Faut-il trembler devant un film 100% généré par IA ou l’applaudir ? Vendredi 11 avril 2025 à Nice, la première édition du World AI Film Festival (WAiFF) a décidé de ne pas trancher, mais d’ouvrir le débat sur l'usage de l’intelligence artificielle au cinéma. Et il y avait matière.


Echo, un blockbuster sans humain à l'écran ni derrière la caméra aux 18 millions d’entrées. Un film dont le scénario, les dialogues et même la musique ont été créés par un algorithme. Tel est le point de départ du « procès » fictif imaginé par l’agence Aura Éloquence pour lancer l'événement, entre plaidoiries sérieuses et touches d’humour, le tout joué comme une pièce de théâtre devant les spectateurs. Une entrée en matière amusante, mais qui soulève une vraie question : jusqu'où sommes-nous prêts à laisser des logiciels raconter nos histoires ? « Vous avez-peur de la machine, moi j’ai peur de l’immobilisme », scande le réalisateur du film fictif Echo.
Le World AI Film Festival (WAiFF) s’est ouvert le vendredi 11 avril 2025, avec pour président d’honneur le célèbre Claude Lelouch, et l’ambition affichée de faire dialoguer aussi bien les épris de l’IA que ses détracteurs. Une promesse de débat nuancé qui révèle surtout une tension grandissante dans le milieu audiovisuel.
🏆 REMISE DES PRIX #WAIFF 🎬
— Maison de l'Intelligence Artificielle (@Maison_IA) April 11, 2025
Prix MEILLEUR SYNOPSIS DE LONG MÉTRAGE @Genarioapp @pathefrance mettant en avant la créativité narrative assistée par IA.
🥇 MINUIT Hannah Réveille et Jules Kensley🇫🇷
🥈 MR KAPLAN Amaury Hayat🇫🇷
🥉 À CIEL OUVERT Guillaume Miquel🇫🇷
👏 https://t.co/O17CX4VDOT pic.twitter.com/2U6R4kdYTx
Un festival de cinéma ouvert à tous grâce à l’intelligence artificielle
Le WAiFF met les bouchées doubles côté concours. 1.600 films issus de 66 pays sont en compétition pour décrocher l'un des quatre prix, dont un chèque de 10.000 euros pour le meilleur court-métrage conçu avec au moins trois logiciels d'IA. Le jury était également de marque, composé de grands noms comme le réalisateur et scénariste Thomas Bidegain, le fondateur d'Allociné et président de Molotov Jean-David Blanc, ou encore Julie Gayet, actrice, productrice et réalisatrice.
La coorganisatrice Sarah Lelouch voit dans cet événement un moyen de « démocratiser la création », estimant que l'IA pourrait être une alliée précieuse pour ceux qui sauront la manier. Mais entre démocratisation et industrialisation, la frontière reste mince.
Des questions éthiques soulevées lors de débats
Car derrière l'effervescence, les questionnements ne manquent pas. À commencer par celle du respect des artistes. Une table ronde est ainsi consacrée aux droits d’auteur, à l’heure où des modèles d’IA s’entraînent sur des œuvres existantes, parfois sans consentement. Alexandra Bensamoun, spécialiste du droit privé, vient rappeler que la créativité humaine n’est pas une ressource gratuite à piller.
Intelligence artificielle : Mistral gagnant pour la France ou simple coup de vent ?

Donner la parole aux sceptiques sur un sujet bien présent
Le WAiFF se félicite de donner la parole aux « voix discordantes », comme celles des cinéastes de la SRF (Société des Réalisatrices et Réalisateurs de Films). Parmi eux, Axelle Ropert, qui dénonce un « pillage mondial » sous couvert de progrès technologique. Dans une ambiance portée par l'optimisme, difficile de ne pas sentir que la critique reste polie afin de ne pas rester en marge d'un mouvement déjà en marche.
Dans les faits, l’IA est déjà installée sur les tapis rouges. Aux Oscars 2025, The Brutalist et Emilia Pérez ont utilisé l’IA pour affiner dialogues et performances musicales. Difficile de prétendre que l’on en est encore au stade de l’expérimentation. « Lutter ’contre’ l’IA est une perte de temps », énonce Sarah Lelouch.
À Nice, ce premier festival pose les bases d’une discussion nécessaire.
Sur le même sujet
