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Tribune de F. Petit - Les temps de crise exigent clarté et précision

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Écrit par Frédéric Petit (MoDem)
Publié le 27 avril 2020, mis à jour le 27 avril 2020

Ce texte est une tribune du député de la 7e circonscription des Français de l'étranger, Frédéric Petit, suite à la publication de l'article : Budget supplémentaire AEFE et bourses : 45 millions à la trappe !

Je me permets de répondre à l’article publié dans vos colonnes le 23 avril 2020, sur les deux amendements du sénat concernant l’AEFE et les bourses.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les deux amendements adoptés par le Sénat la semaine dernière n’augmentent pas le budget en faveur des Français de l’étranger, ni même du réseau de l’AEFE. Pour la simple raison que les parlementaires ne peuvent proposer des augmentations de dépenses.

Ces amendements proposaient en réalité de supprimer 45 millions d’euros aux postes diplomatiques et consulaires, pour les transférer là où nos sénateurs voulaient ponctuellement se mettre en avant.

Ces amendements, parfois appelés amendement d’appel, ont le mérite d’attirer l’attention sur un sujet particulier, et surtout sur certains orateurs. Ils permettent de beaux tweets éphémères et quelques larmes factices ; mais tous les parlementaires le savent bien, dès le vote, tout cela n’est que du faux-semblant. J’ai appris depuis mon arrivée à l’Assemblée nationale en 2017 que cette pratique avait un nom : la « chorégraphie parlementaire ».

En temps de crise, il ne devrait pourtant pas y avoir de place pour la chorégraphie.

Tout d’abord, ce projet de loi de finance rectificatif (PLFR), qui seul, permet d’augmenter les dépenses de l’Etat en cours d’année, ne fait, à ce stade, qu’ouvrir quelques grandes lignes budgétaires. Dans un second temps, en fonction des échéances pour chaque mission, chaque programme budgétaire, chaque opérateur, il s’agira de concrétiser les changements et les augmentations de dépenses nécessaires, et cela sans sortir de la loi.

Ensuite, je serais curieux de voir la tête de nos consuls, de nos ambassadeurs, de leurs équipes, qui sans compter ni leurs heures ni leurs efforts pendant deux mois, viennent de réussir l’exploit d’aider au retour plus de 160 000 de nos compatriotes, dans des conditions parfois très dures. Que diraient-ils si l’on médiatisait aujourd’hui le fait que des sénateurs, soucieux de leur seule personne, voulaient les priver de 45 millions d’euros. Et bien sûr, ces mêmes sénateurs seront les premiers à s’associer aux louanges que la nation leur rendra, à juste raison… quand tout le monde aura oublié ce que proposaient de facto ces deux amendements !

Ces petits jeux sont dérisoires. Ce qui fait défaut véritablement à nos réseaux d’influence aujourd’hui, c’est le modus operandi de gestion de la crise, bien avant le « combien d’argent ». Or, nos administrations n’ont pas toutes la culture du management de crise, hors des cellules spécialisées, comme celle du Quai d’Orsay notamment.

La nation est solidaire, nul n’en doute, et les montants qui circulent font consensus, y compris, et c’est nouveau, auprès de nos collègues de l’hexagone. Mais le plus grand flou règne dans certaines annonces et procédures vite contredites, ou non respectées, et surtout sur les outils administratifs clairs qui permettront à cette solidarité nationale de s’exercer là où elle est indispensable : auprès de toutes les familles (pas uniquement les boursiers français), auprès de tous les établissements (pas uniquement la petite minorité gérée par l’opérateur historique).