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INDE : Des masques bientôt à « mille lieues » sous les mers ?

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Écrit par lepetitjournal.com de Chennai
Publié le 1 février 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

Au large de Chennai et de Pondichéry, ont été retrouvés, accrochés aux (de plus en plus) rares coraux…des masques Covid-19. Oui, la pandémie s’est tristement installée partout…

 

Des masques jonchent le paysage côtier et maritime

Non, ce ne sont pas de nouvelles espèces maritimes mais bien des centaines de masques abandonnés sur le littoral et le fond marin de Chennai et des régions voisines. En effet, ces derniers jours, le plongeur S B Aravind a ramassé plus de 120 kg de déchets flottant sous l'eau, dont un tiers de masques Covid-19, dit-il. "Je faisais une plongée régulière au large de Puducherry avec des étudiants quand j'ai remarqué des coraux avec des masques enroulés autour d'eux. Je suis donc retourné faire quelques autres plongées et j'ai commencé à nettoyer". Le plongeur ajoute qu’à 18 mètres sous l'eau il y en a tellement qu’il va falloir beaucoup de temps pour tout nettoyer… Un autre kayakiste raconte à la presse indienne qu’il a ramassé pas moins d’une trentaine de masques à Kovalam, ECR et Puducherry : "J'ai un sac avec moi chaque fois que je fais du kayak pour pouvoir ramasser les déchets dans la mer. Je fais juste ma part. C'est surtout du plastique et des masques. Si les gens se débarrassaient des ordures de la bonne manière, cela ne se produirait pas" dit-il, déçu. « Les masques font maintenant partie du paysage côtier, explique Showkath Jamal, fondateur de Bay of Life, une école de surf à Chennai "Surtout les bleus jetables. Nous en avons débarrassé les plages. Chaque jour, nous en ramassons au moins 50."

 

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Une nouvelle pollution croissante dans le monde entier

Mais ce triste paysage n’existe pas qu’en Inde ; vous avez sûrement déjà vu passer sur les réseaux sociaux ou les médias du monde entier des photos ou vidéos de masques polluant les fonds marins. A titre d’exemple, le plongeur Laurent Lombard a publié une vidéo en mai 2020 (vue plus de 100 000 fois en quelques jours et reprise par des médias étrangers) de masques enchevêtrés dans des algues dans la mer près d'Antibes…

 

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En 2020, des internautes basés à Hong Kong multipliaient les photos de ramassage de masques chirurgicaux sur les plages. On aurait même ramassé des déchets liés au coronavirus sur les îles Soko, lieu isolé et inhabité…

 

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Même s’il est presqu’impossible de quantifier cette pollution, en décembre dernier, une étude de l’Organisation de protection de la Mar OceanAsia estimait que 1,56 milliard de masques faciaux avaient envahi les océans du monde entier… Cela entrainerait une pollution supplémentaire d’environ 5000 tonnes de microplastique. Mettant environ 450 ans à se décomposer, les masques (et autres déchets liés au Covid-19 d’ailleurs) impactent fortement l’écosystème marin, c’est très grave. "Les polluants affectent à tous les niveaux, du zooplancton aux grands poissons. Et les humains aussi, qui consomment le poisson ! Bien que les masques non biodégradables puissent commencer par une pollution macroplastique, ils finissent par devenir des microplastiques" explique N Godhantaraman, chef du département des sciences de l'environnement à l'université de Madras.

La pollution de l’océan, c’est l’affaire de tous. Selon l’ONU, 200 millions de personnes travaillent dans des activités maritimes dans le monde et 3,5 milliards de personnes dépendent des océans pour leur subsistance selon Sea Change. Il est indispensable de préserver nos eaux et leurs écosystèmes. Parce que le problème, ce n’est pas le masque hein…c’est le comportement des gens et la façon dont ils gèrent les déchets…

 

Existe-t-il des solutions concrètes ?

Lepetitjournal.com n’a rien découvert ni inventé mais a fait un petit tour d’Internet pour dénicher quelques idées pour remédier (à notre échelle) à cette pollution émergente :

  1. Préférer le plastique biodégradable. Au moins celui-là ne reste pas des centaines d’années, mais se décompose (ou se recycle) plus facilement et rapidement. Ce plastique est notamment constitué de matériaux d’origine végétale.
  2. Apprendre à mieux gérer nos déchets. Si trier est à la portée de tous et facilite ensuite le recyclage à grande échelle, la clé est d’éduquer très tôt aux bons gestes et stopper le « prendre-utiliser-jeter ». Beaucoup d’associations ont pris le créneau et sensibilisent la jeunesse (mais pas que).
  3. A l’échelle locale, il est toujours possible de faire partie d’actions de nettoyage de plages, à l’image de Namma Beach à Chennai (voir le reportage du petitjournal réalisé en mars 2020).
  4. Partout dans le monde, une multitude de solutions pour nettoyer nos océans voient le jour. A l’image de « l’interceptor », catamaran autonome qui extrait les déchets dans les rivières et les fleuves avant qu’ils ne se déversent dans la mer. Ou encore ce jeune néerlandais de 21 ans qui a créé une barrière de flotteurs qui profite des courants marins pour capturer les déchets.
  5. Il est vrai que certains plastiques ne peuvent pas être recyclés. Qu'à cela ne tienne, des ingénieurs se sont penchés sur la question, et ont trouvé le moyen de les convertir en sources d’énergie (électricité, gaz…). D’autres ont eu l’idée de transformer le plastique en bitume pour construire des routes : recyclage, amélioration de la qualité des voies et meilleure résistance du revêtement dans la durée. Bravo !
  6. Les politiques et la législation ont aussi leur rôle à jouer bien sûr, à l’image de la France qui a interdit l’usage du sac plastique dans les supermarchés depuis Juillet 2016. On avance, doucement mais sûrement…

 

barrière de flotteurs pour nettoyer les océans
barrière de flotteurs pour nettoyer les océans 

 

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