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La France vue par deux volontaires vietnamiennes de retour de mission

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Les volontaires entourées des représentants de France Volontaires, de l'Institut Français et du Consul
Écrit par Philippe Avocat
Publié le 24 novembre 2020, mis à jour le 24 novembre 2020

Comment deux volontaires vietnamiennes parties travailler un an en France dans les domaines du développement durable et de l'aide aux réfugiés ont-elles vécu cette expérience ? Dans quelle mesure les périodes de confinement liées à la Covid-19 ont-elles impacté leur séjour ? Quels sont les dispositifs d'envoi de volontaires existants entre la France et le Vietnam ?

Il y a quelques jours, France Volontaires organisait un temps d'échange réunissant des volontaires vietnamiennes de retour de mission en France, le Consul Général de France, la directrice de l'Institut Français du Vietnam et des journalistes francophones. Lors de ce petit-déjeuner convivial et informel situé à la Résidence du Consulat Général d'Hô Chi Minh-Ville, les deux anciennes volontaires ont partagé leurs impressions et leurs découvertes liées à ce premier séjour en France.
 

Le dispositif traditionnel d'envoi de volontaires français au Vietnam

Il existe une trentaine d'organismes officiels en charge de l'envoi de volontaires français à l'étranger. Financés par l'Etat, ces organismes jouent le rôle d'intermédiaire entre les personnes intéressées par une expérience de volontariat à l'étranger et les ONG et associations d'accueil situées dans la quasi-totalité des pays du monde.

Parmi ces organismes à but non lucratif, France Volontaires a géré l'envoi de 129 Français au Vietnam cette année, sous le statut du Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) et du Service Civique.

En échange de la prise en charge d'une partie ou de la totalité des frais de vie (billet d'avion, assurance, visa, indemnité, etc.), les Français désireux d'effectuer une mission de solidarité au sein d'une ONG à l'étranger s'engagent pour plusieurs mois ou années en signant un contrat reconnu par l'Etat français.
 

L'instauration récente du volontariat de réciprocité

Depuis 2010, la loi sur le Service Civique autorise les jeunes provenant de pays qui accueillent des volontaires français à effectuer un engagement solidaire en France, en vertu du principe de réciprocité.

Encore peu connu du grand public, le volontariat de réciprocité permet ainsi aux Vietnamien(ne)s de 18 à 25 ans de partir en France pour y accomplir une mission de solidarité.

Au total, depuis 2016, 14 volontaires vietnamiens ont effectué un Service Civique en France, dont 8 sur l'année scolaire 2019-2020 : ce chiffre dérisoire par rapport aux centaines de volontaires français envoyés chaque année au Vietnam constitue néanmoins un premier pas prometteur qui devrait prendre de l'ampleur une fois la crise de la Covid-19 passée.

Nous en avons rencontré deux, de retour de douze mois de mission en France, ainsi qu'une volontaire dont le départ a été reporté.

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De gauche à droite, le Consul Général, la Directrice de l'Institut Français, Vuong, Tham et Uyen


Développement durable, interculturalité et bière

Originaire d'Hô Chi Minh-Ville, Uyen revient d'un an de Service Civique à Lyon. La jeune femme de 23 ans y a travaillé dans le domaine du développement durable pour la Maison des Initiatives, de l'Engagement, du Troc et de l'Echange. Son choix de la France fut motivé par sa connaissance préexistante de la langue française et "parce que la France est l'un des seuls pays à proposer ce type de missions de réciprocité en Service Civique."

Surprise par la diversité ethnique française, Uyen a rencontré des gens du monde entier au cours de cette année de volontariat et a apprécié l'accueil qui lui a été réservé. "Mes amis étaient très gentils, ils étaient toujours prêts à m'expliquer des mots et des expressions françaises." Lors du confinement lié à la Covid-19, elle découvre avec surprise la pratique du ramadan vécue par son colocataire et "fait plein d'apéros en ligne avec ses collègues pour maintenir sa passion et sa motivation envers le projet."

Uyen a également profité de son séjour en France pour y voyager et y vivre de nouvelles expériences. "J'ai essayé le ski pour la première fois de ma vie près de Chamonix et je n'y arrivais pas. C'était très glissant." Ce à quoi la directrice de l'Institut Français réagit du tac au tac avec humour : "c'est le principe".

Quand on lui demande de résumer son expérience en trois mots, Uyen répond en riant "développement durable, interculturalité…. et bière". Marquée par sa découverte de la boisson houblonnée, la volontaire vietnamienne a même été surnommée l'Impératrice de la bière par ses amis français.
 

"Je voulais comprendre la vie des migrants."

Originaire de la ville côtière de Vung Tau, dans le sud du Vietnam, Tham n'avait appris le français qu'une année avant d'arriver à Calais. Elle évoque ses difficultés linguistiques en début de mission, dans un français fluide et riche qui démontre les vastes progrès accomplis lors de ce volontariat. Désireuse de comprendre la vie des migrants, elle est chargée de l'accueil de jour des exilés de passage à Calais auprès du Secours Catholique.

A l'instar de sa compatriote Uyen, Tham a profité de cette expérience pour rencontrer une grande diversité de personnes et pour visiter le pays. "J'ai fait pas mal de tourisme en France avec les volontaires du Secours Catholique, avec qui je m'entendais très bien."

"'Et niveau climat, Calais c'est comment pour quelqu'un venant d'un pays chaud ? " demande un journaliste. "Avant de venir en France, j'ai vu beaucoup de vidéos sur Calais et sur le Nord. Il y avait de nombreux clichés, notamment sur le climat, mais ce n'étais pas si terrible que ça, j'ai réussi à m'adapter."

Visiblement optimiste de nature, l'ancienne volontaire parle avec nostalgie de l'isolement sanitaire. "J'ai vécu une belle expérience pendant le confinement, même si j'étais en télétravail, parce que j'ai été accueilli chez une bénévole, ce qui m'a permis de pleinement vivre la culture française."

Aux personnes intéressées par le volontariat à l'international, Tham conseille de "partir sans attentes, avec l'esprit ouvert" afin de profiter au maximum de cette expérience.
 

Depuis leur retour de mission en septembre, Uyen et Tham ont gardé de nombreux contacts avec leurs amis et collègues restés en France. Elles cherchent désormais toutes les deux un travail en ONG au Vietnam. A leurs côtés, Vuong n'a pas eu cette chance. Inscrite en juin 2020 pour effectuer un volontariat de réciprocité dès le mois de septembre, son départ en mission a été reporté à cause de la Covid-19.

Le Consul Général de France, Vincent Floreani, a exprimé son admiration à l'égard des volontaires et de ces échanges bilatéraux. "Il existe de nombreux liens dans différents domaines entre la France et le Vietnam : dans l'économie, l'éducation, la culture, la recherche, etc.  Ce type de missions de solidarité rapproche encore plus les deux pays. Dans le passé, c'était généralement des volontaires français qui venaient au Vietnam. J'aime ce principe de réciprocité, qui fait la beauté de ce programme." La directrice de l'Institut Français du Vietnam, Frédérique Horn, a quant à elle souligné le courage des volontaires parties seules en territoire inconnu.

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