Le Vietnam se retrouve une nouvelle fois sous les feux de la politique commerciale américaine. Alors que les États-Unis annoncent des tarifs anti-dumping atteignant jusqu’à 46% sur certains produits vietnamiens, le Premier ministre Pham Minh Chinh a mis en place une task force pour gérer la situation. Une réponse immédiate aux tensions commerciales qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire économique du pays.


Le 3 avril dernier, le Premier ministre Pham Minh Chinh, après avoir pris connaissance des nouvelles mesures tarifaires des États-Unis, a réagi en proposant la création d’une task force de réponse rapide. Une notion parfois floue dans les esprits, mais cruciale dans ce contexte. En termes simples, une task force désigne un groupe de travail temporaire, souvent constitué d’experts et de responsables gouvernementaux, mis en place pour traiter une situation urgente et spécifique. Ici, il s’agira de gérer les effets d’une politique tarifaire qui frappe le Vietnam de plein fouet.
Les États-Unis, sous l’administration Trump, ont imposé des tarifs douaniers supplémentaires à plus de 180 partenaires commerciaux. Un vent de protectionnisme souffle à travers le pays, et le Vietnam, comme d’autres nations en développement, se retrouve dans la ligne de mire. Un tarif de 46% qui concerne une gamme de produits essentiels pour l’économie vietnamienne : des fruits de mer au café, en passant par les textiles et les composants électroniques. De quoi assombrir l’horizon commercial du pays.
« Le Vietnam souhaiterait que les États-Unis adoptent des politiques plus justes et qui prennent en compte notre statut de pays en développement », a exprimé le Premier ministre.
Mais dans l’urgence, l’exécutif vietnamien cherche aussi à se redéfinir face à cette épreuve. Pham Minh Chinh a souligné la nécessité de prendre des mesures « proactives et flexibles » pour protéger les intérêts du Vietnam. Un défi comparé à d’autres chocs externes, comme la pandémie de Covid-19, où le pays a su se réorganiser et rebondir.
Une réponse sous forme de restructuration économique

Dans les jours qui suivent l’annonce de la task force, la stratégie vietnamienne semble claire : une réorientation vers une économie plus résiliente, fondée sur l’innovation et la haute technologie. Le gouvernement entend profiter de cette crise pour accélérer des réformes économiques profondes. Il ne s’agit pas seulement de riposter face à un tarif douanier, mais de saisir l’opportunité d’une transformation structurelle, qui viserait à diversifier les exportations, renforcer les chaînes d’approvisionnement internes et élargir le marché intérieur.
Loin de se laisser submerger par la fatalité, le Vietnam mise sur une intégration internationale plus poussée et sur des partenariats renforcés avec les États-Unis dans des secteurs stratégiques. Le pays met également un accent particulier sur l'augmentation de la part de produits américains dans ses exportations, notamment dans des secteurs comme l’électronique et les technologies de pointe.
Les secteurs sous pression
Les industries vietnamiennes les plus touchées par cette mesure sont, entre autres, celles du textile, des produits agricoles (comme les fruits de mer et le café), ainsi que celles liées à l’électronique et aux composants industriels. Ces secteurs génèrent des milliards de dollars chaque année. L’impact de ces droits de douane pourrait, à court terme, remettre en question la compétitivité des produits vietnamiens sur le marché américain.
Cependant, dans l’ombre de cette crise se cache une question plus vaste : celle de la dépendance du Vietnam à l’exportation de produits à faible valeur ajoutée. Un point que le gouvernement semble déterminé à changer, pour mieux se positionner dans un marché mondial de plus en plus axé sur la durabilité et l’innovation.
L’espoir au-delà des tensions commerciales
Il est facile de se laisser séduire par l’aspect dramatique de la situation : les secteurs clés du pays sont touchés, des milliards de dollars sont en jeu, et les relations commerciales avec les États-Unis sont fragilisées. Pourtant, derrière ces lourdes menaces se profile aussi un espace de réinvention.
« C’est une occasion pour le Vietnam de construire une économie indépendante et autosuffisante tout en approfondissant son intégration internationale », Pham Minh Chinh l’a bien compris. En appelant à une action rapide et en incitant à une réponse stratégique, il incarne un nouvel élan pour l’économie vietnamienne. Peut-être celui d’une souveraineté économique retrouvée.
Le Vietnam, toujours plus déterminé, a l’opportunité de transformer cette épreuve en tremplin pour sa croissance durable, soutenue par l’innovation et la recherche de nouveaux marchés. Un chemin encore semé d’embûches, mais dont les contours sont déjà dessinés par un gouvernement prêt à mener le pays vers une nouvelle ère économique.
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