Plutôt commercial, le cinéma de Hong Kong n’est pas vraiment connu pour le volet politique. Pourtant, certains réalisateurs y expriment leurs idées, de façon originale. En voici quelques exemples.
1. "Boat People", un film à double-sens
Tourné en Chine, "Boat People" était censé constituer un outil de propagande contre le régime vietnamien avec lequel la RPC était en désaccord. On y suit un photographe redécouvrant le sud du pays après la prise du pouvoir par le régime d’Hanoi. Drame puissant, "Boat People" a pourtant été perçu comme une métaphore de ce que pourrait devenir la ville une fois sous contrôle chinois.
2. "Le Temple de Shaolin" contre les étrangers
Mais que fait un film d’arts martiaux dans cette liste? Tout simplement parce que, si beaucoup de films du genre sont situés durant la dynastie Qing, cela tient en grande partie à la réinterprétation qui peut être faite de ce contexte historique. Aux cris de "restauration des Ming, destruction des Qing", les héros martiaux combattent l’oppression étrangère.
3. "China Behind" filme la Révolution Culturelle
Production hongkongaise tournée à Taiwan, "China Behind" raconte la tentative de fuite d’un petit groupe de chinois d’une RPC en pleine révolution culturelle. Tourné alors que celle-ci venait à peine de se conclure, ce film propose une vision étonnamment réaliste de la situation du pays. Probablement trop pour les autorités coloniales qui préférèrent interdire le film de diffusion à Hong Kong jusqu’en 1981.
4. "L’Enfer des Armes" fait l'apologie du terrorisme
Une histoire de jeune fils de bonnes familles désœuvrés qui s’improvisent apprentis terroristes. A peine plus de 10 ans après les émeutes de 1967 qui virent une campagne similaire frapper la ville, la censure coloniale demanda des coupes sous peine d’interdiction. "L’Enfer des Armes" demeure un puissant cri de frustration envers la situation politique et sociale de la ville.
5. "King of Chess" dénonce l'exploitation
"King of Chess" est la combinaison de deux nouvelles avec pour sujet un talentueux joueur d’échec. La première a lieu durant la révolution culturelle tandis que la seconde se passe dans le Taiwan moderne. A travers les parallèles ainsi dressés, les cinéastes renvoient dos à dos chacun des systèmes qui divisent la Chine, tous coupables d’exploitation de l’homme par l’homme.
6. "Histoire de Fantômes Chinois 2", les centipèdes au pouvoir
Le massacre de Tian An Men eut un impact important sur Hong Kong, réveillant les peurs les plus profondes vis-à-vis de la République Populaire, en 1997. Le cinéma exprima indirectement ce sentiment. avec "Histoire de Fantômes Chinois 2", dont les héros sont confrontés à des officiels dissimulant leur caractère démoniaque, prenant finalement la forme d'un centipède en référence aux tanks qui envahirent la place.
7. "From the Queen to the Chief Executive", plaidoyer pour la justice
Derrière ce titre énigmatique se cache l’histoire vraie d’un des co-auteurs du meurtre de Braemar Hill. Mineur au moment des faits, il fut condamné à la prison "à la discrétion de sa majesté", soit sans terme défini. Un petit groupe d’activistes va faire en sorte de l’aider, un subtile manifeste pour le respect des droits de l’homme.
8. "Election 2", la démocratie au sein des triades
Le fait que les triades élisent directement leur plus haut dirigeant alors que les citoyens de Hong Kong ne le peuvent pas est une ironie qui n’a pas échappé à certains cinéastes hongkongais. Dans "Election", différentes factions s’entretuent pour s’assurer la victoire dans la course au pouvoir. "Election 2" voit l’arrivée d’un nouveau protagoniste d’envergure dans ces luttes de pouvoir : le gouvernement chinois.
9. "N°1 Chung Ying Street", sur le mouvement des parapluies
Inspiré par les événements de la révolution des parapluies, le film dresse un parallèle entre la jeunesse qui participa aux émeutes de 1967 et celle qui occupa central en 2014. Ce regard est riche en pistes de réflexions sur le passé, le présent et le futur de la ville.
10. "Ten Years", réflexions pour le futur
"Ten Years" propose plusieurs versions différentes de ce que pourrait être Hong Kong en 2025. Les émotions fortes exprimées par le film parviennent à compenser ses déficiences techniques comme le démontre l'interdiction du film en Chine et les pressions exercées à Hong Kong. Cela n’empêcha pas "Ten Years" d’obtenir le Hong Kong Film Award du meilleur film.