Washington a accusé dimanche Vladimir Poutine de se lancer dans une escalade "inacceptable" en mettant en alerte la force nucléaire russe, au moment où son invasion de l'Ukraine est ralentie, notamment par des problèmes logistiques.
Le président russe, qui a désormais engagé en Ukraine les deux tiers de sa force amassée à l'est, au nord et au sud du pays, reste confronté à une résistance "créative" des Ukrainiens, notamment à Kiev et Kharkiv, et n'a toujours pas pris le contrôle de l'espace aérien de l'Ukraine, a indiqué un haut responsable du Pentagone.
"Nous observons qu'ils sont confrontés à des problèmes logistiques", notamment en matière de ravitaillement en carburant, a précisé ce responsable américain ayant requis l'anonymat.
M. Poutine a annoncé dimanche mettre en alerte la "force de dissuasion" de l'armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
Il a justifié cette décision par les "déclarations belliqueuses de l'Otan" envers la Russie et critiqué les sanctions économiques prises à l'encontre de la Russie pour son invasion de l'Ukraine, selon lui "illégitimes".
L'annonce russe "signifie que le président Poutine continue l'escalade dans cette guerre, d'une manière qui est totalement inacceptable", a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.
La mesure russe "fait clairement entrer en jeu des forces qui, s'il y a une erreur de calcul, pourraient rendre les choses beaucoup, beaucoup plus dangereuses", a dénoncé le responsable du ministère américain de la Défense.
Il a également qualifié cette mise en alerte d'"inutile", la Russie n'ayant "jamais été sous une menace de l'Ouest".
"Il s'agit d'un schéma répété que nous avons observé de la part du président Poutine durant ce conflit, qui est de fabriquer des menaces qui n'existent pas afin de justifier la poursuite d'une agression", a dénoncé la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
- Risque de siège -
Selon les estimations du Pentagone, les problèmes logistiques de l'armée russe sont les plus marqués aux alentours de la grande ville de Kharkiv, dans l'est du pays, mais aussi au nord de Kiev.
Quelques soldats de reconnaissance russes sont entrés dans la capitale ukrainienne, parfois revêtus d'uniformes ukrainiens, mais la plupart ont été repérés par la population et l'armée ukrainienne, a noté le responsable américain.
Les forces russes "restent à 30 km du centre de Kiev" et se sont rapprochées à 50 km de Marioupol, dans le sud, où des combats se poursuivent, selon les estimations du Pentagone. "Marioupol est défendue, les Ukrainiens opposent une résistance", a-t-il noté.
Washington a aussi observé une nouvelle tactique militaire des forces russes, qui ont encerclé la ville de Chernihiv, au nord-est de Kiev, et paraissent vouloir l'assiéger.
"C'est inquiétant", a souligné le responsable du Pentagone. Un siège "accroît le risque de dommages collatéraux aux infrastructures civiles et de victimes civiles parce que le siège devient en fait un effort extrême pour prendre une ville sans égards pour les infrastructures civiles".
"Les Ukrainiens opposent une résistance ferme. C'est héroïque, c'est une inspiration pour le monde", a-t-il ajouté, mais "les Russes ont encore beaucoup d'avantages opérationnels malgré leurs insuffisances logistiques".
En outre, avec un tiers de leur dispositif d'invasion toujours inutilisé, "ils ont encore énormément de capacité de combat", a-t-il ajouté. "Nous devons partir du principe qu'ils vont tirer les leçons de tout ceci, qu'ils vont s'adapter et qu'ils vont surmonter ces défis".