Édition internationale

Protection des humains ou droits des animaux : le problème des chiens errants en Inde

La recrudescence de cas d’attaques de chiens errants en Inde, ainsi que la résurgence de la rage, a poussé la Cour suprême indienne à se saisir du problème. Dans une ordonnance récente, elle a demandé aux autorités de Delhi-NCR de capturer, stériliser et transférer l'ensemble des chiens errants de la ville dans des refuges.

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Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 17 août 2025

 

Mais cette décision est loin de faire l’unanimité : des défenseurs des animaux sont descendus dans les rues pour la contester et ont exprimé leurs inquiétudes concernant l’état des refuges et le retrait soudain des chiens des espaces publics.

 

Le problème des chiens errants en Inde
 

Il est difficile de connaître le nombre exact de chiens errants en Inde : les chiffres varient de 15.3 millions (recensement du bétail 2019.) à 52.5 millions de chiens (selon l’entreprise spécialisée Mars Petcare dans son Projet sur l’état de l’itinérance des animaux de compagnie : Une initiative mondiale). Selon certains rapports, il y aurait jusqu’à un million de chiens errants dans la capitale. 

Et pour diverses raisons, les attaques et morsures de chiens seraient en augmentation : en 2024, plus de 3,7 millions de cas de morsures de chiens ont été enregistrés à l’échelle nationale, avec environ 54 décès humains suspects dus à la rage (chiffres officiels sur la base des données du National Centre for Disease Control (NCDC)) contre 1,3 million de morsures annuelles en 2005.

L’organisation Mondiale pour la Santé (OMS) va plus loin et estime que 18.000 à 20.000 décès par an en Inde sont dus à la rage (mais pas tous aux morsures de chiens); soit plus de 36 % des décès mondiaux. La plupart de ces victimes sont des enfants de moins de 15 ans, un groupe particulièrement vulnérable aux attaques de chiens errants.

Plus d'1/3 des décès dans le monde dus à la rage sont en Inde

Dans la capitale, 35.198 cas de morsures de chiens ont été signalés à Delhi depuis le début de l’année. Les données officielles de la ville indiquent que 68 090 cas de morsures de chiens ont été enregistrés en 2024. Il est donc compréhensible que la Cour Suprême Indienne ait été saisie du problème. 

 

La décision de la Cour Suprême en Inde

Lundi dernier, La Cour suprême de l’Inde a donc ordonné le retrait immédiat des milliers de chiens errants dans la région capitale de Delhi, l’un des ordres les plus stricts dans la longue lutte nationale contre la population canine des rues.

Elle a donné un délai de huit semaines aux autorités locales pour capturer tous les chiens errants, les stériliser et les vacciner, avant de les reloger dans de nouveaux refuges dont les infrastructures sont pour l’instant inexistantes.

 

La formation de jugement a souligné l’urgence d’agir :« Les enfants doivent se sentir en sécurité lorsqu’ils font du vélo ou jouent. Les personnes âgées doivent se sentir en sécurité lors de leurs promenades » avant d'ajouter “qu'aucune exception ne sera tolérée et que toute opposition à ces retraits sera passible de poursuites”.

Suite aux manifestations à travers l’Inde qu’a provoqué cette décision, l’ordre de la Cour suprême est tout de même en attente d’un second jugement. En effet, en Inde, les chiens errants ne sont pas que des animaux abandonnés ou sauvages dont personne ne se soucie. Ils sont souvent intégrés dans le quartier où ils vivent et nourris et même parfois soignés par les habitants locaux. Nous en avions d’ailleurs parlé dans plusieurs articles du Petit journal.

Le combat d’un activiste pour les chiens des rues de Mumbai

 

Les animaux errants à Bandra et BKC

 

Une décision irréaliste pour beaucoup

Pour les associations de protection animale, cette décision est « irréaliste et inhumaine ». Bharati Ramachandran, directrice générale de la Fédération des organisations indiennes de protection animale, a plaidé pour une stérilisation et une vaccination massives, accompagnées de campagnes de sensibilisation.

Mini Aravindan, haute responsable de Peta India, a déclaré : « Il est irréaliste de construire et de gérer suffisamment de refuges pour des centaines de milliers de chiens », en soulignant le coût colossal qu’impliquerait une telle entreprise.

Friendicoes, au service des animaux abandonnés

 La biologiste de conservation Bahar Dutt dans un post sur X a interpellé sur la faisabilité du projet « Où sont les refuges pour héberger des milliers de chiens ? »,qualifiant l’ordre de la Cour suprême de « décision impraticable et non scientifique ».

 

 

Une opinion qui ressemble grandement à un fait puisque d’après les données municipales et plusieurs articles de presse, il n’existe actuellement aucun refuge permanent pour chiens errants géré par l’État à Delhi. La ville dispose uniquement d’environ 20 centres de stérilisation, dont la fonction est d’accueillir temporairement les animaux pour les soigner et les stériliser avant de les relâcher dans leur territoire d’origine (comme indique par la loi). Ces structures ne sont donc pas de véritables refuges. Les refuges privés (comme Friendicoes), souvent dépendant de dons privés et de bénévoles, n’ont pas non plus les capacités d’accueillir et de prendre soin d’un si grand nombre d’animaux.

Les experts estiment qu’il faudrait près de 2 000 refuges pour répondre aux besoins actuels. Même si les centres existants étaient convertis en abris permanents et/ou obtenaient des aides publiques, leur capacité totale ne dépasserait pas 5 000 chiens, soit moins de 5 % de la demande réelle. Sans parler du coût des opérations.

Tous sont en attente d’une nouvelle décision. Une décision humaine et qui prendrait en compte à la fois le bien-être et la protection des animaux, le besoin de protection des habitants et notamment des enfants et personnes vulnérables mais aussi la praticité d’un tel projet.




 

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