A en juger par le dynamisme foudroyant de son économie, on pourrait croire que le Vietnam a été à peine effleuré par la pandémie. Que peut-on anticiper du Vietnam de demain ?
Le Vietnam a été secoué, pourtant, mais il faut bien admettre qu’il se relève vite et que si reprise il y a, celle-ci est aussi rapide que spectaculaire.
Le pays a de grandes ambitions en matière de développement, un développement qu’il veut durable et donc qualitatif, ce qui l’a conduit à prendre des engagements forts en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique.
Le Vietnam ambitionne en effet de parvenir à la « neutralité carbone » dès 2050. Il s’y est engagé aux yeux du monde entier : c’était à Glasgow, en novembre 2021, à l’occasion de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP26.
Depuis, le pays s’emploie à infléchir ses politiques économiques en suivant ce cap qu’il s’est fixé. Les grandes entreprises, domestiques ou étrangères, semblent elles aussi se mettre au diapason et jouer le jeu d’une industrie délibérément verte et innovante.
Un Vietnam "écoresponsable"
Que de grands groupes comme Lego ou Heineken aient choisi le Vietnam pour y construire des usines « écoresponsables » est un signe qui ne trompe pas : le pays entend bien mener la bataille de l’adaptation au changement climatique, et en première ligne. Il y a va de sa survie aussi bien que de son prestige international.
C’est aussi ce qui ressort des différentes conférences qui ont rythmé le sommet de l’innovation (Vietnam Innovators Summit), qui vient tout juste d’avoir lieu à Ho Chi Minh-ville, le 18 novembre.
« The new Vietnam starts here » : « Le nouveau Vietnam commence ici »
En choisissant ce thème "Le nouveau Vietnam commence ici", l’organisateur de l’évènement, qui n’était autre que le groupe Vietcetera, a clairement voulu placer les débats dans une perspective d’avenir.
Ce sommet aura donc consisté, pour une grande partie, en une succession de conférences. La première, intitulée « Charting a path for Vietnam to achieve its net-zero goals » (Aider le Vietnam à atteindre ses objectifs de neutralité carbone) était donnée par Bruce Delteil, de McKinsey & Company, qui est un cabinet international de conseil en stratégie basé à New-York.
Un objectif à priori atteignable
Tout d’abord, Bruce Delteil a noté que le Vietnam avait de bonnes bases, aussi bien sur le plan monétaire (une monnaie stable) qu’en termes d’investissements étrangers ou de transformation digitale. Il a aussi noté que de nombreuses entreprises étrangères préféraient désormais le Vietnam à la Chine et qu’il y avait là une réelle opportunité à saisir pour passer d’une industrie de sous-traitance à une industrie beaucoup plus avancée et surtout beaucoup plus ambitieuse.
Mais Bruce Delteil a surtout insisté sur le fait que le Vietnam avait une carte à jouer en termes de durabilité et qu’à cet égard, son objectif de neutralité carbone (équilibre entre émission et absorption de carbone) ne pouvait qu’aider à engendrer une dynamique positive.
S’il veut en effet atteindre cet objectif dès 2050 (en passant par un objectif intermédiaire de moins 30% d’émissions de gaz à effets de serre dès 2030), le pays va devoir opérer une mutation à marche forcée en se tournant par exemple vers l’énergie solaire ou encore les barrages hydrauliques. Il n’a du reste pas le choix : certaines de ses régions méridionales (delta du Mékong, Ho Chi Minh-ville…) sont directement menacées par la montée des eaux. Autant dire que l’enjeu est de taille.