Une helper philippine et un retraité en fauteuil roulant, tels sont les personnages de ce film tout en délicatesse, qui reflète les difficultés des rapports humains dans la société hongkongaise.
Contrairement à ce que l’affiche pourrait laisser penser, Still Human n’est pas le remake hongkongais de Intouchables de Olivier Nakache et Eric Toledano même s'il partage avec lui certains thèmes humanistes. Dans cette première réalisation d’Oliver Chan, on suit Evelyn (Crisel Consunji), une jeune Philippine, qui vient pour la première fois travailler à Hong Kong en tant que domestic helper. Son employeur, Leung Wing Cheung (Anthony Wong), est un ancien ouvrier, devenu handicapé suite à un accident de chantier. Malgré leurs nombreuses différences, ils vont nouer une relation qui dépasse celles d’employeur/employé. La réalisatrice nous a accordé un peu de son temps pour discuter du film qui vient de recevoir les prix du meilleur acteur et de la meilleure nouvelle actrice aux Hong Kong Film Awards.
Interview d'Arnaud Lanuque de la réalisatrice Oliver Chan.
Comment vous est venue l’inspiration pour Still Human?
Un jour, je marchais dans la rue et j’ai vu un homme et une femme passer en chaise roulante électrique. Ils avaient installé une petite plateforme à l’arrière, ce qui permettait à la femme, une Philippine, de s’y tenir. Quand ils sont passés devant moi, c’est une image qui m’a frappée et qui m’a fait ressentir des émotions contradictoires. D’un côté, c’était une belle image mais, de l’autre, cela me mettait mal à l’aise. J’y ai pensé pendant plusieurs jours et j’ai fini par comprendre que c’était lié à mes propres préjugés. J’ai tout de suite pensé qu’elle était domestic helper et je trouvais étrange qu’elle ait une relation aussi proche avec son employeur. Mais peut-être était-elle tout simplement sa fiancée. Et puis, je me suis dit que d’autres Hongkongais auraient probablement eu le même type de raisonnement que le mien, qu’ils auraient eu le même type de préjugés. Ça m’a donné l’inspiration pour faire le film.
Est-ce que cela a été difficile de trouver les financements pour produire le film?
Non, j’ai eu de la chance. Quand j’ai eu l’idée du film, le gouvernement lançait son programme d’aide aux premiers films. Comme mon histoire ne comporte que deux personnages principaux, j’ai pensé que le budget alloué d’un peu plus de 3 millions de dollars HK suffirait. J’ai donc écrit le script et tenté ma chance. J’ai eu beaucoup de chance et j'ai été choisie.
Avant de devenir réalisatrice, vous travailliez dans une banque. Qu’est-ce qui vous a poussée à quitter la stabilité de votre emploi pour tenter votre chance dans le monde du cinéma?
Oui, j’ai été une bonne Hongkongaise la plus grande partie de ma vie (rires). J’obéissais à mes parents, j’étudiais sérieusement et j'ai finalement décroché un emploi dans une banque. Mais j’étais passionnée par les films depuis mon enfance alors j’ai utilisé les nombreuses vacances qui allaient avec mon job pour suivre des cours de cinéma à l’université.
Comment avez-vous choisi vos deux acteurs, l’inexpérimentée Crisel Consunji et le vétéran Anthony Wong?
En fait, Crisel n’était pas une complète amatrice. Elle avait déjà fait du théâtre aux Philippines. Elle travaille comme éducatrice à Hong Kong et je l’ai sélectionnée au cours d’un casting. La collaboration s’est très bien passée. Il a fallu que je lui dise d’être un peu moins démonstrative de temps en temps, parce qu’au théâtre on a tendance à exagérer davantage les gestes, mais nous n’avions pas de problème de communication étant donné que nous parlions toutes les deux couramment anglais. Anthony Wong a aimé le script et a apprécié la sincérité de notre démarche.