En mobilité internationale, le projet d’enfant peut devenir le plus grand défi d’une vie. Marion, sage femme et expatriée depuis une décennie en Afrique, a décidé de créer « Naissances Nomades » pour accompagner sur mesure « ce grand et extraordinaire bouleversement où que l’on soit dans le monde ».
Aux Philippines, je voulais vivre ma maternité au plus proche de toutes ces femmes que je voyais au quotidien.
Marion, sage femme et expatriée en Asie puis en Afrique
Marion est sage femme de formation. Un métier qu’elle décide de vivre à l’étranger d’abord à Londres, en milieu hospitalier : « les sage femmes venaient de toute l’Europe. Culturellement c’est très enrichissant ! ». En 2010, jeune mariée, elle part avec son conjoint aux Philippines. Le couple travaille en Volontariat de Solidarité International (VSI) au cœur des bidonvilles. Marion côtoie chaque jour des femmes et des enfants en pré-scolarité. Elle est responsable de santé et nutrition dans des écoles maternelles dans tout Manille. « Je n’ai pas de mots pour dire à quel point cette expérience m’a touchée et transformée. C’était extraordinaire. J’ai eu mon premier enfant là-bas. Je voulais vivre ma maternité au plus proche de toutes ces femmes que je voyais au quotidien. Il n’y avait pas de raison pour moi de rentrer en France pour accoucher.”
Au bout de deux ans, le couple rentre en France. Marion réalise un master à Bordeaux et part en République du Congo pour son stage en 2014. Arrivée à l’hôpital public de Pointe Noire, elle réalise que la réalité de la maternité est très dure. Maman d’un deuxième enfant, elle accepte une mission de formation de sage femmes à Pointe Noire : « J’avais deux petites filles, c’était dur émotionnellement de concilier mon rôle de maman avec les difficultés sur place, le manque de moyens, d’hygiène, de compétences. ». Marion accouche de son troisième enfant, cette fois en Afrique du Sud en 2016 : « ma belle famille y est installée, j’ai donc vécu une troisième expérience de grossesse et d’accouchement à l’étranger. J’ai découvert l’accompagnement d’une doula. »
De retour à Pointe Noire, la sage femme décide de reprendre le suivi de grossesse en libéral. Pendant 7 ans, et deux enfants supplémentaires - dont un accouchement à domicile à Pointe Noire -, elle réalise que beaucoup de femmes sont stressées, perdues ou mal accompagnées. A Pointe Noire, elle rencontre Marie, une Franco-Libanaise qui a travaillé 15 ans au sein d’ONG au Moyen-Orient et en Afrique Centrale en tant que salariée puis consultante. Installée au Congo Brazzaville depuis 2015, Marie a vécu trois grossesses à l’étranger et veut s’engager auprès des parents en mobilité internationale. L’intuition des deux femmes les guident alors vers un projet d’accompagnement de naissance et grossesse. Elles intègrent Willa Expat, un incubateur dédié aux entrepreneurs expatriées pendant 4 mois. En septembre 2023, les entrepreneures se lancent et fondent Naissance Nomades.
Willa Expat, un incubateur ”boost” pour les entrepreneures en expatriation
la maternité en mobilité internationale est un défi immense, gigantesque...
Naissances Nomades, accompagner un projet d’enfant au delà des frontières
En côtoyant professionnellement et personnellement des mamans et en vivant elle-même des grossesses à l’étranger, Marion le sait mieux que quiconque : la maternité en mobilité internationale est un défi immense, gigantesque. « Comment la grossesse se passe dans mon pays ? » « Puis-je accoucher selon mon projet ? » « Comment suis-je suivie ? » « Quels tests dois-je faire ? » « Est-ce que l’alimentation de ce pays est recommandée pour mon bébé ? » « Quels sont les standards d’accouchement ? » “Vais-je avoir mal ?” « Vais-je avoir une rééducation du périnée ? » « Comment suis-je accompagnée en post partum ? » « Quel est l’image d’une femme enceinte dans mon pays d’expatriation ? » Tant de questions que les jeunes et futurs parents expatriés se posent et se poseront encore.
« Nous avons créé Naissances Nomades car nous sommes convaincues que les couples en mobilité ont besoin d’un accompagnement sur mesure pour vivre sereinement et en confiance leur projet d’enfants » explique Marion. « Nous voulons donner toutes les informations pour préparer son accouchement et son post-partum pour que les femmes choisissent en conscience où et comment elles veulent accoucher. Nous contribuons au bien-naître des couples en mobilité »
Les futurs et jeunes parents ont besoin d’un entourage formé, particulièrement lorsqu’ils ne vivent pas auprès des leurs proches ni dans leur pays d’origine.
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Une grossesse en Asie n’est pas la même qu’une grossesse en Afrique
L’accompagnement d’un projet d’enfant n’est pas le même en Asie ou en Afrique. La culture et les mœurs ont une place importante. Marion, en Afrique depuis 10 ans, apporte aussi des conseils culturels à ses patientes : « Pour un projet de naissance, comme le post-partum, nous pensons qu’il faut anticiper et être préparé(e)s dans les moindres détails. Les futurs et jeunes parents ont besoin d’un entourage formé, particulièrement lorsqu’ils ne vivent pas auprès des leurs proches ni dans leur pays d’origine. »
« La maternité est, selon moi, l’une des plus belles aventures de notre vie. Mais nous méconnaissons notre corps et ce qu’il va lui arriver »
Ne pouvant pas être physiquement partout, et comme son nom l’indique, le projet de Marion est 100% nomade « nous proposons un parcours en ligne basé sur des vidéos. Nous sommes encore au début de Naissances Nomades, nous sommes en train de développer différents programmes. Nous avons un programme existant sur la naissance, pensé sur 6 mois composé de 13 vidéos, d’une durée totale de 3h. Nous expliquons le processus du travail, l’anatomie de la femme, le rôle des professionnels autour d’une naissance, les étapes d’un accouchement, les interventions médicales, les complications possibles. Enfin nous approfondissons sur la peur de donner naissance, les douleurs (et les ressources pour les éviter), le conjoint dans tout cela… ». En plus d’un contenu vidéo de qualité, les parents ont des rendez-vous en visio pour poser toutes leurs questions. Un groupe Facebook privé existe aussi pour échanger avec d’autres familles. Un projet de programme autour du post-partum est en cours de tournage.
« La maternité est, selon moi, l’une des plus belles aventures de notre vie. Mais nous méconnaissons notre corps et ce qu’il va lui arriver » confie Marion. « Il ne faut pas rester avec ses difficultés, loin de repères solides. L’expatriation a déjà son lot de mystères, y vivre un projet d’enfant ne doit pas en ajouter ! », sourit la sage femme qui s’installe bientôt en Afrique du Sud, de nouveaux projets pour Naissances Nomades plein la tête…
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