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L’UNESCO alerte sur le recul de la liberté d’expression et de la presse dans le monde

La liberté d’expression affiche son déclin le plus marqué depuis 2012, alerte l’UNESCO dans un rapport publié lundi 15 décembre 2025. Une conséquence de l’augmentation préoccupante de l’autocensure chez les journalistes et des attaques dont ils font l’objet.

Des personnes tiennent des pancartes lors d'une manifestion pour la liberté d'expression et de la presse.Des personnes tiennent des pancartes lors d'une manifestion pour la liberté d'expression et de la presse.
Depuis 2012, la liberté d’expression a reculé de 10 % dans le monde, selon les données de l’UNESCO. Crédit : Narih Lee via Flickr. CC BY 2.0.
Écrit par Sherilyn Soekatma
Publié le 17 décembre 2025

 

Dans un rapport publié lundi 15 décembre 2025, l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) alerte sur le déclin de la liberté d’expression dans le monde. Depuis 2012, celle-ci a reculé de 10 %, un niveau de dégradation inédit depuis « la fin des années 1970, pendant la Guerre froide » et une « preuve frappante de l’érosion de la liberté de la presse ».

Plus inquiétant encore, la dégradation s’est accélérée ces dernières années, notamment depuis 2022. Et le parallèle est d’autant plus frappant que, pour la première fois depuis deux décennies, les démocraties sont désormais minoritaires, tandis que 72 % de la population mondiale vit sous des régimes autoritaires.

 

Les journalistes en première ligne

Selon les chiffres de l’UNESCO, 310 journalistes ont été tués au cours des trois dernières années et demie, dont 186 alors qu’ils couvraient des zones de conflit.

Sur la même période, 24 femmes journalistes ont été tuées. Selon l’UNESCO, les femmes journalistes sont ciblées de manière disproportionnée et font face à des violences spécifiques, notamment en ligne. Près de 3 femmes journalistes sur 4 déclarent avoir subi des attaques en ligne, allant du doxxing [divulgation de données personnelles] aux menaces sexuelles ou de mort.

 

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De même, les journalistes spécialistes de l’environnement sont de plus en plus menacés, rapporte l’UNESCO. Depuis 2010, 46 d’entre eux ont été tués, tandis que 749 ont subi des attaques. Des pressions telles qu’elles poussent à l’autocensure : entre 2012 et 2024, celle-ci à progressé de 63 % au détriment de « sujets critiques ou risqués », qu’ils concernent la politique ou le climat.

 

Une détérioration généralisée

La pression croissante sur les médias indépendants et les journalistes a contraint plus de 900 journalistes à l’exil en Amérique latine et dans les Caraïbes. Selon les données de l’UNESCO, la liberté d’expression a chuté de près de 7 % dans la région entre 2012 et 2024.

La tendance n’épargne pas non plus l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord où la liberté d’expression a baissé de près de 6 %. Ce déclin est d’autant plus marqué dans le monde arabe avec plus de 11 %. Il est de plus de 4 % en Afrique. L’UNESCO pointe notamment « des pressions politiques croissantes, la polarisation et un environnement informationnel hostile » au travail des médias.

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