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La pratique de la fécondation in vitro (FIV) au Vietnam

Nous avons rencontré le médecin Ho Manh Tuong à l’Hôpital My Duc Phu Nhuan de Ho Chi Minh-ville. L'objectif est d'étudier la situation de la Fécondation In Vitro (FIV) au Vietnam, ce que dit la loi et l'avenir de cette pratique.

La pratique et avenir de la fécondation in vitro (FIV) au VietnamLa pratique et avenir de la fécondation in vitro (FIV) au Vietnam
Écrit par Mia Montagner
Publié le 13 juin 2023, mis à jour le 24 juin 2023

Nous avons interrogé il y a quelques semaines Dr Ho Manh Tuong dans son hôpital de Ho Chi Minh-ville sur son parcours personnel, interview relatée dans un premier article comme introduction sur la FIV au Vietnam.

Cette deuxième partie traitera de la pratique de la FIV au Vietnam, sa réglementation et ses perspectives.

Pour rappel, la FIV est une technique de procréation médicalement assistée et de transfert d’embryon. L'objectif est de recréer en laboratoire les étapes de la fécondation naturelle en maximisant les chances de succès.

Que dit la loi sur la FIV au Vietnam ?

Le Vietnam est le premier pays d’Asie du Sud-Est à avoir mis en place une loi sur la FIV en 2003, ensuite complétée en 2015. La définition d’infertilité utilisée par le Vietnam est la même que l’OMS c’est-à-dire l’affection du système reproducteur masculin ou féminin définie par l’impossibilité d’aboutir à une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels non protégés réguliers.

 

« Les couples ont le droit d’y avoir recours autant de fois qu’ils peuvent se le permettre ».

Il n’existe plus de limite d’âge non plus et les femmes seules peuvent aussi bénéficier d’une FIV en se rendant à une base de sperme. Cependant, la donation de sperme n’est pas autorisée aux étrangers (sauf d’origine vietnamienne) et la loi n’autorise pas à choisir les critères physiques du futur bébé (couleur des yeux ou des cheveux).

schema sur la fiv

 

Le Vietnam, nouveau leader de la FIV ?

Connu mondialement pour son service dentaire, le Vietnam se positionne de plus en plus comme le pays leader de la FIV.  C'est le pays qui pratique le plus la FIV dans la région de l'ASEAN avec le taux de réussite le plus élevé et le coût le plus bas.

 

« Je pense que nous disposons de bons équipements et de bonnes installations, de docteurs compétents et de faibles coûts. »

Au Vietnam, le recours à une FIV coûte 3 000 à 4 000$ (examen, stimulation, injection d’hormone, frais de l’hôpital et du docteur, injections d’œufs…). Aux États- Unis, pour le même service il faut payer 35 000 à 40 000$ et en Europe environ 10 000 à 15 000$ (sauf si pris en charge par le système de sécurité sociale).

La pratique de la FIV se répand dans tout le Vietnam. Plus de 50 centres pratiquent la FIV à travers le pays et même si 80% des FIV ont lieu à Ho Chi Minh-Ville et Hanoi, 1/3 des provinces possèdent des centres.

Livres sur la fecondation in vitro

 

Comment est-ce que la FIV est acceptée au Vietnam ?

 

« Le Vietnam est considéré comme un pays bouddhiste. Et les bouddhistes sont ceux qui acceptent le mieux la FIV. Les catholiques sont en quelque sorte anti-FIV dans de nombreux pays. Les musulmans ne sont pas très favorables à la FIV, mais ils l'acceptent de plus en plus. »  

Selon le Dr Tuong M. Ho, les mentalités vietnamiennes ont beaucoup évolué ces 10 dernières années. Avant, les gens avaient peur donc la pratique de la FIV n’était pas très développée. Elle s’est ensuite répandue au Vietnam grâce à un meilleur accès aux informations et à l’augmentation des salaires. La FIV est également populaire au Vietnam car les vietnamiens croient que le bébé issu d’une FIV sera plus fort que le bébé spontané car les médecins ont sélectionné le meilleur embryon.

Malgré ce franc succès de la FIV au Vietnam, les vietnamiens restent globalement fermés à la GPA (gestation pour autrui, consistant à l’implantation d’un embryon, issu d'une FIV ou d'une insémination, dans l'utérus d'une mère porteuse qui remettra le bébé à un couple demandeur à sa naissance). Même si la loi autorise cette pratique depuis 2015, très peu de vietnamiens y ont recours.

Pour environ 50 000 FIV par an, le médecin recense seulement une dizaine de cas de GPA par an dans son hôpital. La loi est restrictive : la GPA ne peut se pratiquer qu’en raison de complications médicales, dans le cadre du couple vietnamien et au sein de la famille (le bébé doit être porté par un membre de la famille). Seulement 5 ou 6 hôpitaux sont autorisés à pratiquer la GPA au Vietnam.

Et après ?

Récemment, le Dr Tuong M. HO et ses collègues vietnamiens ont commencé à travailler avec un groupe à Bruxelles, le plus gros centre de FIV et le leader des centres de recherche en Europe. Ce groupe a développé un nouveau protocole, une nouvelle manière de pratiquer la FIV, plus efficace et moins douloureuse. La femme n’aurait plus besoin de s’injecter des hormones.

Traditionnellement, la maturation a lieu à l’intérieur du corps de la femme avec des injections d’hormones pendant 10 à 40 jours tandis que la nouvelle technique permettrait une maturation extérieure. Ce nouveau système est très prometteur et l’idée très attractive.

Le Vietnam se placera-t-il comme un leader de cette technique révolutionnaire ? L'avenir nous le dira ...

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