Édition internationale

EXPO - La grandeur des Dogons


A travers plus de 300 pièces exceptionnelles (statues, masques, objets du quotidien), le musée du quai Branly dévoile toute la richesse et la diversité de ce peuple malien. Hélène Joubert, conservatrice et responsable de l'Unité Afrique, nous éclaire sur ces ?uvres à la beauté austère


Statue anthropomorphe Djennenké, IXe -Xe siècle (Crédit: Musée du quai Branly, photo Hughes Dubois. Statue acquise par l'État français grâce au mécénat de AXA, avec le soutien d'Hélène et Philippe Leloup)


Lepetitjournal.com -  Qui sont les Dogons ?
Hélène Joubert - Les Dogons vivent sur la célèbre falaise de Bandiagara au centre du Mali. L'histoire de ce peuple n'est pas homogène. Elle est le résultat de vagues de migrations successives. Aux autochtones déjà présents se sont rajoutés les Djennekés en provenance du nord-ouest du pays au Xème siècle et les Dogons Mandé arrivés du sud au XIVème siècle. Ces peuples fuyaient les guerres ou l'islamisation. Pendant des siècles, cet endroit a donc été un lieu de rencontre et d'échange permanent.


A quand remonte la découverte de cette culture ?

Au début du XXème siècle, le lieutenant Louis Desplanes fut le premier à l'avoir étudiée. Il a d'ailleurs rapporté des fragments de peinture rupestre et des objets utilitaires. Mais, c'est véritablement la mission française d'ethnographie Dakar-Djibouti conduite par Marcel Griaule en 1931-33 qui va révéler au monde l'existence de ce peuple avec les premières enquêtes de terrain. A l'époque, les objets étaient considérés comme des documents. Ils n'étaient pas encore regardés comme des ?uvres d'art.

Deux figures aux bras levés, Tellem,  XVe siècle (Crédit: Musée du quai Branly, photos Hughes Dubois)

Un tiers de l'exposition est consacrée à la statuaire Dogon. Quelles sont les caractéristiques communes à toutes ces statues ?

On ne peut pas parler d'un style Dogon mais d'une mosaïque de styles issue des différentes migrations. Néanmoins, on retrouve cette même vision schématisée et géométrisée des corps avec un aspect cubiste pour certains. Certaines représentations sont aussi récurrentes comme la figure de la maternité, l'hermaphrodite, le cavalier et l'emblématique geste des bras levés qui serait un geste d'imploration pour invoquer la venue de la pluie.


Mais il existe aussi des différences ?
Surtout en fonction de l'époque et des zones géographiques. Les statues du peuple Niongom, qui ont la particularité de suivre la courbe de la branche de l'arbre, ou encore celles du peuple des Tellem enveloppées d'une épaisse patine croûteuse, en sont de parfaites illustrations.

Sans compter que quelques artistes ont réussi à imposer leur style. C'est le cas du "Maître aux yeux obliques" dont les statues ont toutes les yeux en biais ou le "Maître de la maternité rouge", célèbre pour sa patine rouge.

Masque (Crédit: Musée du quai Branly, photo Hughes Dubois)


Ces objets ont-ils une signification particulière ?
La fonction de la statuaire est complexe. Les statues peuvent incarner des figures d'autorité (chefs), être utilisées pour la commémoration d'ancêtres ou assurer la protection (contre la maladie, la stérilité?). Quant aux masques, ils interviennent lors des rituels funéraires.


Quelle place occupe l'art Dogon sur le marché de l'art africain ?

L'intérêt suscité par la statuaire Dogon a commencé assez tardivement, dans les années 60. C'est à cette époque que se sont constituées les grandes collections, notamment celle d'Hélène Leloup ou Jacques Kerchache. Aujourd'hui, cet engouement est resté intact. Les collectionneurs continuent d'être fascinés par ces statues réalisées dans un bois très ancien datant parfois du Xème siècle ! Mais, ces objets sont devenus extrêmement rares sur le marché et les prix s'envolent.  
Sophie Djouder (www.lepetitjournal.com) lundi 23 mai 2011



Infos pratiques :


Musée du quai Branly, 22 rue de l'Université, 75007 Paris
Mardi, mercredi, dimanche de 11h à 19h
Jeudi, vendredi, samedi de 11h à 21h
Jusqu'au 24 juillet  

L'exposition sera présentée à la Kunst und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, à Bonn, du 2 septembre 2011 au 1er janvier 2012 et au Palazzo Reale à Milan, du 21 février au 3 juin 2012.



Maternité, XIV eme siècle (Crédit: Musée du quai Branly. Photo Hughes Dubois)

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.