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D’ANKARA À ISTANBUL – Le chef de l’opposition poursuit sa marche "pour la justice"

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(photo officielle)
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 19 juin 2017, mis à jour le 8 février 2018

Malgré les menaces de poursuites judiciaires émises par Recep Tayyip Erdoğan, le leader d’opposition Kemal Kılıçdaroğlu entame aujourd’hui son sixième jour de marche. Parti d’Ankara, il entreprend de rejoindre à pied la prison de Maltepe, à Istanbul, où est incarcéré le député Enis Berberoğlu.

(photo officielle)

"Il pourrait y avoir des attaques contre nous. Il pourrait y avoir des gens qui nous critiquent ou tentent de nous fâcher. Ils sont tous les bienvenus. Je vais marcher dans la détermination et dans la persistance pour la justice de 80 millions de citoyens." C’est ce qu’a déclaré Kemal Kılıçdaroğlu, chef du Parti républicain du peuple (CHP), hier, lors de son cinquième jour de marche entre Ankara et Istanbul. Une marche de 450 kilomètres pour protester contre l’incarcération d'un député de son parti, Enis Berberoğlu.

Ce dernier a été condamné, mercredi 14 juin, à 25 ans de prison pour "espionnage" et "révélation de secrets d’Etat". Il lui est reproché d’avoir fourni au quotidien d’opposition Cumhuriyet des informations confidentielles, dont une vidéo montrant l’interception à la frontière avec la Syrie de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes pour la rébellion syrienne, le 19 janvier 2014. Can Dündar -- aujourd’hui exilé en Allemagne --,  ancien rédacteur en chef de Cumhuriyet a déjà été condamné à plus de cinq ans de prison dans cette même affaire avant d’être libéré sur décision de la Cour constitutionnelle en février 2016.

"Deuxième coup d’Etat"

L’incarcération d’Enis Berberoğlu marque le premier emprisonnement, depuis le coup d’Etat militaire de 1980, d’un député CHP, le plus vieux parti politique turc fondé par Mustafa Kemal Atatürk. Au lendemain de sa condamnation, Kemal Kılıçdaroğlu a entrepris une marche d’environ un mois qui doit s’achever devant la prison de Maltepe, à Istanbul, où est détenu Enis Berberoğlu. Il a été rejoint dans sa marche par plusieurs milliers de personnes, arborant le slogan "adalet" (justice en turc).

Une action fustigée par le président Erdoğan , qui a menacé le leader du CHP de poursuites judiciaires : "Si les autorités judiciaires vous convoquent demain quelque part, ne soyez pas surpris", a-t-il déclaré samedi lors d’un colloque organisé par l’Assemblée des exportateurs turcs. Avant de poursuivre : "Appeler les gens à descendre dans les rues n'est bon ni pour eux, ni pour le pays. Vagabonder en tenant un panneau 'justice' n'apporte pas la justice. Si vous voulez la justice, l'endroit en Turquie pour la trouver est le Parlement."

En réponse à ces avertissements, Kemal Kılıçdaroğlu a assuré qu’il ne "céderait pas à la provocation" : "Ils veulent nous menacer en évoquant les tribunaux et il [Recep Tayyip Erdoğan] en appelle aux juges et aux procureurs […] Nous marchons pour la justice et non contre la justice", a déclaré le chef du CHP.

Vendredi, dans un entretien à l’AFP, il a assimilé à un "deuxième coup d’Etat" les purges menées par le pouvoir depuis le putsch avorté du 15 juillet dernier. Au total, selon Amnesty international, 33.000 enseignants et employés du ministère de l’Education ont notamment été limogés, 24.000 policiers et employés du ministère de l’Intérieur, 8.000 membres de l’armée, 5.000 universitaires et employés de l’éducation supérieure, et quelque 4.000 juges, procureurs, et autres membres du ministère de la Justice.

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mardi 20 juin 2017

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Publié le 19 juin 2017, mis à jour le 8 février 2018

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