Donné battu à Istanbul et Ankara selon des chiffres provisoires, l’AKP a officiellement contesté, hier, les résultats des élections municipales dans ces deux villes, détenues depuis 25 ans par le parti islamiste et ses prédécesseurs.
A Istanbul, le parti du Président Recep Tayyip Erdoğan a porté réclamation auprès des autorités électorales de chacun des 39 districts d'Istanbul. Face aux journalistes, le chef de l'AKP dans la province stambouliote, Bayram Şenocak, a affirmé que des « irrégularités flagrantes » avaient été constatées. Notamment des « écarts exorbitants » entre le nombre réel des suffrages reçus, selon lui, par Binali Yildirim (AKP) et les résultats transmis par certains bureaux de vote.
De son côté, la candidat de l’AKP, défait par Ekrem Imamoglu (CHP) pour 25.000 voix selon les dernières estimations – 20 509 à en croire le chef de file des députés de l’AKP, Ali Ihsan Yavuz - a fait remarquer : « Il y a 31 136 urnes [à Istanbul]. S’il y a un vote incorrect dans chacune d’être elles, cela représente 31 136 votes, ce qui est plus que la différence. » Et d’ajouter : « Il y a 319.500 votes non valables. Donc les votes invalides dépassent de beaucoup l’écart actuel. »
Depuis le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, où il s’est recueilli pour célébrer sa victoire, Ekrem Imamoglu a appelé les dirigeants de l’AKP à reconnaître leur défaite. « Ils se comportent comme un enfant auquel on aurait arraché son hochet », a-t-il fustigé.
À Ankara, où le candidat du CHP, Mansur Yavas, est crédité de 50,9% des suffrages, contre 47,1 pour son principal opposant, Mehmet Ozhaseki, ce sont les résultats de plus de 3 200 urnes que l’AKP récuse.
Les conseils électoraux locaux ont maintenant deux jours pour se prononcer sur la recevabilité ou non de ces requêtes. Mais avec les différents appels qui pourraient suivre auprès des instances supérieures, le processus pourrait se prolonger jusqu’au 13 avril.