Les bonnes résolutions du Nouvel an ne sont ni un concept moderne, ni un concept occidental. Leurs origines remonteraient à plus de 4 000 ans, en Mésopotamie, lorsque les Babyloniens célébraient le Nouvel An en promettant aux dieux de devenir de meilleurs citoyens : rembourser leurs dettes, rendre les objets empruntés, tenir parole. Ces promesses n’étaient pas faites à soi-même, mais au ciel. Plus tard, les Romains reprirent l’idée en janvier, mois dédié au dieu Janus, gardien des portes et des commencements, tournés à la fois vers le passé et l’avenir. Faire une résolution, c’était alors ouvrir une nouvelle année en regardant ce que l’on avait été et ce que l’on voulait devenir.
Dans la plupart des pays, les chefs de gouvernements se lancent dans un exercice similaire avec leur discours de fin d’année/nouvelle année qui permet un bilan de l’année écoulée et l’annonce d’une feuille de route pour la suivante.
Je vous ai donc adressé cette question : “Quelles bonnes résolutions souhaiteriez-vous voir l’Inde prendre pour 2026” ? Merci à tous ceux qui ont contribué à cette question et à la discussion qu’elle a lancée.
Sans surprise, la plupart des résolutions traduisent et d'un l’amour pour le pays et d’une volonté de voir l’Inde répondre aux défis très concrets auxquels les habitants font face au quotidien.
Continuer le combat contre l’extrême pauvreté
L’extrême pauvreté, la malnutrition et la situation des enfants des rues reviennent comme une résolution majeure : pour beaucoup, la croissance économique de l’Inde qu’ils félicitent et souhaitent voir continuer de se développer (l’Inde pourrait devenir la 3e puissance économique au monde !) ne peut être pleinement célébrée tant qu’elle ne bénéficie pas aussi aux plus vulnérables.
“ Plus de 80 millions d’Indiens vivent avec moins de 60 roupies par jour. La famine et la malnutrition sont très répandues. La croissance économique de l’Inde ne devrait pas rester l’apanage de la classe moyenne et des catégories supérieures ; elle devrait également bénéficier à chaque citoyen vivant en Inde”.
L’extrême pauvreté est un des grands combats de l’Inde. Dans son discours du 27 décembre 2025; Narendra Modi a d’ailleurs rappelé qu’en une décennie son gouvernement avait sorti 250 millions de personnes de la pauvreté.
« Nous avons donné une nouvelle dimension à l’Antyodaya (l’élévation des plus pauvres parmi les pauvres) grâce à une approche de saturation. La saturation signifie faire l’effort d’inclure chaque personne dans le besoin, chaque bénéficiaire potentiel, dans le champ des programmes de protection du gouvernement. Lorsque l’esprit de saturation prévaut, il n’y a pas de discrimination. »
Selon les rapports sur les objectifs de développement durable SDG2030 sur l’éradication de l’extrême pauvreté, l’Inde serait parmi les pays ‘front runner’ et aurait largement réduit la pauvreté multidimensionnelle, proportion qui est passée d’environ 24,8 % à près de 11,3 % entre 2015-16 et 2022-23.
Cette année au Kerala, l’État a déclaré avoir entièrement éradiqué l’extrême pauvreté sur son territoire à travers des programmes ciblés de logement, santé, sécurité alimentaire et revenus pour les ménages très pauvres, un jalon rare en Inde !
Une amélioration de la situation des enfants des rues
De la même manière, certains ont souhaité pour l’Inde de voir la situation des enfants des rues s’améliorer.
Selon les chiffres officiels du gouvernement via le portail Bal Swaraj, il y aurait environ 20.000 enfants dans les rues du pays dont la plupart seraient originaires de l’Uttar Pradesh. Les experts, eux, donnent plutôt le chiffre de 1.5 à 2 millions d’enfants qui vivraient dans la rue, certains bénéficiant de soutien familial tandis que d’autres seraient complètement livrés à eux-mêmes.
Et si vous souhaitez participer à l’amélioration des conditions de vies de ces enfants, il existe plusieurs ONG qui font un travail formidable et qui sont souvent à la recherche de volontaires et de financement ainsi qu’une helpline gouvernemental qui pourra réunir certains enfants avec leurs familles ou essayer de trouver des solutions.
CHILDLINE : 1098
Parmi les ONG, le petit journal Inde en a rencontré certaines :
En Inde, l'Association les Rameaux Verts aide les enfants dans la détresse
TARA , ONG pour la protection de l'enfance à Delhi
Il existe aussi GIFT et son partenaire Un toit à Bombay qui aident les enfants pauvres d’un bidonville de Malad à Mumbai.
Des résolutions pour une amélioration de la sécurité routière, le tri des déchets et la pollution
D’autres souhaits concernent la qualité de vie urbaine : amélioration des routes, lutte contre la pollution ou encore gestion des déchets et recyclage sont parmi la liste des bonnes résolutions, qui sont à la fois un des grands chantiers de l’Inde et des gouvernements locaux.
À ce sujet, le petit journal Inde avait mis en avant le travail de la ville d’Indore nommée ville la plus propre de l’Inde en 2024.
La good news du moment : L'exemple d'Indore, nommée ville la plus propre d’Inde
Et ce n’est pas la seule ville qui a pris le problème de la propreté et la sécurité à bras le corps. Le média The Better India a ainsi mis en avant les efforts titanesque de la ville de Lucknow qui est passée de la 41e à la 3eme place des villes les plus propres de l’Inde.
Et si la propreté du point de vue systémique est une question à laquelle les gouvernements doivent répondre, nous pouvons tous contribuer à notre échelle.
À Mumbai, Camille nous a ainsi parlé de sa recherche d’option zéro déchet dans son quotidien tandis qu’à Pondichéry un festival zéro déchet a vu le jour en 2022.
Le zéro déchets à Mumbai, c’est (presque) possible !
Première édition du Festival Zéro Déchet à Pondichéry
Les villes côtières comme Mumbai, Chennai, Goa et Pondichéry ont tous des ONG qui proposent d’aider au nettoyage des plages chaque semaine.
Il existe aussi des initiatives zéro déchet dans beaucoup de villes avec des rencontres mensuels pour s’entraider et développer les meilleures astuces pour le tri des déchets et les achats/ consommation responsable. Il s’agit d’une résolution parfaite à titre personnel pour la nouvelle année.
Je me permets aussi de recommander le livre Bare Nécessities de Sahar Mansoor et Tim de Riddler qui donne pleins d’astuces sur une vie Zero Waste en Inde.
En ce qui concerne la lutte contre la pollution, à notre échelle, nous pouvons tous aider :
- Proposer du covoiturage à vos collègues
- Privilégier les transports publics
- Privilégier la marche pour tout achat/besoin situé à moins de 15 minutes de votre domicile/ lieu de travail.
- En tant qu’habitant de l’Inde, vous pouvez aussi rencontrer les MLA; conseiller locaux; ONGs ou encore vos entreprises et être force de propositions dans ce sens. À Mumbai, Anca Abraham, a ainsi travaillé avec son mari à la transformation des Steps et y a crée un festival ! Le lieu s’est ainsi transformé de déchetterie en magnifique espace public et social pour tous.
La protection des femmes dans l’espace publique
En parlant d’espace social, parmi les vœux de 2026 : voir l’Inde faire de la protection des femmes dans l’espace public une priorité tout comme l’évolution des normes sociales vers une société moins patriarcale, moins hiérarchisée, plus inclusive et égalitaire. Et s’il semble encore y avoir un long chemin pour une société égalitaire ( tout comme en France d’ailleurs), chacun peut agir à son échelle : pourquoi ne pas créer un groupe de femmes qui se rencontre dans les parcs locaux pour faire du sport, du yoga ou simplement profiter des espaces publics ?
Vœux 2026 : une Inde fidèle à elle-même
Enfin, parmi les nombreux vœux énoncés, le souhait de voir l’Inde continuer de résister aux influences occidentales. Un souhait certainement partagé par des millions d’Indiens et par le gouvernement de Narendra Modi pour qui la promotion et la préservation de la culture et des valeurs de l’Inde est au cœur de sa politique. C'est la seule résolution qui a aussi vu son "opposé" être demandé avec l'expression d'une résolution pour la création d'un visa "retirement" qui permettrait aux personnes ayant un grand amour et une fascination pour le pays, et qui auraient les moyens, de s'y installer à long terme sans pour autant y travailler ou y avoir des liens familiaux.
Je finirais sur ces mots partagés par une lectrice :
Souhaitons à l’Inde plein de bonnes choses dans le respect. Elle est si intense ! Elle nous accueille avec toutes nos différences. L’Inde est grande, belle, puissante et elle doit encore faire du chemin sur beaucoup de sujets mais l’Inde est généreuse, belle, accueillante!
Bonne année 2026 à tous.
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