Les couvertures et tapis de Bhavani (Jamakkalan de Bhavani) sont produits dans le district d'Erode. Ils ont été inscrits au Registre des Appellations d’Origine Contrôlées en 2005 - 2006.
La ville de Bhavani
Le jamakkalam trouve son origine dans la petite ville de Bhavani, bien qu’il soit aujourd’hui fabriqué dans divers districts de la région. Cette localité tire son nom de la rivière Bhavani, un affluent de la rivière Cauvery, qui prend sa source dans l’État du Kerala.
À Bhavani, une communauté de tisserands appelée « Jangamars » a commencé à tisser un type de couverture à partir de fils épais et colorés appelés jamakkalam, qu’ils fabriquaient sur de grands métiers à tisser en bois. Ce nouveau tissu permettait un tapis en coton à la fois résistant et robuste.
La popularité croissante de ce produit a rapidement incité la majorité des tisserands locaux à se consacrer à la production de jamakkalams, reléguant progressivement au second plan la fabrication de saris traditionnels et d'autres tissus.
Les jamakkalams dans les traditions du Sud de l’Inde
Dans le Sud de l’Inde, les jamakkalams occupaient une place essentielle lors des mariages. Ils servaient à accueillir les invités, qui s’y asseyaient pour déguster les mets, tandis que les friandises, les fruits et les fleurs destinés à ces cérémonies y étaient disposés avec soin. Ils étaient également utilisés pour faire la sieste ou assister à des cours de danse.
Ils jouaient également un rôle clé dans les festivals, notamment pendant le Golu Festival, surnommé le « Festival des poupées », célébré à l’occasion de Navratri, l’un des principaux festivals indiens. Chaque année, je rends visite à une famille dont la fille cadette prépare avec beaucoup de goût et d’originalité des centaines de poupées. Je recommande vivement à ceux vivant dans le Sud de l’Inde de profiter de cette période pour rencontrer des familles indiennes et partager un moment de convivialité.
Navratri, le festival qui célèbre les 9 formes de la déesse Durga
Navratri est célébré pendant neuf nuits et dix jours au cours des mois de septembre et octobre. Ce festival est particulièrement observé dans les États du Sud et de l’Est de l’Inde : Andhra Pradesh, Tamil Nadu et Karnataka. Il est dédié aux diverses formes de la déesse Durga, également connue sous les noms de Lakshmi et Saraswati. Dans l’État du Bengale-Occidental, notamment à Calcutta, les quatre derniers jours de Navratri sont particulièrement célébrés sous le nom de Durga Puja, une fête inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2022.
Pendant le Golu Festival, les poupées sont disposées sur des marches en nombre impair. À la fin du festival, elles sont soigneusement rangées jusqu’à l’année suivante, où de nouvelles poupées viennent enrichir la collection.
AOC indiennes : les poupées de Thanjavur
Les métiers à tisser mécaniques et la concurrence aux tisserands traditionnels
Bien qu’en 1985 la loi sur les métiers à tisser - Réservation d'articles pour la production (Handloom Reservation Act) ait été adoptée pour protéger ces artisans, elle n’a pas été réellement appliquée. Cette loi donnait une longue liste de produits, dont les jamakkalams, qui ne pouvaient pas être fabriqués sur des métiers mécaniques. Cependant, dans de nombreux cas, ces tapis étaient tout de même produits industriellement, ce qui empêchait les tisserands de rivaliser et menaçait cette tradition de disparition.
Les défis pour l’avenir
Aujourd’hui, ce qui était autrefois un artisanat présent dans de nombreux foyers du Tamil Nadu, riches et modestes, est en voie de disparition. Les jamakkalams étaient si populaires qu’ils étaient confectionnés sur commande pour les mariages, avec le nom des mariés brodé dans le tissu. Mais les changements culturels ont contribué à leur désuétude, puisque leur fonction principale dans les maisons était de s’asseoir. De nos jours, il y a beaucoup plus de meubles dans les maisons, et la tendance est de moins en moins à s’asseoir par terre.
La baisse de la production s’accentue car la majorité des tisserands ont déjà plus de cinquante ans, et leur nombre a drastiquement diminué ces dernières années. Au problème habituel du non-remplacement des tisserands âgés s’ajoutent les bas salaires, la difficulté pour les acheteurs à distinguer un tapis manuel d’un tapis produit sur un métier électrique, le manque d’innovation, ainsi que le manque de motivation des nouvelles générations. Sans l’aide et la volonté du gouvernement local, la fabrication manuelle des jamakkalams disparaîtra dans les prochaines générations.
Beaucoup de traditions disparaissent et, avec elles, les métiers qui les soutenaient, mais tout n’est pas perdu. Les étudiants et les professeurs des instituts de mode locaux commencent à s’intéresser à ces traditions anciennes et tentent d’incorporer des processus, procédures et matériaux contemporains pour les rendre plus compétitifs et modernes, sans perdre leurs racines.
Où les acheter et à quel prix ?
Bien que de nombreux magasins annoncent vendre des jamakkalams originaux, je préfère les acheter dans les coopératives de producteurs Cooptex. Le service dans ces boutiques laisse parfois à désirer, mais la qualité des produits y est indéniable.
Les tapis existent dans une large gamme de taille. La plus petite étant de 45 x 60 cm (environ 1,5 x 2 pieds) et il existe environ neuf mesures standard, la plus grande atteignant 4,5 x 10 mètres. Dans de nombreux endroits en Inde, les mesures sont encore prises en pieds et en pouces, bien que le système sexagésimal soit également utilisé. Les dimensions peuvent également être personnalisées pour s’adapter aux besoins spécifiques des acheteurs.
Il faut compter sur un prix d'environ 1300 – 1700 INR (18 – 25 €) pour une couverture de 60 x 90 cm. Le prix augmente bien sûr avec la taille, et les commandes spéciales sont plus onéreuses.
Sur le même sujet
L'annuaire 
L'agenda 
