Le collectif « avenir des lycées français du monde en danger », formé par des parents d’élèves suite à l’annulation de 33 millions d’euros de crédit du budget de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’étranger (AEFE ), passe la vitesse supérieure dans sa défense d’un service public de l’enseignement français à l’étranger.
Le groupe vient en effet d’enregistrer une plainte auprès de la Commission d’Accès Aux Documents Administratifs (CADA). Celle-ci concerne deux demandes de documents administratifs sur l'utilisation des contributions financières versées par les familles aux lycées français à l’étranger, soumises à Jean-Yves Le Drian et Bruno Lemaire. Demandes restées sans réponse, malgré le délai officiel d’un mois.
« Il y a beaucoup de flux financiers entre les établissements, l’AEFE et Bercy. Nous sommes en droit de savoir où va l’argent des parents », déclare Hassan Hassan, l’un des deux porte-parole du collectif. « Notre inquiétude est qu’une grande partie de ce qui est transféré à l’AEFE ne soit pas redistribuée aux lycées. Le silence observé en réponse à nos demandes peut laisser croire qu’on nous cache des informations », poursuit-il.
Face à l’engagement d’Emmanuel Macron de doubler le nombre d’élèves des lycées français d’ici 2030, le collectif, qui a multiplié au cours des dernières semaines les courriers et demandes d’audition à tous les niveaux du gouvernement et des représentants des Français de l’étranger, est dubitatif. « Quand on écoute les témoignages de notre réseau, que ce soit à Madagascar, au Liban, en Espagne, en Angleterre, en Amérique latine, on se rend bien compte que tout le monde grogne sans avoir de réponse claire », déplore Hassan. Prenant l’exemple de l’école française Pablo Picasso de Benidorm, antenne du lycée français d’Alicante menacée de fermeture imminente, le groupe de parents d’élèves entend bien défendre le modèle d’un service public de l’enseignement français à l’étranger. « Si on continue de sous-traiter à des partenaires, on va aller vers un système privé où on ne maitrisera plus rien », alerte Hassan.
C’est dans cette optique que le collectif travaille à la finalisation de propositions pour un nouveau modèle de gestion des établissements, qui devraient être amplement diffusées avant les conclusions de la mission parlementaire menée par la députée Samantha Cazebonne.
Après le lancement d’une pétition en ligne qui a recueilli près de 14.000 signatures, la plainte auprès du CADA est la deuxième étape d'un long combat. « La voie juridique sera le troisième stade », s’engage Hassan. « Les frais de scolarité constituent 60% du budget de l’AFE. Pourtant, les parents d’élèves n’occupent que deux sièges sur 28 au conseil d’administration. Ce n’est pas normal qu’on ne nous écoute pas ».