Chaque année, le département Intelligence Unit de The Economist examine l'état de la démocratie dans le monde en se basant sur 5 catégories pour chacun des pays : le processus électoral et le pluralisme, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique et les libertés civiles. Le rapport 2020 montre qu’au niveau mondial, la pandémie de coronavirus a entraîné le retrait massif des libertés civiles et alimenté une tendance préexistante à l'intolérance et à la censure de l'opinion dissidente, et plus particulièrement en Inde.
Recul au niveau mondial
70 % des pays analysés ont subi une baisse de leur score, la Norvège reste en tête du classement et la Corée du Nord en dernière place.
Le rapport 2020 conclut que les confinements imposés par les gouvernements et les autres mesures de contrôle de la pandémie ont conduit au retrait des libertés civiles à grande échelle, entraînant des dégradations de notes dans la grande majorité des pays. Chaque région du monde a connu un recul démocratique, mais la suppression des libertés individuelles dans les démocraties des pays développés a été la caractéristique la plus remarquable de 2020.
En 2020, les mesures prises par les gouvernements pour faire face à l'urgence de santé publique provoquée par la pandémie de coronavirus ont entraîné la suspension des libertés civiles de populations entières pendant des périodes prolongées. L'abandon volontaire des libertés fondamentales par des millions de personnes a peut-être été l'un des événements les plus remarquables de cette année extraordinaire - la plupart des gens ont accepté la décision de leur gouvernement de leur retirer leurs droits et libertés.
En Inde, recul démocratique des autorités et répression des libertés civiles
L'Inde dont le score a baissé de 6,9 en 2019 à 6,61 en 2020 a perdu deux places dans le classement et se trouve à la 53e position parmi les 167 pays analysés. Le meilleur classement du pays était en 2014 (27e avec un score de 7,92).
Le rapport indique qu'en Inde "le recul démocratique des autorités et la répression des libertés civiles ont conduit à une nouvelle baisse de leur classement mondial" et que les normes démocratiques sont sous pression depuis 2015.
Le rapport conclut que le gouvernement dirigé par Narendra Modi "a introduit un élément religieux dans la conceptualisation de la citoyenneté indienne, une étape que de nombreux critiques considèrent comme sapant la base laïque de l'État indien" lorsqu’il a voté la promulgation de l’amendement de la loi sur la citoyenneté en décembre 2019 (Loi sur la citoyenneté : oppositions et protestations violentes).
Les auteurs du rapport ajoutent que "La gestion par les autorités de la pandémie de coronavirus a conduit à une nouvelle érosion des libertés civiles en 2020." (Coronavirus : Confinement total pour 1,3 milliards d'Indiens).
En revanche, les scores de certains des voisins régionaux de l'Inde, tels que le Bangladesh, le Bhoutan et le Pakistan, se sont légèrement améliorés en 2020.
Les critères et les classements
L'indice de démocratie du rapport de The Economist, qui est une note sur une échelle de 1 à 10, est basé sur 60 indicateurs, regroupés dans 5 catégories, le processus électoral et le pluralisme, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique et les libertés civiles. Les valeurs de l'indice sont utilisées pour placer les pays dans l'un des quatre types de régime :
- Démocraties à part entière : scores supérieurs à 8
- Démocraties imparfaites : scores supérieurs à 6 et inférieurs ou égaux à 8
- Régimes hybrides : scores supérieurs à 4 et inférieurs ou égaux à 6
- Régimes autoritaires : scores inférieurs ou égaux à 4
Pour en savoir plus sur ces 4 régimes, consulter le rapport Democracy Index 2020 de The Economist.
L'Inde, comme les États-Unis, la France, la Belgique et le Brésil, est une démocratie imparfaite selon le rapport Democracy Index 2020.
Le score de la France a baissé (7,99 en 2020 contre 8,12 en 2019), à cause des restrictions à la liberté de mouvement (confinements et couvre-feux) imposées par le gouvernement pour la gestion de la pandémie. Le déclassement en démocratie imparfaite de la France est aussi dû à la gestion de la crise sanitaire.