Avec une dette publique qui atteint 3.345 milliards d’euros en 2025, soit 114 % du PIB, la France devient le troisième pays le plus endetté de l’Union européenne, derrière la Grèce et l’Italie. Une dérive budgétaire inquiétante, qui alimente les craintes d’un engrenage vicieux entre remboursement de la dette, pression des marchés et perte de crédibilité auprès des institutions financières et politiques.


Force est de constater que la France vit au-dessus de ses moyens, et que l’ardoise ne cesse de s’allonger. À la fin du premier trimestre 2025, la dette publique de la France, calculée selon les critères de Maastricht, atteint 3.345,8 milliards d’euros, soit une augmentation de 40,5 milliards en trois mois et représente désormais 114 % du PIB. Un chiffre, déjà impressionnant, mais qui est d’autant plus préoccupant lorsque l’on jette un œil à la dette nette. Il s’agit de la dette une fois la trésorerie et certains actifs financiers soustrait. La dette nette grimpe alors à 106,1 % du PIB, soit une hausse de 52,6 milliards.
Quels sont les critères de Maastricht ?
Adoptés en 1992, les critères de Maastricht fixent les conditions économiques nécessaires à l’intégration et au bon fonctionnement de la zone euro. Ils imposent notamment aux États membres de maintenir un déficit public annuel inférieur à 3 % du PIB et une dette publique inférieure à 60 % du PIB. Si les seuils sont régulièrement dépassés, ils constituent toujours des repères centraux dans la gouvernance budgétaire européenne. Leur objectif est de garantir la stabilité de l’euro et la soutenabilité des finances publiques. En cas de non-respect, la Commission européenne peut engager une procédure pour déficit excessif, assortie de recommandations et, en théorie, de sanctions financières.

La France surendettée, à cause du secteur public
Dans cette montagne de dettes, l’État pèse à lui seul 2.723,7 milliards d’euros. Résultat, l’administration centrale cumule à elle seule 84 % de l’endettement public. À titre de comparaison, les collectivités locales ne représentent que 262,5 milliards d’euros (8 %) et la Sécurité sociale affiche une dette de 289,9 milliards (9 %).
Depuis 1973, la France n’a plus connu un seul exercice budgétaire excédentaire avec des dépenses publiques qui ne cessent d’exploser face à des recettes qui stagnent. En 2024, l’État a dépensé 1.670 milliards d’euros pour des recettes de seulement 1.500 milliards, creusant un déficit historique, l’un des pires jamais enregistrés en temps de paix. Les dépenses publiques ont alors atteint 57 % du PIB, bien au-dessus de la moyenne européenne. Autrement dit, la France vit au-dessus de ses moyens depuis plus d’un demi-siècle. Et l’ardoise continue de s’allonger.
Un cercle vicieux avec des intérêts qui dévorent le budget de l’État
Mais l’explosion de la dette engendre forcément une hausse des intérêts versés aux créanciers. En 2025, la charge de la dette devrait atteindre près de 67 milliards d’euros, soit davantage que le budget de la Défense et presque autant que celui de l’Éducation nationale. C’est alors autant d’argent en moins pour financer les services publics, les hôpitaux, les universités ou la transition écologique, qui vont pousser l’État à emprunter plus et la pousser dans un cercle vicieux.

La France grimpe sur le podium en Europe, les agences de notation grimacent
La France est désormais dans le peloton de tête des pays les plus endettés de la zone euro, juste derrière la Grèce (153,6 %) et l’Italie (135,3 %). Et bien loin des standards fixés à Maastricht - où la limite théorique de 60 % du PIB - semble à des années lumières. Le niveau de dette de la France interroge non seulement la capacité du pays à honorer ses engagements, mais aussi son influence politique au sein de l’Union européenne.
Les marchés, jusqu’ici plutôt patients, commencent donc à froncer les sourcils. Fitch, une agence de notation financière américaine, a abaissé la note de la France en 2023, suivi par Standard & Poor’s en 2024, reléguant la note à AA-, loin de l’excellence du triple A. Même Moody’s, réputée plus clémente dans ses évaluations, a dégradé la note française en décembre 2024, la passant de Aa2 à Aa3. Les trois grandes agences dénoncent notamment l’absence de stratégie claire pour assainir les finances publiques, l’instabilité économique et politique, et un endettement qui semble désormais hors de contrôle. Reste à savoir quelles seront les réactions et les justifications du gouvernement qui n’a pas encore communiqué.
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