Alexandre Giorgini, consul général de France à Hong Kong et Macao, a répondu cette semaine aux questions du Petit Journal. Une occasion de faire le point sur la situation sanitaire et économique de crise vécue par nos concitoyens.
Comment se porte la communauté française de Hong Kong?
Notre communauté (environ 14.000 inscrits) connait une légère augmentation, due au fait que nos concitoyens se rapprochent aujourd'hui de leur consulat. Dans cette situation exceptionnelle, beaucoup d'entre nous découvrent ce que signifie une vie quotidienne chamboulée, plus d'école, plus de socialisation pour les enfants, plus de réunion au travail, plus d'activités sociales, sans parler évidemment des voyages. S’y ajoute désormais une réalité nouvelle dont nous devons être conscients: l’apparition de difficultés financières, qui affectent en particulier les familles.
C’est évidemment un moment où il faut savoir garder le cap sur l'essentiel et l'essentiel pour notre communauté, ça reste la santé. Je pense en premier lieu aux quelques compatriotes de notre communauté de Hong Kong qui ont été infectés par le virus. Nous avons été parfois en lien avec eux et avec leur famille lorsqu'ils se sont signalés et heureusement grâce aux efforts de prévention collectifs, leur nombre à ce stade a été extrêmement limité.
Quels services supports propose le consulat?
Le rôle d'un consulat en temps de crise n'est plus du tout le même. Nous recevons chaque jour des dizaines de questions ou de sollicitations, parfois de compatriotes qui nous demandent des conseils personnels. Or, notre mission c'est aujourd'hui d'avoir une activité qui est centrée sur l'essentiel, à savoir trois choses: Tout d'abord apporter notre assistance aux cas individuels les plus compliqués. Ensuite procurer des informations fiables et vérifiées aux Français sur des sujets techniques et complexes, comme les règles locales en vigueur qui ont évolué quasiment quotidiennement ces derniers jours (à ce titre, nous tenons à jour une rubrique d’informations utiles dédiée à la crise). Enfin, c'est d'entretenir les relations les plus étroites possibles avec les autorités locales pour faire en sorte que les intérêts de notre communauté soient pris en compte. Sur ce plan, j'ai eu la possibilité à plusieurs reprises ces dernières semaines de relayer nos préoccupations aux membres du gouvernement hongkongais et je peux vous assurer qu'ils sont très conscients de l’atout que constitue la présence d'expatriés à Hong Kong.
Certains réclament des remboursements des frais scolaires. Que leur répondez-vous?
Plusieurs familles m'ont fait part de leurs difficultés financières croissantes au regard de la situation scolaire. C'est une préoccupation que le consulat général a relayée au sein du conseil d'administration du Lycée Français qui est l'instance compétente en matière de frais de scolarité. Le sujet est compliqué: d'une part la dégradation de la situation économique de certaines familles ne peut être ignorée, d’autant plus qu’elle pourrait les pousser à désinscrire leurs enfants du Lycée Français; d'autre part celui-ci continue, malgré la crise, de tourner à plein avec ses équipes et ses professeurs, qui fournissent un travail remarquable pour s'adapter et pour mettre en place des formes d'enseignement à distance. Cela aussi doit être financé.
Début avril, le conseil d'administration du Lycée est revenu sur la décision d'augmenter les frais de scolarité de 2.5% l'année prochaine, et a finalement décidé de les maintenir à leur niveau actuel. C'est une bonne décision qui se fera au prix d'efforts budgétaires. Des mesures additionnelles de soutien vont également être mises en place. Ainsi le fonds local de solidarité interne du Lycée Français a-t-il été abondé. De son côté, l'État a consenti un effort particulier au bénéfice des familles expatriées de la Grande Chine qui ont subi des pertes de revenus, en adaptant à titre exceptionnel les modalités de demande de bourses scolaires (pour plus d’information: ici).
Sur le volet comportemental, quel message aux Français de Hong Kong?
Je souhaiterais que l’on ne sombre pas dans l'auto-victimisation. Hongkong a dû faire face depuis mars à une deuxième vague de contaminations due principalement à des cas importés, autant liés à des retours de Hongkongais et notamment d'étudiants en Europe ou sur le continent américain qu’à des retours de membres de nos communautés expatriées. Je me garderais bien d’apporter un avis médical sur le port du masque. Je souhaite seulement rappeler qu'il est recommandé par les autorités locales dans plusieurs cas, et qu’au-delà, c'est une habitude sociale à Hong Kong en temps d'épidémie et donc par là-même très souvent une condition de la confiance dans nos relations avec les Hongkongais. C'est une question de santé mais également d'image aux yeux de nos amis hongkongais qui nous accueillent.
De quelle façon la communauté peut-elle aider la France?
La fraternité et la solidarité sont évidemment dans notre ADN et il y a de multiples choses à faire. Le plus efficace et le plus simple, c'est de contribuer financièrement aux appels à dons qui ont été lancés en ligne. La Fondation de France a par exemple lancé une plateforme baptisée “Tous Unis contre le virus” en collaboration avec l'Institut Pasteur et l'Assistance publique Hôpitaux de Paris, pour soutenir les soignants et les chercheurs. Je souhaite également rappeler que nous avons depuis 2000 la chance inouïe d'avoir à Hongkong un pôle de recherche de l'Institut Pasteur qui dispose en outre d'une expertise importante en matière de coronavirus. La Fondation qui l’appuie, Pasteur Foundation Asia, vient justement de lancer un appel aux dons pour faire avancer la recherche médicale en Asie, à la fois en soutenant la recherche sur le Covid19 au sein du pôle Pasteur de Hong-kong mais aussi en envoyant du matériel aux différents instituts de la zone Asie Pacifique et en finançant des formations dans ces centres.
Parallèlement à ces possibilités d’aides pour les particuliers, l'ensemble du réseau diplomatique et consulaire en Chine a fait un travail important pour contribuer à l'effort de solidarité envers nos personnels médicaux et pour acheminer vers la France des dons de matériel. Ce sont des opérations qui ont impliqué des montages techniques souvent assez lourds et compliqués et ce qui nous a conduit par conséquent à nous concentrer sur des gros dons. A ce titre, de vrais amis de la France à Hong Kong ont aidé directement les institutions médicales françaises notamment l'APHP. Citons Adrian Cheng et son groupe New World Development, Daryl Ng (qui avait déjà donné l’an dernier un million de HKD pour la reconstruction de Notre Dame), Hong Kong Airlines ou encore Bolloré Transports, entre autres... De même le comité des conseillers du commerce extérieur vient de lancer une initiative visant à collecter des dons et des masques auprès des entreprises basées à Hong Kong afin de les faire parvenir dans un circuit court et sécurisé directement à l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.
Pour retrouver les liens des initiatives et aider: ici
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