Anne Genetet ajoute une corde à son arc. En ce début d’année 2024, elle est devenue la présidente de la délégation française à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN). La députée des Français établis hors de France nous éclaire sur cette nouvelle responsabilité diplomatique, alors que l’organisation s’apprête à accueillir un 32ème pays.
Au moment où la Suède est sur le point de faire son entrée au sein de l’OTAN, la guerre entre la Russie et l’Ukraine se poursuit aux portes de l’Europe. C’est dans ce contexte qu’Anne Genetet est arrivée à la présidence de la délégation française de l’AP-OTAN, l’Assemblée parlementaire réunissant 274 délégués élus des 31 pays membres de l’organisation.
La députée de la 11e circonscription des Français établis hors de France accroît alors son champ diplomatique à l’international avec une nouvelle “mission délicate” - confesse-t-elle - tant certains parlementaires sont “réservés, voire hostiles à la présence française au sein du commandement intégré de l’OTAN”. Anne Genetet va notamment insister sur les risques de l'élection présidentielle américaine pour l'Alliance, le rôle de la France au sein de l'OTAN, l'utilité de la diplomatie parlementaire et le devoir des élus vis-à-vis de l'opinion publique.
Elle s’emploie ainsi à rassurer les Alliés, “dire que la France tient son rang et est engagée au sein de l’OTAN”, en portant la parole du président de la République Emmanuel Macron. Son agenda se densifie mais elle n’oublie pas pour autant les Français de l’étranger. Les Assemblées parlementaires de l’OTAN sont des déplacements organisés plutôt les week-ends, ce qui lui laisse - lors des pauses parlementaires - des périodes disponibles pour aller dans sa circonscription.
“Les Alliés de l’OTAN ne sont absolument pas divisés”
À quelques jours du 75e anniversaire de la création de l'organisation politico-militaire, l’OTAN devrait accueillir un nouveau pays : la Suède. Son adhésion n’est pas encore totalement jouée. Le pays scandinave attend la ratification de la Hongrie de Viktor Orbán, alors que la Turquie a officiellement soutenu son entrée en janvier dernier.
Otan : le veto turc levé, la Suède invitée par Orban à discuter
Cette prochaine arrivée, Anne Genetet s’en réjouit d’avance : “c’est une très bonne nouvelle, mais cela n’est pas encore fait - précise-t-elle. La Suède a une culture de la résilience, de la défense de son territoire qui est particulièrement prononcée dans l’ensemble de sa population.” Pays neutre mais armé, l’intégration de la Suède revêt d’une importance stratégique capitale, permettant à l’OTAN de verrouiller la Baltique. Sur ce point, les Alliés s’y retrouvent alors que l’organisation est souvent critiquée pour son manque de cohésion. Pour Anne Genetet, au contraire, il est impossible de remettre en cause sa solidarité et son utilité dans le contexte politique présent et futur.
Election présidentielle aux Etats-Unis : l’épée de Damoclès de l’OTAN
En 2024, la moitié de la population mondiale se rendra aux urnes, dont les Américains avec le possible retour de Donald Trump à leur présidence des Etats-Unis. Un sujet qui a été évoqué au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN du 29 janvier dernier à Bruxelles, confie Anne Genetet : “j'ai moi-même interrogé plusieurs de mes homologues sur ce point. Monsieur Trump a émis des propos qui doivent faire craindre un moindre engagement des États-Unis.”
Et il y a de quoi s’inquiéter. Lorsqu’il était à la tête des Etats-Unis, Donald Trump a toujours été très sévère avec les pays européens de l’organisation. Des tensions qui - à l’époque - été qualifiées de “crise” au sein de l’OTAN, alors même que la Russie n’avait pas encore envahi l’Ukraine. En cas de succès de Donald Trump en novembre 2024, l’aide des Etats-Unis apportée à l’Ukraine pourrait grandement être limitée par le Congrès et un chef d’Etat pro-républicaine. Lors d'un meeting le 10 février 2024, l'ex-président a ravivé les inquiétudes. Donald Trump a menacé les pays de l'OTAN en retard de paiement au sein de leur défense : "vous devez payer vos dettes", a-t-il scandé, ajoutant qu'il ne les "protégerait pas d'une invasion de la Russie".
Donald Trump says he once told a European leader he’d abandon NATO members to a Russian invasion if they hadn’t met defense-spending commitments https://t.co/ZfHLwbch0t pic.twitter.com/q8bWdGdfY4
— Bloomberg TV (@BloombergTV) February 12, 2024
“Plus que jamais, l’OTAN a besoin d’être solide et unie. Tout point de faiblesse de l’OTAN est un bout de victoire pour Monsieur Poutine.”
Dans cette situation de guerre russo-ukrainienne, “l’OTAN relève de l’intérêt vital de la France” considère au contraire la députée : “il faut absolument que, en Européens, nous arrivions à renforcer au sein de l'OTAN notre capacité à nous défendre.”
La France a fait une partie du chemin avec sa loi de programmation militaire, a augmenté son budget défense, mais “ce n’est pas encore suffisant” note Anne Genetet. D'autres pays, comme l'Estonie ou la Pologne, sont allés beaucoup plus loin, avec 3 % de dépenses totales en dépenses militaires.
Pour le moment, “il n’y pas une voix qui manque” dans le soutien unanime apporté à l’Ukraine tient à rappeler Anne Genetet. Mais la députée reste vigilante et note qu’il faut s’inspirer de ce qu’il s’est passé au Conseil européen. Le 1er février, les 27 de l’Union se sont accordés sur un financement “solide et à long terme” de 50 milliards d’euros à l’Ukraine. “Plus que jamais, l’OTAN a besoin d’être solide et unie” appuie enfin la députée Renaissance et prévient que “tout point de faiblesse de l’OTAN est un bout de victoire pour Monsieur Poutine.”