Matthieu Ventelon : ambassadeur de l’art de vivre à la française en Chine

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous raconter votre parcours académique ?

Je suis né à Tours mais j’ai grandi à Toulouse. Après le lycée, j’ai intégré une école de commerce toulousaine. En deuxième année de licence, j’ai eu la chance de partir en échange académique à Montréal pendant un an.

Je suis ensuite rentré en France pour intégrer le Master International Business de SKEMA Business School. Après un semestre sur le campus de Lille, j’ai souhaité découvrir les campus à l’étranger. En effet, la dimension internationale est l’un des points forts de l’école et l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de rejoindre cette business school.

Je suis donc parti étudier 6 mois sur le campus de Raleigh, en Caroline du Nord, aux États-Unis. Je connaissais déjà un peu le pays pour y avoir effectué quelques voyages. C’est une destination qui m’attirait beaucoup à l’époque et j’envisageais même d’y démarrer ma carrière, ayant toujours eu à cœur de travailler à l’étranger.

Je suis ensuite rentré en France pour effectuer une année de césure à Paris pendant laquelle j’ai travaillé dans le domaine du son, un milieu qui m’attirait beaucoup étant passionné de musique depuis toujours. J’ai travaillé pendant un an pour le développement commercial d’une startup qui produisait des haut-parleurs directionnels.

Puis, j’ai eu envie de découvrir l’Asie, une destination que je ne connaissais pas du tout et qui m’intriguait. J’ai effectué 6 mois d’échange académique à Séoul, en Corée du Sud et j’ai eu un vrai coup de cœur pour cette ville.

Lors de mon Master 2 à SKEMA Business School, je me suis spécialisé en Entrepreneurship & Innovation. Toujours avide d’explorer l’Asie, je suis parti étudier 6 mois sur le campus de SKEMA à Suzhou, en Chine, à une centaine de kilomètres de Shanghai.

Au premier abord, je n’ai pas été très séduit par cette ville. Mais j’ai rapidement lié de belles amitiés et j’ai eu l’occasion d'explorer la vieille ville, un lieu plein de charme, parsemé de canaux et de petites ruelles, qui lui valent le surnom de « Venise orientale ». J’ai fini par adorer Suzhou ! C’est aussi là que j’ai rencontré ma femme.

 

 

Quel a été votre parcours professionnel après SKEMA Business School ?

À la fin de mon semestre d’études à Suzhou, j’ai décidé de chercher des opportunités professionnelles sur place. J’ai alors réalisé un stage pour BottlesXO, une société importatrice de vins, spécialisée dans la livraison à domicile.

À l’époque, je ne connaissais pas très bien le milieu du vin mais mon père est un grand œnophile et, étant originaire de la Loire, c’est un milieu qui m’était tout de même assez familier.

J’étais chargé du développement commercial de la société. Autrement dit, mon rôle était de vendre du vin à des entreprises, des restaurants, des particuliers… En parallèle, je me suis formé avec le WSET (Wine & Spirit Education Trust), le plus grand organisme de formation au monde dans le domaine des vins. J’ai suivi le niveau 1 à Paris puis le niveau 2 à Londres. Cette formation de référence m’a permis de développer une première expertise en œnologie.

Cette expérience professionnelle, qui a duré un an et demi, a été le tremplin pour la suite de l’aventure en Chine.

 

La culture et l’art de la table chinois étant très différents, cet atelier a suscité beaucoup d’intérêt et j’ai rapidement reçu un grand nombre de demandes pour en organiser d’autres.

 

Comment est née votre société Hedonia ?

Quand je travaillais chez BottlesXO, je devais, pour vendre le vin, organiser des ateliers de dégustation, pendant lesquels j’expliquais à un public chinois comment déguster et servir le vin. Un jour, une professeure d’anglais qui travaillait au sein d’une école où j’animais des ateliers m’a demandé si je pouvais également enseigner l’art de vivre et les bonnes manières à la française.

Au début, cette demande m’a un peu étonné, mais connaissant bien le sujet grâce à l’éducation reçue par ma mère, j’ai décidé de me lancer ! J’ai donc organisé un atelier d’1h30 qui expliquait comment dresser une table, poser les couverts, se tenir à table et déguster des vins…

La culture et l’art de la table chinois étant très différents, cet atelier a suscité beaucoup d’intérêt et j’ai rapidement reçu un grand nombre de demandes pour en organiser d’autres.

Là, j’ai compris qu’il y avait une opportunité à saisir : c’est comme ça qu’est née, en décembre 2018, mon entreprise Hedonia.

 

Hedonia est un institut de formation spécialisé dans deux domaines : l’œnologie et l'étiquette.

 

Quels services propose Hedonia et à qui s’adressent-ils ?

Hedonia est un institut de formation spécialisé dans deux domaines : l’œnologie et l'étiquette. Autour de la culture du vin, nous proposons des ateliers et des formations (dégustation, accord mets-vin, sommellerie…). Ces formations s'adressent à un public issu de l’hôtellerie (serveurs, étudiants en écoles hôtelières…) et à des particuliers. Nous proposons également des formations WSET à Shanghai tous les mois, en anglais et en chinois. Nous organisons aussi des voyages œnotouristiques à la découverte de célèbres régions viticoles en Chine (Ningxia, Yunnan…) et en France (Bourgogne, Champagne, Bordelais, Paris…). Ces voyages permettent de créer du lien entre la France et la Chine.

En ce qui concerne notre offre Étiquette, nous proposons des formations à différents publics :

• Des marques du luxe qui souhaitent améliorer l’accueil des clients en magasin (nous avons notamment accompagné des maisons telles que Cartier et Jaeger Lecoultre) ;
• Des commerciaux qui doivent accompagner les clients VIP à l’occasion de salons ;
• Des entreprises internationales dont les employés voyagent à travers le monde, à qui nous proposons des cours de business étiquette (comment mener un repas d’affaires avec un homologue européen, quel est le code vestimentaire approprié, quelles sont les bonnes manières à connaître pour éviter de commettre des impairs…) ;
• Des écoles de commerce, dont SKEMA Business School, auprès d’étudiants chinois qui ont un projet de départ en France. Nous leur expliquons la culture française et les codes à connaître pour faciliter l’intégration sur place.

Nous avons également une offre événementielle qui s’adresse à des marques françaises (L’Oréal, DS Automobile, Guerlain…), à qui nous proposons des événements à destination de leurs clients VIP : dégustation de vin ; thé à la française ; ateliers modes ; bonnes manières à table…

Notre offre s’est élargie au web et nous proposons, depuis trois ans, des vidéos en chinois autour de ces différentes thématiques (le vin, l’étiquette, la culture française…).

En bref, Hedonia, c’est l’art de vivre à la française, en Chine ! J’aime beaucoup tenir ce rôle d’ambassadeur de la culture française en Chine.

 

 

Pourquoi avoir fait le choix d’intégrer SKEMA Business School ?

Mon frère avait lui-même suivi ses études à SKEMA Business School et rejoint le campus de Suzhou plusieurs années auparavant, je connaissais donc bien l’école. Mais c’est surtout la forte mobilité internationale proposée aux étudiants qui m’a convaincu.

Pendant mes études à SKEMA, j’ai en effet eu la chance d’étudier dans 5 villes différentes à travers le monde !

Outre cette dimension internationale, j’ai beaucoup apprécié la qualité de l’enseignement. Les enseignants sont eux-mêmes des professionnels aux brillants parcours, dont certains avaient créé une entreprise à l’étranger. C’était très inspirant !

SKEMA Business School m’a également beaucoup soutenu dès le lancement de ma société en me permettant d’animer des ateliers au sein du campus de Suzhou auprès de partenaires locaux. Cela a donné un vrai coup de pouce au démarrage de mon activité.

 

Je pense qu’il faut laisser le temps à l’idée de germer pour qu’elle survienne naturellement

 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés de SKEMA Business School qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Mon conseil serait de ne pas trop se forcer à trouver une idée le plus rapidement possible. Je pense qu’il faut laisser le temps à l’idée de germer pour qu’elle survienne naturellement grâce à différentes expériences professionnelles, rencontres, stages… Il pourra aussi être judicieux de tester son idée et de la confronter à la réalité progressivement, en effectuant des stages dans le domaine visé, par exemple. C’est, selon moi, la meilleure manière de trouver une idée alignée à ses valeurs, ses passions, et qui pourra porter ses fruits financièrement.

 

 

Interview réalisée par Soraya Benaziza