Les Français de l’étranger pourront voter par voie électronique aux élections consulaires de 2021. Après une expérience réussie en 2012 et un échec cinq ans plus tard, le Quai d’Orsay espère trouver une solution de vote par Internet durable à partir de 2022.
Les deuxièmes élections consulaires françaises devaient initialement avoir lieu les 16 et 17 mai 2020. Situation sanitaire oblige, elles ont été reportées d’une année et se tiendront au mois de mai prochain. 447 nouveaux conseillers consulaires ainsi que 77 délégués y seront élus par les Français établis hors de France. Pour ce suffrage, le vote électronique avait été homologué par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le 15 janvier dernier.
L’échec de 2017
Initié pour la première fois de l’histoire lors des élections législatives de 2012, le vote par internet devait être reconduit pour celles de 2017. Pourtant, le gouvernement et son prestataire n’étaient pas parvenus à maintenir le processus, faute de menaces trop grandes autour des garanties d’intégrité de la plateforme utilisée. Pour Guillaume Poupard, directeur de l’Agence nationale des systèmes de sécurité et d’information (ANSSI), la décision prise il y a trois ans était la bonne. « Cela n’aurait pas été sérieux d’ouvrir ça en 2017, on aurait eu un drame très probablement », a-t-il déclaré devant la commission des Affaires étrangères, des Forces armées et de la Défense du Sénat.
Une troisième façon de voter
Si l’idée d’un vote électronique semble pour l’instant inconcevable à l’échelle de la France métropolitaine, elle paraît indispensable pour la communauté des Français de l’étranger. Lors d’une intervention en avril 2019 au Sénat, Jacky Deromedi, sénatrice LR des Français établis hors de France, rappelait à juste titre que, lors des élections consulaires de 2012, plus de la moitié des votants l’avaient fait par vote électronique. Un chiffre qui pourrait augmenter l’année prochaine selon l’évolution de la pandémie de Covid-19.
La solution du vote électronique ravira certains ressortissants parfois contraints d’effectuer des centaines de kilomètres pour se rendre aux urnes, bien qu’ils aient toujours la possibilité d’avoir recours au vote par correspondance.
Une inquiétude pour 2021 ?
Tout a été mis en place pour assurer la fiabilité du vote et ainsi ne pas revivre l’échec de 2017. Deux tests grandeurs nature ont été effectués grâce à la participation de 12 000 personnes. Différents experts mais aussi l’Agence nationale des systèmes de sécurité et d’information étaient présents pour garantir la fonctionnalité de la plateforme proposée par l’entreprise Scytl. La procédure avait été validée par le Quai d’Orsay, mais c’était sans prévoir la mise en liquidation judiciaire du groupe espagnol. Racheté par le groupe Paragon, Scytl et sa directrice générale Silvia Caparros, affirment que la prestation sera tout de même assurée. « Cette intégration comprend la quasi-totalité de nos actifs et, en particulier, nos solutions et logiciels, nos contrats, nos brevets et marques, nos filiales ainsi que la totalité de l’équipe écrit-elle dans un courrier adressé à Laurence Haguenauer, directrice de la direction des Français de l'étranger et de l'administration consulaire du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, nous livrerons nos projets comme nous l’avons fait jusqu’à présent. »
Un projet inscrit sur la durée
Bien qu’inquiet par l’explosion de la grande criminalité dans le champ cyber - on a dénombré 128 attaques au 30 septembre sur l’année 2020 contre 54 sur l’ensemble de l’année 2019 -, Guillaume Poupard ne se fait pas trop de soucis pour la bonne tenue du vote électronique de l’année prochaine. « Cela va dépendre des audits que nous allons mener et surtout de l’évolution de la menace a-t-il déclaré, pour l’instant, je n’ai pas d’alarme particulière et je suis plutôt confiant pour les prochaines échéances. » Le directeur général de l’ANSSI - en étroite collaboration avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères - entend inscrire ce projet dans le temps et proposer un système durable de vote électronique aux Français de l’étranger à partir de 2022.
Pour pouvoir voter par Internet, il suffit d’être inscrit sur la liste électorale consulaire (LEC) et de fournir à votre consulat une adresse électronique et un numéro de téléphone portable.