’ils ne sont pas adoptés sous 30 jours, a généré de nombreuses réactions du côté des défenseurs de la cause animale et particulièrement de l’Association des médecins vétérinaires turcs (TVHB-Türk Veteriner Hekimleri Birliği), qui dit ne pas avoir été associée au processus législatif en cours.

Une loi de protection des animaux restée sans réel effet

Le sujet n’est pas nouveau et une loi sur la protection des animaux promulguée en 2004 a mis à la charge des municipalités la mise en place de programmes de stérilisation et de vaccination des très nombreux chiens errants. Pour autant, rares sont les municipalités qui se sont emparées du sujet à bras-le-corps pour financer et organiser la mise en œuvre de tels programmes. Comme le souligne l’Association des médecins vétérinaires turcs : "La loi a été promulguée, des responsabilités ont été attribuées, mais aucune inspection n'a été effectuée, aucun budget n'a été alloué et aucune sanction n'a été imposée à ceux qui ne respectaient pas la loi".

Aussi, la problématique des chiens sans abri, loin de s’améliorer, aurait semble-t-il tendance à s’aggraver. Ce qui constitue un problème pour les chiens eux-mêmes qui ne bénéficient pas des soins nécessaires, mais également pour les humains avec lesquels ils cohabitent qui peuvent les percevoir comme un danger tant sur le plan sanitaire que sécuritaire.

Sur ce point, l’Association des médecins vétérinaires turcs rappelle cependant dans son communiqué de presse que tant l’Organisation mondiale de la santé animale que l’Organisation mondiale de la santé s’opposent à l’abattage des chiens errants en termes de contrôle de la rage notamment.

L’Association des médecins vétérinaires turcs vent debout contre l’actuel projet de loi

L’Association des médecins vétérinaires turcs se déclare totalement opposée à toute pratique entrainant l’abattage des animaux sans abri. Elle rappelle que selon l’Organisation mondiale de la santé animale, les chiens, en tant qu’espèce domestiquée, sont dépendants de la société à qui il incombe dès lors une responsabilité éthique pour assurer leur santé et leur bien-être même lorsqu’ils sont sans abri.

Aussi l’Association des médecins vétérinaires turcs affirme que l’euthanasie n’est pas destinée à être pratiquée sur des animaux non-agressifs en bonne santé et que les vétérinaires ne procéderont pas à l’euthanasie même si cette loi est adoptée. Elle rappelle que contrairement aux idées reçues, l’euthanasie est plus coûteuse et plus complexe que la stérilisation et qu’elle est à terme inefficace pour le contrôle des populations animales errantes.

 

 

Elle prône au contraire la mise en place d’une réelle politique de stérilisation, suivie et contrôlée, ce qui nécessite l’allocation de budgets à cet effet et la recherche de coopération institutionnelle nationale et internationale.

Une telle solution apparaîtrait cohérente avec la loi du 9 juillet 2021 votée par le parlement turc qui reconnaît les animaux comme des êtres vivants et déclare les violences qui leur sont faites comme crimes punissables de 6 mois à 4 ans d’emprisonnement…

 

 

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