

C'est officiel. La décision de placer General Motors sous la protection du Code des faillites, repoussée en 2005, était attendue. L'annonce n'en reste pas moins extraordinaire, et les répercutions potentielles de ce crash sont à la mesure de l'empire du géant automobile américain
Le siège de GM à Detroit / Photo AFP
(Rédaction internationale)
C'est la fin d'un empire. Avec la faillite de General Motors, le plus fameux des constructeurs automobiles, né dans le Michigan en 1908, c'est encore un peu du mythe américain qui s'écroule. Mais outre l'impact émotionnel, l'effondrement de GM, malgré ses 193 milliards de dollars de chiffre d'affaires, est aussi la faillite la plus importante du secteur industriel, et la troisième plus grosse banqueroute de l'histoire (après Lehman Brothers en 2008 et WorldCom en 2002).
Mais comment en est-on arrivé là ?
Comment le numéro un mondial des ventes d'automobiles entre 1931 et 2007 a-t-il pu s'écrouler ? Tout tient en un mot chez GM : surdimensionné. A l'image des voitures produites par la marque : Cadillac, Chevrolet, Buick... Des modèles qui ont énormément souffert de la crise mondiale, concurrencés par les petites japonaises plus compétitives, peu gourmandes en carburant. Le nombre de marques détenues par le groupe est par ailleurs impressionnant, tout comme le nombre de ses concessionnaires.
Cela ne s'arrête pas là. Le groupe subit des charges fixes considérables, plombées par la masse salariale. GM emploie actuellement 324.000 salariés dans le monde et est indirectement responsable de 500.000 retraités. Les obligations pour la santé des seuls retraités s'élèvent à 47 milliards de dollars. Depuis 2005, les pertes accumulées se montent à 82 milliards de dollars dont 30.9 milliards rien que pour 2008. On ne s'étonne plus de l'ampleur du crash. Et les 20 milliards de dollars injectés par le Trésor américain ne pouvaient certainement pas sauver le monstre.
L'Etat fédéral vient une fois de plus à la rescousse
En se plaçant sous la protection du Chapitre 11 du Code des faillites devant un tribunal de Manhattan, GM s'engage dans une procédure de redressement de deux à trois mois. Une aide supplémentaire de 30 milliards de dollars provenant du plan de sauvetage du secteur financier (les fameux 700 milliards de dollars) du gouvernement américain sera apportée par l'Etat fédéral.
L'Etat devait-il intervenir ? GM emploie directement 92.000 salariés aux Etats-Unis. Barack Obama a souligné l'impossible choix devant lequel se trouvait le gouvernement américain : "l'alternative, c'était d'assister à une liquidation, à une faillite qui aurait vu une énorme institution d'une importance gigantesque sur notre économie se disloquer en morceau". L'administration affirme qu'elle "s'attachera activement à s'en débarrasser (des titres, ndlr) aussitôt que cela sera possible".
Qui perd quoi ?
Concrètement, l'Etat canadien et le gouvernement de l'Ontario apporteront une aide de 9,5 milliards de dollars en échange de 12% des actions. Le fonds de retraite des salariés géré par le syndicat de l'automobile de GM, UAW prendra 17,5%. Le reste sera réparti entre les créanciers détenteurs d'obligations non garanties ayant souscrit au plan de restructuration (10%). Ce sont donc les actionnaires actuels qui trinqueront puisqu'ils perdront l'intégralité de leur mise. Enfin l'allemand Opel, membre du groupe depuis 1929, et qui emploie 50.000 personnes en Europe, après de nombreuses discussions, sera finalement repris par Magna. La reprise entrainera des suppressions d'emplois, mais sans fermeture d'usine.
GM version 2
A terme, un "nouveau GM"devrait renaitre, détenu à 60% par les contribuables. Pour perdurer, il devra continuer sa cure d'amaigrissement déjà bien entamée en février lorsqu'il s'était séparé de 14% de ses effectifs. Une restructuration sur le modèle de Chrysler, l'autre géant automobile sauvé par l'Etat, qui commence à voir le bout du tunnel grâce à son rapprochement avec Fiat. Gros désavantage pour GM, qui elle, n'a pas su trouver pour le moment de soutien. GM devrait continuer à fonctionner normalement durant la procédure, et les salaires et plans de retraite seront conservés. Mais le groupe prévoit de fermer onze usines et d'en mettre trois autres au chômage technique.
Laetitia Gueugnon (www.lepetitjournal.com) mardi 2 juin 2009.
A voir :
Reuters : CHRONOLOGIE General Motors, cent ans et un dépôt de bilan
Le NouvelObs : GM va déposer le bilan
Le Monde : General Motors à travers les âges


































