Jusqu’à 14,1% de la population, tout de même… C’est Lai Duc Truong, du bureau de représentation de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui a fait cette révélation, à l’occasion d’un séminaire organisé récemment à Ho Chi Minh-ville, consacré justement à la santé mentale… Il faut savoir qu’actuellement, le Vietnam compte à peu près 1.000 médecins spécialisés dans le traitement des troubles mentaux, qui travaillent soit dans des hôpitaux, soit dans des établissements indépendants.
Les personnes souffrant de troubles mentaux ou psychiatriques se retrouvent pour l’instant face à une offre limitée. Aucun hôpital de district, par exemple, ne propose de soins de santé mentale… Les personnes qui sont néanmoins soignées reçoivent en général des médicaments forts (des traitements de cheval, dirait-on familièrement), mais ne suivent pas de psychothérapie digne de ce nom, a déploré Lai Duc Truong, qui a aussi pointé du doigt l’absence de ressources financières publiques dans le domaine de la santé mentale…
Un problème encore méconnu, au Vietnam…
Il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre d’adultes souffrent de troubles mentaux, dus aussi bien aux pressions exercées au travail qu’aux problèmes financiers ou à la consommation d’alcool.
Plus inquiétant encore, le nombre d’adolescents en détresse psychologique a tendance à croître… Il n’est d’ailleurs pas inintéressant de noter qu’il s’agit en général de consommateurs effrénés de réseaux sociaux…
Force est de constater que le Vietnam est un pays où les problèmes de santé mentale sont encore peu ou mal connus, quand ils ne sont pas franchement tabous, comme c’est le cas dans certains milieux sociaux, en général modestes… Il en résulte que beaucoup de personnes qui pourraient ou devraient être traitées ne le sont pas, soit par ignorance, soit par peur d’une certaine forme de discrimination dont elles pourraient alors faire les frais.
… particulièrement aigu en milieu urbain
Si l’on prend le cas de Ho Chi Minh-ville, il apparaît qu’entre 7,8 et 9,7% des plus de 65 ans sont atteints de démence (contre 0,78% dans le reste du pays), et que 9,5% de la population souffre de dépression (2,47% à l’échelle nationale). Faut-il en déduire que la vie urbaine génère du stress ? Oui, sans aucun doute. Mais il convient de nuancer et d’admettre qu’il est difficile de se faire une idée précise de la situation réelle en milieu rural, ce qui explique, au moins en partie, ce contraste saisissant.
D’après le docteur Tran Duy tam, de l’hôpital psychiatrique de Ho Chi Minh-ville, les 21 petites cliniques et les 321 postes médicaux que compte la ville traitent actuellement 10.000 patients atteints de schizophrénie et 7.000 épileptiques.
A ceux-là, il faut ajouter environ 3.000 personnes souffrant de tel ou tel trouble mental, qui sont sans abri, sans famille ou sans papier, et qui sont prises en charge par le département municipal du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales.