Six ans après l’incendie de 2019 et neuf mois après la réouverture de la nef, les tours de Notre-Dame de Paris ont retrouvé vie ce vendredi 19 septembre. Le Président de la République est venu inaugurer ce parcours entièrement repensé, à la veille des Journées européennes du Patrimoine.


Le parcours débute par la tour sud. Dans une première salle, sous la lumière tamisée, reposent des maquettes de l’édifice et deux chimères du XIXe siècle, rescapées de l’incendie. Devant ces témoins de pierre, Emmanuel Macron donne le coup d’envoi de la visite, avant d’entamer l’ascension.

Il faut gravir 178 marches pour atteindre le sommet, et plus de 400 pour parcourir l’ensemble du circuit. « 424 marches ! », insiste, un peu essoufflée, Marie Lavandier, présidente du Centre des monuments nationaux. La montée est exigeante, mais la récompense est à la hauteur de l’effort. Du haut des 69 mètres de la tour sud, Paris s’étend à perte de vue : en contrebas, la Seine file entre les ponts, les toits s’alignent à l’horizon, les chimères, elles, montent la garde et, au loin, se dresse la « Dame de fer », gardienne de la vieille cathédrale. « C’est un beau voyage entre terre et ciel qui est proposé aujourd’hui », s’enthousiasme la présidente du Centre des monuments nationaux.
Une cathédrale relevée de ses cendres
Au détour du chemin, la grande nouveauté se dévoile : un escalier monumental à double révolution, en chêne massif, haut de 21 mètres. « Un escalier autoporté de cette taille, en bois, ça n'existe pas. C'est une première au monde effectivement », se félicite Yoan Malbranque, directeur de travaux Métiers du bois, sur le chantier de reconstruction de la cathédrale. Conçu pour supporter jusqu’à cent personnes à la fois — près de huit tonnes —, il s’inspire de Chambord. Sous la pression des pas, il se déforme imperceptiblement, avant de retrouver sa forme initiale. Une prouesse d'ingénierie, à la fois fragile et solide.

Le parcours, d’environ 45 minutes, mène ensuite au cœur des beffrois. À 60 mètres de hauteur, la pierre s’efface devant le bronze. On se retrouve nez à nez avec les colosses sonores de Notre-Dame : le bourdon Marie, 6 tonnes suspendues dans le vide, et l’inoubliable Emmanuel, treize tonnes.

Un peu plus loin, la Cour des citernes offre une percée saisissante. C’est là que l’on découvre « la Forêt », cette charpente mythique engloutie par les flammes et aujourd’hui ressuscitée. Restituée à l’identique, elle a mobilisé 1 200 chênes issus des forêts françaises. Haute de dix mètres, longue de près de cent, elle s’élance au-dessus de la nef comme une coque renversée. En levant les yeux, on observe également quatre chimères : le Félin tirant la langue, le Démon aux côtes saillantes, la Bête dévorante et le Chat-panthère.
La descente s’effectue par la tour nord, elle aussi restaurée après l’incendie. C’est là que les pompiers avaient contenu les flammes de justesse, sauvant le beffroi. Pour la consolider, il a fallu décrocher les huit cloches, soulever par vérin hydraulique les 150 tonnes de l’ensemble, remplacer les poutres calcinées et poser une nouvelle couverture en plomb.
Dès demain, samedi 20 septembre, le grand public pourra de nouveau emprunter ce parcours spectaculaire, avec un accès régulé : 400 000 visiteurs par an, contre 30 000 visiteurs quotidiens de la nef. Des groupes de 15 à 20 visiteurs pourront se succéder tous les quarts d’heure entre 9 h et 23 h, tous les jours de la semaine, pour un billet à 16 €.
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