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Les enjeux européens de la visite de Macron en Chine

emmanuel macron et ursula van der leyenemmanuel macron et ursula van der leyen
@VDLC
Écrit par Le Vent de la Chine
Publié le 3 avril 2023, mis à jour le 3 avril 2023

Lors de son premier voyage en Chine en 2018, le Président français avait fait la promesse de s’y rendre tous les ans. Il n’eut l’occasion d’y revenir qu’une fois, l’année suivante, à Pékin et Shanghai, avant que la pandémie de Covid-19 n’éclate.

Un défilé de dirigeants avant Macron en Chine

Précédé par le chancelier allemand Olaf Scholz (qui avait décliné l’idée d’une visite conjointe franco-allemande), le président du Conseil Européen, Charles Michel fin 2022, et le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, Emmanuel Macron devrait fouler le sol de la RPC, de Pékin à Canton, du 5 au 7 avril, quelques mois avant le 60ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine.

Le chef d’Etat sera accompagné par une soixantaine de patrons d’entreprises françaises, dont ceux d’Airbus, Alstom, Club Med, Danone, EDF et Veolia, désireux de profiter de cette visite présidentielle pour jauger l’environnement d’affaires chinois post-Covid. Mais force est de constater que, hormis la méga-commande décrochée par Airbus à l’été 2022, l’ère de la surenchère de contrats semble toucher à sa fin. D’ailleurs, le déséquilibre de la balance commerciale Chine-France n’a cessé de s’aggraver durant la pandémie : les importations en provenance de Chine ont augmenté de 48 % entre 2019 et 2022, conduisant à une hausse du déficit bilatéral de 71 %…

Offensive diplomatique en Chine concernant l'Ukraine

Une fois n’est pas coutume, c’est le volet diplomatique qui devrait éclipser l’aspect économique de cette visite présidentielle. En effet, critiqué pour sa politique russe, le chef d’Etat français cherche à reprendre l’initiative sur la guerre en Ukraine en obtenant le soutien du Président Xi Jinping pour le retour de la paix sur le Vieux Continent. Emmanuel Macron reste convaincu que la Chine a un rôle à jouer dans la résolution du conflit ukrainien, au vu de l’influence qu’exerce Pékin sur Moscou. D’après l’Élysée, ce dialogue avec Xi est d’autant plus crucial que « la Chine est le seul pays au monde en mesure d’avoir un impact immédiat et radical sur le conflit, dans un sens comme dans l’autre ». Or, jusqu’à présent, Pékin s’est toujours refusé de condamner l’invasion russe tandis que Xi Jinping n’a toujours pas échangé avec le Président ukrainien. Malgré cela, le chef d’Etat français compte s’appuyer sur le « plan de paix » chinois publié fin février pour encourager la Chine à œuvrer plus activement pour un cessez-le-feu et surtout la dissuader de soutenir militairement Moscou, ce qui reviendrait à franchir une ligne rouge aux yeux des Européens.

Présence de la présidente de la Commission Européenne

Pour porter ce message, le Président français a invité la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, à se joindre à lui. Emmener ainsi avec lui en Chine un dirigeant européen est en quelque sorte la marque de fabrique d’Emmanuel Macron, qui y voit une manière concrète d’exprimer « l’unité européenne » face au géant asiatique.

Il se trouve que quelques jours plus tôt, Mme von der Leyen avait tenu un discours remarqué et plutôt critique vis-à-vis de Pékin. « La façon dont la Chine va interagir avec Poutine dans la poursuite de sa guerre va déterminer la possibilité pour la relation UE-Chine d’aller de l’avant », a-t-elle mis en garde.

La femme politique allemande, que l’on dit candidate au commandement de l’OTAN en 2024, a également douché les espoirs de ratification de l’accord bilatéral sur les investissements (CAI). Ce traité, ayant nécessité pas moins de 35 sessions de négociations entre Pékin et Bruxelles pendant sept ans, avait été suspendu à la suite de contre-sanctions infligées par Pékin à un certain nombre d’entités et de parlementaires européens.

« Le monde et la Chine ont changé durant les trois dernières années, et l’intérêt de cet accord doit être réexaminé à la lumière de notre stratégie plus globale à l’égard de la Chine, a-t-elle déclaré, faisant référence au triptyque en vigueur depuis 2019, « coopération, compétition et rivalité systémique ». Si les deux derniers volets de cette stratégie ont éclipsé le premier, c’est en partie dû, d’après Ursula von der Leyen, au durcissement du régime chinois, qu’elle qualifie de « plus répressif à l’intérieur et plus agressif à l’étranger ». La dirigeante a cependant reconnu qu’il n’était « pas viable d’entreprendre un découplage vis-à-vis de la Chine », mais qu’un processus de « réduction des risques était vital ». Tous les dirigeants européens ne souscrivent pas à cette approche confrontationnelle. Il sera donc crucial pour Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen d’accorder leurs violons et de trouver le bon équilibre entre « désir d’engagement » et « dialogue exigeant » s’ils veulent être percutants. Un véritable exercice de diplomatie.

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