Tiphaine Véron au Japon, “l’ambassade, cruciale dans les disparitions à l’étranger"

 

Les disparitions sans explication ou les enlèvements représentent un supplice quotidien pour les proches.  La rédaction a décidé de faire écho au combat que mène Damien Véron et sa famille depuis 7 ans

 

Célébrée depuis 2011, la journée internationale des personnes victimes de disparition forcée fait écho à un phénomène aux multiples visages. Les victimes disparaissent de la société laissant les familles dans une attente interminable qui oscille entre espoir et désespoir.  En semant peur et insécurité, les disparitions forcées deviennent une véritable arme pour désorganiser les sociétés et briser leur cohésion, notamment dans le cadre d’un conflit ou d’une dictature. Les disparitions sans explication ou les enlèvements représentent un supplice quotidien pour les proches. 

Lepetitjournal.com a décidé de faire écho au combat que mène Damien Véron et sa famille depuis 7 ans. Le 29 juillet 2018, Tiphaine Véron, originaire du Poitou, disparaît alors qu’elle était en vacances au Japon, dans la ville de Nikkô, à 150 km au nord de Tokyo. La jeune femme de 36 ans travaillait en tant qu’auxiliaire de vie dans une école pour enfants handicapés. Passionnée par le Japon depuis toujours, elle n’en était pas à son premier voyage dans le pays. Sa disparition est un vrai mystère. Depuis, sa famille se démène pour tenter de la retrouver avec l’aide de la police japonaise et d’enquêteurs privés. A ce jour, Tiphaine reste introuvable. En juillet 2025, ses proches se lancent dans le voyage de la vérité. 

 

 

 

Relance d’enquête sur la disparition de Tiphaine au Japon “le voyage est décisif”

 

 

Selon la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, proclamée en 1992, il y a disparition forcée lorsque : « des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées contre leur volonté ou privées de toute autre manière de leur liberté par des agents du gouvernement, de quelque service ou à quelque niveau que ce soit, par des groupes organisés ou par des particuliers (...) ».

 

 

Un nouveau rapport sur la téléphonie - attendu depuis très longtemps - vient de tomber et nous confirme enfin que Tiphaine n’est pas sortie de l’hôtel le 29 juillet 2018

 

 

Vous rentrez d’un voyage au Japon sur les traces de votre sœur Tiphaine, quelles étaient vos attentes en retournant à Nikkô sept ans après sa disparition ?

Cela fait 6 mois que je prépare ce voyage. Chaque fois que nous allons au Japon, nous venons avec un maximum d’actions à mener et de nouveaux éléments. En 2023, sous pression de l’ONU, le gouverneur de Tochigi (préfecture de Nikko) s'est excusé publiquement. Cette intervention a permis de libérer la parole au Japon. Sur place, nous avons donc beaucoup de volontaires prêts à nous aider. Nous avions lancé un appel à témoins en japonais. Nous avons reçu des réponses que nous devons analyser. Nous avions aussi l’objectif de rencontrer la police de Nikko pour connaître les avancées. Un nouveau rapport sur la téléphonie - attendu depuis très longtemps - vient de tomber et nous confirme enfin que Tiphaine n’est pas sortie de l’hôtel le 29 juillet 2018. Nous espérons qu’un des suspects qui avait confirmé que Tiphaine était sortie de l’hôtel puisse être à nouveau interrogé. Ce voyage avait aussi pour objectif de  mobiliser l’ambassade de France au Japon et lancer des évènements. Nous avons d’ailleurs planté un cerisier près d’un lieu touristique. Tiphaine aimait beaucoup cet arbre… 

 

Depuis 2022, une cagnotte est mise en place pour aider la famille de Tiphaine.

 

 

 

 

 

Quelles sont les avancées sur place dont vous pouvez nous parler ? 

La plus grande avancée est ce rapport sur la téléphonie. Il a été réalisé par Paul-Oliver Dehaye, spécialiste de l’analyse des données Google. C’est une pression énorme sur la police, il est compliqué de ne pas en tenir compte. 

 

 

 

Nous pensons d’ailleurs que le rôle des ambassades est déterminant dans toutes les disparitions à l'international. La diplomatie est à nos côtés et surtout, elle est sur place

 

 

Vous avez rencontré l’ambassadeur de France au Japon. Comment l’ambassade vous accompagne dans votre démarche ? 

Oui, dès mon arrivée, j’ai été reçu par l’ambassadeur au Japon, Philippe Setton. Il nous montre ainsi à quel point il est impliqué dans notre combat. Il a bien transmis notre volonté de rencontrer Emmanuel Macron pour légitimer et appuyer notre démarche. Il pourrait également mettre une certaine pression sur la police de Nikko pour rouvrir une enquête, ce qui n’est pas encore le cas. Le 25 juillet, une réunion avec la police a eu lieu en présence de l’ambassade. Nous avons aussi eu l’appui de députés auprès du Président de la République. Nous avons eu une réponse du cabinet qui déclare qu’une rencontre n’est pas impossible. Le fait de nous recevoir serait un message fort auprès des autorités japonaises et incite à rouvrir une enquête. La prise de parole d’Emmanuel Macron serait essentielle. 

 

Tiphaine Veron, 7 ans après, le combat continue

 

Le lien avec l’ambassade est essentiel pour nous, nous les remercions. Nous pensons d’ailleurs que le rôle des ambassades est déterminant dans toutes les disparitions à l'international. La diplomatie est à nos côtés et surtout, elle est sur place. Dans notre dossier, une instruction est ouverte en France ce qui n’est pas toujours le cas. Nous avons donc le sentiment d’être soutenus par le pouvoir judiciaire. Le cas de Tiphaine a été repris par le pôle Cold case d’ailleurs*

 

*En Janvier 2023, nouvelle avancée majeure : l ’affaire est prise en compte au sein du département Pôle Cold-Case à Nanterre. Des expertises sont menées sur les effets personnels de la jeune femme disparue et des demandes sont réalisées pour obtenir les vidéos de surveillance. 

 

 

 

 

Sept ans de disparition, comment vivez-vous, personnellement, ce combat au long cours ? 

Pour moi, c’était l’ultime voyage et donc lourd de sens. Mais finalement, les grandes avancées - rapport de téléphonie, points GPS erronés - remettent en cause la situation et surtout pointe clairement du doigt le principal suspect, l'hôtelier. J’ai l’impression que tout redémarre. A nos yeux, tout se relance !