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L’Amérique à vélo, une aventure père-fils hors du commun

À deux roues, libres, Benjamin et son père sillonnent l’Amérique à vélo. Partis de Chicago en octobre 2023, ils pédalent en direction d’Ushuaïa au cours d’un projet palpitant de 18 mois. Avec son “binôme de voyage de toujours”, Benjamin savoure chaque jour cette “vadrouille” qu’il partage sur un compte Instagram et à lepetitjournal.com.

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La vallée de dieux, un épisode de l'incroyable aventure de Benjamin et son père Jacky. © Benjivadrouille
Écrit par Teddy Perez
Publié le 23 février 2024, mis à jour le 23 mars 2024

Entre deux journées à s’aventurer sur les routes mexicaines, Benjamin a pris le temps de raconter les cinq premiers mois de ce périple père-fils : “si notre voyage peut inspirer d’autres personnes, alors c’est le top.” La tête dans le guidon, ils descendent les Amériques et font profiter sur le compte Instagram “Benjivadrouille” de paysages magnifiques. À distance, son grand frère Quentin pilote le profil Instagram. Il est vrai qu’à Tours en France, il est parfois plus simple d’avoir une bonne connexion !

Cette gestion familiale permet aux “suiveurs” de @benjivadrouille de “découvrir des endroits loin des touristes”. Entre les plongées sur des plages paradisiaques, les campements perdus dans l’Ouest étasunien et les courses sur les côtes sauvages mexicaines, le dépaysement est garanti.

 

 

Vélo, vaccins, visa… les préparatifs avant le top départ

Nous avons commencé à préparer notre projet six mois avant le début du voyage.”. À 23 ans, Benjamin vient tout juste de finir ses études. “Je voulais partir après les avoir terminées, faire les Amériques à pieds ou encore acheter une petite voiture sur place”. D’abord envisagé seul, son voyage s’imagine rapidement avec son père. Et cela tombe bien car depuis peu, Jacky est à la retraite. “C’était l’occasion rêvée car cela faisait plus d’un an que ça nous trottait en tête”.

Les deux ont un goût de l’aventure très prononcé. Ils ont déjà fait beaucoup de voyages et de barodes ensemble, dont un tour du monde en camping car de trois ans en famille lorsque Benjamin était enfant. Cette fois, le confort a laissé place à l’effort. Un défi fou qui a demandé un peu d’organisation en amont : “on a dû faire quelques commandes, acheter mon vélo, des sacoches, pas mal d'équipements mais nous avions aussi quelques matériels de randonnée.

Ce n’est pas tout ! Partir à l’autre bout du monde implique des prérogatives administratives et sanitaires. Des nécessités qui n’ont pas effrayé le duo de futurs coureurs cyclistes d’élite. Benjamin les présente : “nous avons dû faire une demande de visa Esta d’entrée aux USA pour une durée de trois mois, qui est simple à réaliser. Il y avait aussi toute la planification des assurances, qui prennent en charge les frais sanitaires ou un possible rapatriement. Il faut s’assurer d’avoir les vaccins à jour. J’en ai fait quatre.

 

 

Transmission père-fils : “on se connaît parfaitement, sait très bien ce que l’on veut et comment réagit l’autre.”

Les personnes que nous rencontrons notent que ce n’est banal, mais pour moi ça l’est car j’ai toujours connu cela avec mon père." Après cinq mois de voyage, Jacky et Benjamin n’ont pas encore perdu les pédales ! Ils s’adaptent aux changements de plan continus, aux intempéries et imprévus. “Dormir en tente sur un terrain humide” ou “ne pas avoir de points fixes pendant des mois et des mois” ça ne leur fait pas peur. Au contraire, ces galères de voyage renforcent leur complicité : “on se connaît parfaitement, on sait très bien ce que l’on veut et comment peut réagir l’autre… La relation a changé un peu en grandissant mais on connaît les qualités, forces, faiblesses de chacun. Nous avons les mêmes attentes de voyage.

Pour Benjamin, partager cette aventure avec son père est, on le comprend bien, une évidence. Une évidence renforcée par le fait que le jeune homme est conscient que ce périple d’une telle ampleur est sans doute le dernier qu’il pourra réaliser avec son père : “il a 65 ans, il ne faut pas l’oublier, et quelques problèmes aux genoux. Cela ne l’empêche pas de faire du vélo mais après des journées de randonnées, le lendemain c’est plus compliqué.” Le binôme a parfois dû mettre des barrières dans leur programme. Mais le résultat après ces premiers mois est évidemment très positif, et c’est un euphémisme : “on est heureux, la relation marche très bien - il y a quelques ajustements à faire encore (rires) - mais nous n’avions pas de doute là-dessus.”.

 

“Il y a beaucoup de préjugés sur le voyage. La grande majorité de nos rencontres, ce sont des gens gentils, aidants, bienveillants.”

 

Lorsque l’on suit de près leurs aventures sur les réseaux sociaux, difficile de se dire comment les deux hommes peuvent regretter de s’être lancés dans un pareil défi. Un saut dans l’inconnu que Benjamin a souhaité largement relativiser. “Si on écoute beaucoup de gens, on voyagerait très peu” lance-t-il. Celui qui n’en est pas à sa première excursion ajoute : “il y a beaucoup de préjugés sur le voyage. La grande majorité, c'est des gens gentils, aidants, bienveillants. Il ne faut pas tomber sur des personnes dangereuses mais il y en a partout, même en France.

Durant son passage au Mexique, Benjamin ne s’est effectivement pas pris de “balles perdues” plaisante-t-il. Néanmoins, il est conscient des endroits où il est déconseillé d’aller. Notamment en Equateur, qu’il préfère éviter avec son père, de la même manière qu’ils n'iraient pas “dans certains pays d’Afrique où il y a des guerres civiles.”.

 

 

 

Dans l’Utah ou en Basse-Californie, les anecdotes ne manquent pas

Avant de reprendre la route, “Benji” a pris le temps de nous partager des récits de leur voyage. Histoire de nous mettre l’eau à la bouche. Expression parfaitement choisie pour l’une de ses anecdotes. Durant leur descente du géant continent américain, tout n’est pas toujours parfait mais “c’est ce qui stimule” avoue Benjamin. Si le père et le fils ont vécu des moments “à couper le souffle” dans la Valley of the Gods dans l’Utah et ses paysages “typiques western” après une journée difficile à vélo, ils ont aussi fait face aux aléas du direct :

“Après une journée parfaite en Basse-Californie (Mexique), proche de la mer, où l’on voyait les dauphins, nous avons vécu un très gros orage. À vélo déjà, le programme de la journée comportait des montées difficiles et nous nous sommes posés dans un endroit peu confortable, avec de la terre et des cailloux, un peu désert. Nous plantons les tentes aussi bien que nous pouvons. Dans la soirée, on voit qu’il y a un orage qui vient. Il prend de plus en plus d’espace dans le ciel. Les éclairs arrivent. Cela semble être très violent. Je vais dans ma tente. Et en quelques minutes, le temps passe de quelques gouttes à des trombes d’eau, beaucoup de vent et un sol en terre qui se transforme en boue. Les sardines ne tiennent plus, la tente devient inondée. Puis je vois des gros flashs dans le ciel et des bruits de détonation. La nuit a été horrible et le réveil vraiment humide. Ce n’était pas un moment plaisant. Et la reprise de la route non plus. Mais j’adore ces situations qui sur le moment ne sont pas plaisantes. C’est de la galère que naissent de bons souvenirs.”

Pas de coup de pompe à l’horizon, peu importe les conditions, le binôme “profite à fond” de son périple. Il pense même l’étendre dans une durée supérieure à 18 mois, quitte à dériver sur un autre continent.

Teddy Perez
Publié le 3 mars 2024, mis à jour le 23 mars 2024
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