Donald Trump annonce une hausse des droits de douane américains sur les exportations européennes, qui passent de 10 % à 15 %. En France, cette décision inquiète car elle affaiblit la compétitivité de secteurs clés comme l’automobile et l’agroalimentaire, ralentit la croissance et menace l’emploi. La classe politique française dénonce un accord « déséquilibré », qui traduit un bras de fer économique risquant de fragiliser durablement l’industrie et la compétitivité du pays.


Donald Trump annonce ce dimanche 27 juillet 2025, un accord « très puissant » avec l’Union européenne. Les États-Unis porteront désormais à 15 % les droits de douane sur la majorité des exportations européennes, contre 10 % jusque-là. Menacée d’une hausse à 30 % au 1er août, Bruxelles accepte ce compromis pour éviter une guerre commerciale. Trump justifie cette décision par la nécessité de corriger le déficit commercial structurel des États-Unis, évalué à 782 milliards d’euros en 2024, dont 200 milliards avec l’Union européenne.
Le président américain précise que l’automobile reste bien soumise à la nouvelle taxe de 15 %.
Ursula Von der Leyen valide des engagements majeurs
Ursula Von der Leyen évoque un « accord énorme », fruit de négociations difficiles en Écosse. En contrepartie de ce plafonnement des droits de douane, l’UE s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars US d’énergie américaine sur trois ans et à investir 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis. Certains secteurs, comme la pharmacie et une partie de l’aéronautique, bénéficient d’exemptions temporaires. Mais le président américain précise que l’automobile reste bien soumise à la nouvelle taxe de 15 %.
Together, the EU and the US are a market of 800 million people.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) July 27, 2025
And nearly 44 percent of global GDP.
It’s the biggest trade deal ever ↓ https://t.co/rG3cHebXEk
Pour Donald Trump, l’Union européenne constitue, après la Chine, le second partenaire avec lequel les États-Unis accusent un déficit massif. Le déséquilibre repose surtout sur les biens, concentrés en Allemagne et en Italie. La France affiche une balance commerciale presque à l’équilibre. Mais toute l’Europe subit les conséquences d’un bras de fer engagé au nom du protectionnisme américain.

Environ 2.000 entreprises françaises sont fortement exposées avec plus de 10% de leur chiffre d'affaires réalisé sur ce marché
Secteurs menacés, 2.000 entreprises françaises directement exposées
En France, les secteurs clés comme l’automobile, l’agroalimentaire, la chimie ou le textile risquent de perdre en compétitivité. Selon le Cepii, les produits français sont déjà soumis à une taxation moyenne de 13 %, contre 3 % avant le retour de Donald Trump au pouvoir. L’accord entérine cette hausse. L’aéronautique et la construction navale, pourtant épargnées en partie, restent exposées à des mesures incertaines.

Selon la dernière étude du service statistique ministériel des douanes, publiée ce vendredi 25 juillet 2025*, l’augmentation des droits de douane représente une pression supplémentaire sur l’économie française. En 2024, près de 14.700 entreprises françaises ont exporté pour 48.6 milliards d’euros vers les États-Unis, un marché clé notamment pour les secteurs de l’aéronautique, de la maroquinerie et de l’agroalimentaire. Environ 2.000 entreprises françaises sont fortement exposées avec plus de 10% de leur chiffre d'affaires réalisé sur ce marché. Cette hausse tarifaire risque de fragiliser leur compétitivité en réduisant leur marge. Une augmentation de 5 points pourrait représenter une perte de marge de 1 à 2 points en moyenne, et bien plus pour les PME et microentreprises…Dans ce contexte de tensions commerciales accrues, l’industrie française est directement menacée par ce ralentissement d’exportations.

Le gouvernement français convoque ce mercredi 30 juillet une réunion à Bercy pour évaluer les impacts concrets sur les filières exposées.
La France réagit avec inquiétude
À Paris, la classe politique dénonce un accord déséquilibré. François Bayrou évoque un « jour sombre », tandis que le ministre chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, pointe une « soumission stratégique » face à la coercition économique américaine. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 : seulement 0,5 %, contre 0,8 % auparavant. L’institut anticipe également un retour du chômage à 9 % d’ici 2027.
Le gouvernement français convoque ce mercredi 30 juillet une réunion à Bercy avec les fédérations industrielles pour évaluer les impacts concrets sur les filières exposées. Laurent Saint-Martin, ministre délégué au commerce extérieur, appelle à un « rééquilibrage rapide ». Les Européens espéraient initialement un allègement des taxes, mais se retrouvent à acter leur renforcement.
*Études et éclairages n°101 - pour aller plus loin, cette étude analyse la situation des entreprises françaises exportant vers les Etats-Unis selon leur taille, leur organisation et leur secteur d’activité.
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