FDMES: Nos 30 propositions pour l’enseignement français à l’étranger

Communiqué du groupe FDMES (Français du Monde Ecologie et Solidarité): En attendant la réforme…
Un postulat de départ différent
Disons-le simplement, nous refusons de nous insérer dans la commande présidentielle du doublement des effectifs dans les établissements d’enseignement français à l’étranger à coûts constants pour l’Etat. Notre postulat de départ n’est pas animé par le conservatisme et n’est pas un repli sur soi. Nous voulons le développement du réseau, qu’il remplisse pleinement sa double mission de scolarisation des enfants français à l’étranger avec la plus grande équité et mixité sociale possible et de rayonnement de la France.
Mais ce développement est celui d’un service public dans lequel l’Etat investit. Toute trajectoire de privatisation du réseau nous semble contre-productive à moyen terme. Nous parlons ici aussi de rationalité financière. Comme pour toute privatisation, quand on brade un service public de qualité au privé, tôt ou tard, c’est le contribuable qui en fait les frais.
Certains groupes privés s’affairent en ce moment autour du “produit” de l’enseignement français à l’étranger et l’Etat s’empresse de lui offrir des “parts de marché” afin de remplir la commande du doublement à coûts constants. Or ces groupes ne sont pas là par philanthropie. Tôt ou tard, il est à craindre qu’ils chercheront la rentabilité maximum, le retour sur leur investissement du moment, laissant les familles dans le désarroi.
D’ores et déjà, ces groupes sont attirés par l’homologation précoce que l’Etat leur offre sur un plateau sans attendre d’avoir même ouvert leurs portes, celle qui donne l’accès aux bourses scolaires dès l’ouverture pour leurs élèves.
Par ailleurs, ils veulent bénéficier de la présence d’enseignants titulaires de l’Education Nationale qui font la qualité actuelle du réseau, quitte à les débaucher.
Mais que se passera-t-il lorsque ces établissements auront atteint leur vitesse de croisière? Comme toute entreprise privée, la recherche de profits, la réduction des coûts et l’augmentation des marges seront à l’ordre du jour. La qualité baissera ou les frais de scolarité s’envoleront et la mission de service public sera dévoyée. Soyons-en sûrs, l’Etat sera alors appelé à la rescousse. Nous refusons ce pari hasardeux.
Nos 30 propositions pour le développement d’un service public de qualité d’enseignement français à l’étranger
- Prospection :
1- Donner aux SCAC (Services de Coopération et d’Action Culturelle des ambassades) les moyens humains et matériels de réaliser partout une analyse poussée des capacités de développement de nouveaux établissements et de renforcement de ceux existants, afin qu’ils procèdent à des analyses fines de la présence des communautés françaises et leurs souhaits pour la scolarisation de leurs enfants, notamment les usagers du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance).
- Coopération éducative :
2- En s’appuyant sur les conseils consulaires sur l’enseignement, rechercher les synergies entre les différents réseaux : enseignement français, enseignement en français (bilingues), enseignement du français.
3- Rechercher des partenariats étatiques afin d’ouvrir davantage l’enseignement français aux pays francophones et de l’UE (avec en retour, possibilité d’ouvrir le système des bourses scolaires aux Etats qui prendraient part au financement du réseau)
- Homologation :
4- Respecter pleinement les délais et les critères d’octroi de l’homologation.
5- Y rattacher des critères de bonne gestion, notamment sur la trajectoire des frais de scolarité.
6- Refuser les homologations de nouveaux établissements qui mettraient en péril un établissement conventionné ou EGD (Etablissement en Gestion Directe) déjà installé.
- Statut des établissements :
7- Privilégier systématiquement les associations parentales gestionnaires en leur offrant du conseil gratuit via les services de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE), pour la création de leur école ou leurs projets immobiliers et à court terme le conventionnement avec l’AEFE.
8- Cesser de s’interdire le passage en gestion directe des établissements parvenus à une taille imposant des prises de responsabilité trop importantes pour des parents bénévoles, s’ils le souhaitent.
- Ressources humaines :
9- Les postes de direction (proviseur, DAF et parfois directeur d’école primaire) doivent être occupés par des expatriés.
Enseignants résidents et recrutés locaux :
10- Viser l’équité entre les établissements avec un objectif de présence d’au moins 50% de titulaires dans tous les établissements du réseau.
11- Pour cela, revoir l’ISVL afin que les établissements déficitaires deviennent attractifs.
12- Permettre le financement des déménagements des familles des enseignants comme facteur d’attractivité.
13- Offrir la gratuité pour la scolarisation de leurs enfants.
14- Supprimer du plafond d’emploi les recrutés locaux dans les EGD.
15- Établir une trajectoire de détachements avec le MEN afin de suivre le développement des établissements.
16- Permettre aux recrutés locaux de réaliser leurs stages et leurs premières années de service à l’étranger.
17- Accentuer la formation de ces titulaires récents avec des stages courts en France.
18- Abonder le budget de la formation continue.
19- Pour les titulaires, privilégier le statut de résidents.
20- Mieux doter le corps d’inspecteur auprès de l’AEFE afin que tous les enseignants puissent être régulièrement évalués.
- Dotation budgétaire du réseau :
21- Abonder le financement de l’AEFE afin de couvrir la dépense réelle de la part patronale des pensions civiles et accrocher cette subvention aux évolutions du réseau.
- Bourses scolaires :
22- Ancrer les Quotients maximum et minimum du barème des bourses scolaires aux évolutions des frais de scolarité.
23- Rester dans une logique de besoins et non d’enveloppe afin que toutes les familles allocataires puissent envisager sereinement un parcours scolaire complet dans le réseau.
24- Associer les conseillers consulaires au dialogue de gestion.
- Place des parents :
25- Augmenter leur représentation au Conseil d’Administration de l’AEFE.
26- Leur confier une compétence d’avis obligatoire sur les budgets des établissements.
27- Les associer à un comité de suivi budgétaire préalable avec les élus consulaires.
28- Instituer des partages d’expériences fréquents entre l’AEFE et le Ministère de l’Education Nationale (politique d’apprentissage des langues et d’intégration des non francophones, enseignement professionnel, inclusion…)
- Attractivité et accès à l’enseignement supérieur en France :
29- Instituer dans chaque université un référent administratif d’accueil pour les étudiants nouvellement inscrits venant de l’étranger avec un guichet unique université-logement-CROUS-conditions de séjour.
30- Accélérer l’instruction des dossiers et les versements des bourses CROUS pour que l’étudiant(e) perçoive un premier versement dès le mois de septembre.