Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ASTRONOME FRANÇAIS – Il donne le nom d’une chanteuse turque à un astéroïde

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 6 février 2017, mis à jour le 6 février 2017

Une voix remarquable et de nombreux succès musicaux? La célèbre chanteuse Sezen Aksu a aussi un astéroïde à son nom. Et c'est un astronome amateur français, Jean-Claude Merlin, qui l'a baptisé ainsi. Il nous explique pourquoi?

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Vous avez nommé un astéroïde que vous aviez découvert Sezen Aksu, en hommage à la chanteuse turque. Pourquoi ce choix ?

Jean-Claude Merlin (photo personnelle) : C'est un choix purement émotionnel. J'ai été touché par sa voix dans sa musique Kutlama, que j'ai découvert en regardant le film Le Premier qui l'a dit [aussi connu sous son titre original Mine vaganti, réalisé par le turco-italien Ferzan Özpetek, ndlr] et j'ai rapidement décidé de donner son nom à un astéroïde. Sezen Aksu faisait partie de ma liste d'attente de noms que j'aimerais attribuer aux astéroïdes que je découvre. Celui-ci, je l'ai découvert en octobre 2009 à Nogales, aux Etats-Unis, grâce à un télescope à distance. Il m'a fallu ensuite quelque temps pour affiner la qualité des mesures. Deux ans après, il s'est vu attribuer un numéro. Puis, il a été officiellement baptisé Sezen Aksu le 17 janvier 2014 exactement. J'ai contacté la maison d'édition de Sezen Aksu pour l'en informer et la chanteuse m'a répondu par une lettre très gentille dans laquelle elle disait espérer qu'on puisse se rencontrer un jour. Ça ne s'est pas encore fait mais pourquoi pas par la suite?

J'aime donner des noms de personnalités du monde culturel, ça permet de faire sortir l'astronomie de sa tour d'ivoire et de prouver qu'un astronome ne passe pas son temps sur un ordinateur !

Comment se déroule la procédure pour baptiser un astéroïde ? Y a-t-il des règles à respecter ?

En tant que découvreurs, nous avons le privilège de pouvoir proposer les noms aux astéroïdes. Je défends l'idée que ces baptêmes doivent toujours appartenir au domaine scientifique pour que cela ne devienne pas un business. Nous soumettons donc la proposition de nom au comité de l'Union astronomique internationale, composé d'une douzaine de membres de cultures différentes. Il y a plusieurs règles à respecter. D'abord, il faut que le nom n'ait jamais été donné à un autre astéroïde. Il ne faut pas que le nom dépasse 16 caractères et il faut qu'il soit prononçable dans la plupart des langues. Il ne faut pas que ce soit le nom d'un militaire ou bien d'un politique -sauf s'il est mort depuis très longtemps- car le comité considère qu'il ne doit pas subir de pressions.

En 2015, vous aviez ainsi proposé de baptiser quatre de vos découvertes Charb, Cabu, Tignous et Wolinski. Expliquez-nous...

Oui, j'ai fait cette proposition quelques jours après les attentats à Charli Hebdo. Elle a d'abord été refusée car le Comité a jugé que l'appellation avait un caractère un peu trop politique vu le contexte. J'ai attendu et j'ai refait la proposition un an après pour Wolinski et deux ans après pour Cabu. Elles ont été acceptées. J'avais prévu depuis longtemps de nommer un astéroïde Wolinski, pour compléter ma série sur les bandes-dessinées. J'avais déjà donné les noms Mandryka ou Philgeluck à des astéroïdes par exemple, en hommage à deux grands dessinateurs de bandes-dessinées.

Il existe aussi un astéroïde à votre nom?

Oui, mon collègue suisse Michel Ory m'a fait cet honneur. Un astéroïde s'appelait déjà Merlin en référence à Merlin l'enchanteur donc il a eu l'astuce d'inverser les lettres de mon nom et ça donne donc : Nilrem.

Comment est née votre passion pour l'astronomie ?

Je suis comme Obelix, je suis tombé dedans quand j'étais petit ! Quand j'étais adolescent, j'étais fan de science-fiction puis j'ai voulu m'intéresser à un domaine plus stable et je me suis tourné vers l'astronomie petit à petit. J'ai acheté mon premier télescope quand j'étais lycéen. Aujourd'hui, je suis retraité et je continue. L'astronomie est quelque chose de naturel chez moi ! Mais je n'ai jamais voulu en faire mon métier. J'ai choisi de rester chercheur indépendant, même si mon activité me demande les mêmes exigences et précisions que pour un professionnel. Je partage mon activité sur l'astronomie entre l'observation, l'écriture et l'animation. J'ai écrit plusieurs ouvrages sur l'astronomie et j'ai été président de la Société astronomique de Bourgogne.

En tout, j'ai découvert plus d'une centaine d'astéroïdes. Désormais, j'observe surtout le ciel austral, en Australie, car il y a beaucoup de concurrence dans l'hémisphère nord et c'est difficile quand on est un astronome individuel. J'ai connu l'évolution des techniques, nous observions d'abord visuellement, puis par photographie et nous utilisons désormais le numérique qui permet d'observer à l'autre bout du monde.

Donc un amateur peut aussi faire la chasse aux astéroïdes?

Oui bien sûr, il y a toujours des comètes ou astéroïdes à découvrir ! Les découvertes se font depuis plus de 200 ans et les amateurs ont toujours été des découvreurs importants au même titre que les professionnels. Il n'y a pas besoin d'avoir fait de longues études en mathématiques pour cela. Il y a beaucoup d'associations et de clubs amateurs dans lesquels on retrouve une multitude de compétences en informatique, en optique etc. et où chacun peut s'entraider.

Propos recueillis par Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mardi 7 février 2017

Rejoignez-nous sur Facebook et sur Twitter

Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite?!

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 6 février 2017, mis à jour le 6 février 2017

Flash infos