(photo Benoit Grellet)
Réinventer la porcelaine : c'est sur ce principe que le PDG Michel Bernardaud a créé en 2003 la fondation d'entreprise éponyme.Chaque année, la célèbre manufacture de Limoges invite des créateurs, des artistes des designers de toutes nationalités à plancher sur l'or blanc limougeaud pour lui donner d'autres horizons que celui de la table.
Cette année, huit céramistes nord-américains ont été choisis par Fréderic Bodet du Musée des Arts Décoratifs de Paris et Hélène Huret, directrice de la fondation pour façonner l'exposition Made in France by Americans. Daphne Corregan, Wayne Fischer, Jeffrey Haines, Jonathan Hammer, Patrick Loughran, Kristin McKirdy, Luisa Maisel, Wade Saunders sont tous des artistes américains installés en France mais leur formation outre-atlantique leur donne une ouverture d'esprit iconoclaste.
Ces huit empêcheurs de tourner en rond bousculent donc de façon stimulante les traditions locales de la faïence, du grès et de la porcelaine, trop souvent influencées par l'Orient mais aussi par la tendance post-moderne copiée du design italien. Leur approche est d'autant plus intéressante qu'aux États-Unis, le clivage entre arts et arts appliqués est moins marqué qu'en Europe. Rares sont les Français qui s'aventurent dans la recherche sculpturale avec la céramique, ils ont plutôt tendance à se cantonner à la céramique-artisanat.
Du pop art au kitsch
Made in France présente par exemple, sept grandes sculptures culbutos en porcelaine de 1,20 m de hauteur de Jonathan Hammer que le visiteur peut faire basculer et dodeliner en dépit de la fragilité apparente du matériau. Le MOMA et le Musée Whitney de NewYork ont déjà intégré les ?uvres de cet artiste prometteur.
La céramiste Daphne Corregan installée en Provence expose, elle, des objets influencés par les couleurs, les objets, les bijoux, les textiles notamment le patchwork, les papiers peints, vus lors de voyages au Nouveau Mexique, au Mali ou au Bénin. Pour Jeffrey Haines, l'accent est mis sur des pièces conçues pour être touchées. Influencé par l'ergonomie des armes défensives comme le poing américain, il propose cravaches ou objets sexuels, des ?uvres qui brisent les tabous et nous entraînent vers les strates secrètes de notre inconscient.
À remarquer également les sculptures de grandes dimensions de Luisa Maisel qui empruntent au Pop Art autant qu'au Surréalisme, au rayon des souvenirs kitsch aussi bien qu'aux grands classiques. Dans son ?uvre My America, Luisa Maisel travaille sur ses souvenirs d'enfance : les cow-boys et les indiens, une boite de flocon d'avoine de ses petit-dejs d'enfant ou les fameuses d'histoires du Dr Seuss en guise de réminiscence?.
Bref avec couleur, humour et sensualité ces Américains en France font vibrer l'esprit funky tout l'été à la fondation Bernardaud.
Sylvie Forder. (www.lepetitjournal.com) jeudi 16 juillet 2009
Fondation d'entreprise Bernardaud
27 avenue Albert Thomas - 87000 Limoges
05.55.10.55.91
Jusqu'au 24 octobre, tous les jours sauf le dimanche de 9h45 à 16h00
www.fondation bernardaud