Marronnage, l’art de briser ses chaînes : quand l’art tembe débarque à Paris
L’art comme vecteur de liberté. Tel pourrait être le slogan de l’exposition « Marronnage, l’art de briser ses chaînes » organisée par la Maison de l’Amérique latine à Paris du 12 mai au 24 septembre 2022.
L’exposition « Marronnage, l’art de briser ses chaînes » se tient en ce moment, et ce jusqu’au 24 septembre 2022, à la Maison de l’Amérique latine à Paris. Elle se concentre sur l’histoire et les productions plastiques de peuples d’origine africaine transportés de force en Amérique du sud. Ces peuples se sont structurés en sociétés issues de la fuite et du refus de l’esclavage. L’exposition ne se présente d’ailleurs pas seule. Un livre publié en co-éditions avec les éditions Loco, avec préface de Christiane Taubira, et un cycle de conférences-projections de films documentaires viennent l’accompagner.
A la maison de l’Amérique latine, la parole est aux artistes, ou tembeman
L’exposition vous fera voir de nombreuses oeuvres atypiques, dont beaucoup sont inspirées d’objets de la vie quotidienne, voire entièrement basées dessus. La simplicité, seulement apparente, de certaines d’entre elles laisse entrevoir une célébration de l’amour et des rencontres propre au tembe. Ce terme, qui signifie littéralement « art » pour les populations du Suriname et en Guyane française, englobe toutes les formes d’art affichées, telles que la sculpture, la peinture et la couture. Pour l’artiste Carlos Adaoudé, il faut d’ailleurs « continuer à exprimer l’amour à travers l’art ». Un art bien entendu riche en significations et symboles culturels. Comme le veut le nom de l’exposition, les oeuvres présentées ont également un but d’émancipation à travers un art qui n’a de cesse d’évoluer. « Le tembe est une torche portée d’âge en âge qui éclaire toujours le chemin de la liberté », peut-on ainsi lire dans une des salles de la Maison de l’Amérique latine. Si l’esthétique reste identifiable, il n’existe pas de tembe traditionnel à proprement parlé, cet art étant en évolution constante depuis sa création. Artistes masculins comme féminins sont représentés, chacun avec leurs spécificités.
Si l’exposition se focalise plus particulièrement sur les oeuvres propres au tembe, la plupart des artistes dont les oeuvres sont exposées n’en demeurent pas moins des photographes. Chacun d’eux présente ainsi deux photographies en résonance avec le travail photographique des ethnologues Jean-Marcel Hurault et Pierre Verger. Vous pourrez ainsi admirer des photographies représentatives des cultures d’origine des artistes qui ont essayé d’en capturer l’essence. Il y a derrière cela une volonté (pas si) cachée de transmettre autrement leur héritage qu’à travers le bouche-à-oreille. Comme le souligne Ramon Ngwete, « il y a une perte de culture avec la tradition orale, les paroles peuvent être déformées à travers le temps ». C’est pour cela qu’il préfère proposer une image figée, reflet d’une réalité à un instant T, et sur laquelle le temps n’aura pas de prise.
Les commissaires de l’exposition Geneviève Wiels et Thomas Mouzard vous attendent donc à la maison de l’Amérique latine et espèrent que celle-ci sera pour vous « une belle rencontre avec des hommes et des femmes attachés à leur identité et à leur liberté ».
Informations pratiques12mai24sept.
Du 12 mai à 10:00
Jusqu'au 24 sept. à 18:00
Adresse
217 boulevard Saint-Germain
75007 Paris