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Hélène Conway-Mouret : « La présence en circonscription est indispensable »

La sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret, réélue il y a quelques semaines, est « heureuse de pouvoir continuer à représenter et défendre les Français de l’étranger ». D’autant plus que les sujets brûlants ne manquent pas. Sécurité des Français, défense, coopération internationale ou encore le lancement du projet « Erasmus Français de l’étranger », la sénatrice revient pour nous sur son programme chargé et déterminé, à l’image de son engagement auprès des Français de l’étranger.

helene conway mourethelene conway mouret
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 30 octobre 2023, mis à jour le 5 février 2024

Je vais également poursuivre mon engagement en faveur de la paix ainsi que mon travail sur les sujets sécuritaires et de défense

 

Vous avez été élue pour un nouveau mandat au Sénat. Quelle a été votre réaction ?

Ce fut évidemment une réaction de joie partagée avec ma famille ainsi que mes colistiers et soutiens engagés dans cette campagne à qui cette victoire revient. Je suis heureuse de pouvoir continuer à représenter et défendre les Français de l’étranger pour lesquels il reste encore beaucoup à faire dans le domaine éducatif, social, économique, sécuritaire et plus généralement tout ce qui relève de leur accès à des services publics de qualité. Je vais également poursuivre mon engagement en faveur des droits des femmes et de la paix ainsi que mon travail sur les sujets sécuritaires et de défense. Ces enjeux sont malheureusement plus que jamais au cœur de nos préoccupations et méritent toute notre attention.

 

Les résultats pour les Français de l’étranger reflètent les tendances politiques nationales

 

Plus généralement, quelle est votre analyse des résultats de cette sénatoriale ? 

Les résultats pour les Français de l’étranger reflètent les tendances politiques nationales même si la démultiplication des candidatures les rend plus incertains à prédire. Plus globalement, la composition du nouvel hémicycle au sénat est à l’image de la représentation politique de nos territoires car ne l’oublions pas les sénateurs sont élus au scrutin indirect par des grands électeurs. Bien qu’il ait perdu des sièges, le groupe LR conserve la majorité alors que les groupes centriste et de gauche en gagnent. Cela promet des débats intéressants lors des prochains textes qui arrivent au Sénat – projets de loi sur l’immigration, sur l’emploi ainsi que le PLFSS et le PLF, le rôle du sénat étant d’améliorer les textes et apporter des propositions concrètes qui soient justes et durables.

 

L'Afrique sera le moteur de la croissance mondiale de demain

 

Après le retrait des forces françaises du Niger, vous avez déclaré : “Il est désormais urgent de tirer les leçons de notre présence en Afrique et d’impulser une nouvelle diplomatie au service des populations, de la paix et du développement.” Quelle forme devrait prendre selon vous cette nouvelle diplomatie française en Afrique ? 

Je milite ardemment pour une diplomatie basée sur l’écoute des pays amis et la mise en place de partenariats basés sur leurs attentes et demandes et non plus sur notre analyse. Je reste convaincue que l’Afrique sera le moteur de la croissance mondiale de demain et que ce continent doit demeurer notre priorité qui ne peut pas se limiter aux questions sécuritaires. Nous devons investir et accompagner une jeunesse talentueuse, ambitieuse, pleine de ressources qui, demain, jouera un rôle déterminant dans le développement de ce continent et du monde. Aujourd’hui, nous sommes à un tournant avec une série de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. Ces derniers sont indicatifs de la volonté de changement radical auquel aspirent les populations locales. Je pense malheureusement qu’ils n’apporteront pas de solution à la pauvreté ni aux problèmes endogènes qui forcent souvent les populations à fuir quand elles le peuvent. 

 

 


 

La radio des francais dans le monde donne la parole aux expatriés

Retrouvez Hélène Conway-Mouret sur la Radio des Français dans le monde : 


 

 

Vous avez interpellé sur l’absence de convention fiscale entre la France et l’Uruguay. Quelles difficultés cela implique pour nos compatriotes ? 

L’absence de convention fiscale, que ce soit avec l’Uruguay ou avec d’autres pays, pose de réels problèmes à la fois de fiscalité pour nos compatriotes puisqu’ils sont soumis à une double imposition et de compétitivité pour nos entreprises qui sont implantées dans le pays et se trouvent pénalisées. Au mois de mars 2023, le gouvernement déclarait prendre acte de la nécessité de conclure une convention fiscale avec l’Uruguay. J’ai relancé et attends la réponse de Bruno Le Maire afin de connaître l’état d’avancement de cette réflexion.

 

Il est clair que nous n’investissons pas assez dans la recherche et n’accompagnons pas suffisamment nos chercheurs

 

La chercheuse Anne L’Huillier a reçu le Prix Nobel de Physiques. Elle exerce à Lund, en Suède. Est-ce selon vous un signe de l’importance de la coopération internationale ou un symbole de ce qu’on peut parfois appeler la “fuite des cerveaux” ? 

Tout d’abord, nous devons nous réjouir de l’attribution d’un nouveau prix Nobel à une Française. C’est une fierté pour elle d’abord, mais aussi pour nous tous.

S’il s’agissait de coopération internationale, ces chercheurs poursuivraient leurs travaux en France en relation avec leurs homologues. Il est clair que nous n’investissons pas assez dans la recherche et n’accompagnons pas suffisamment nos chercheurs et nos universitaires qui sont forcés de chercher des aides dans d’autres pays qui font le choix d’investir davantage dans la recherche. Pour un pays d’ingénieurs et de découvertes comme la France, cela est vraiment dommage à la fois sur le plan scientifique et économique ainsi que pour celles et ceux dont l’avenir prometteur ne peut être envisagé qu’à l’étranger et non dans leur propre pays.

 

J’œuvre pour la mise en place d’un nouvel « Erasmus Français de l’étranger »

 

Quels sont selon vous les défis les plus prenants pour les Français de l’étranger et sur quels dossiers souhaitez-vous vous mobiliser ?

Parmi les 110 propositions de notre programme de campagne que je me suis engagée à mettre en place, je retiendrais trois sujets qui me tiennent particulièrement à cœur. D’abord, je souhaiterais aller jusqu’au bout de la réforme de 2013 en renforçant les compétences et les moyens des conseils consulaires et des élus. Ensuite, j’aimerais poursuivre la réflexion entamée sur le regard que portent les Français d’Hexagone sur les Français de l’étranger. Enfin, j’entends continuer à défendre les services publics et les moyens des postes consulaires, des réseaux des lycées français de l’AEFE et de la MLF, des Instituts français et Alliances françaises ainsi que nos réseaux économiques, notamment les CCEF et chambres de commerce qui contribuent au rayonnement de la France dans le monde par la diversité de ses talents et compétences. J’œuvre par ailleurs pour la mise en place d’un nouvel « Erasmus Français de l’étranger »  afin de permettre aux Français binationaux, nés à l’étranger, de venir passer un semestre en France pour découvrir le pays, renforcer leur connaissance de la langue et de la culture et renforcer ainsi leur citoyenneté.

 

 Avez-vous prévu de prochains déplacements à l’international ?

Je me suis rendue à Bruxelles et Madrid pour des missions ciblées et planifie les prochains déplacements avec mon équipe pour l’année qui vient. Ils répondent généralement aux demandes locales à la fois des élus et des postes et puis ils sont essentiels pour informer mon travail parlementaire et l’ancrer dans le vécu et la réalité quotidienne de nos compatriotes. La majorité de mes interventions reprend les alertes de nos conseillères et conseillers ainsi que mes observations glanées sur le terrain. Enfin, ils permettent d’accompagner nos compatriotes vivant à l’étranger dans leurs démarches localement et dans l’Hexagone. Cette présence en circonscription est indispensable. 

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