La styliste Catherine Legrand nous propose dans son ouvrage Carnet d’inspirations textiles (éditions de La Martinière), un tour du monde ponctué de motifs et de techniques qui transforment le tissu en un véritable maillage culturel.
Comment vous est venue l'idée de cet ouvrage Carnet d'inspirations textiles ?
Il me suffit de plonger le nez dans mes collections, d’ouvrir quelques boites, pour constater ce patrimoine immense partagé entre artisans et créateurs de tous les pays. Choix des couleurs, matières, thèmes et symboles, techniques. En faire la démonstration devenait un jeu : à l’aide d’un scanner et d’un appareil photo, faire cohabiter en vis à vis deux tissus éloignés géographiquement mais d’esprit ou d’aspect similaire.
En quoi le voyage vous inspire-t-il dans votre métier de styliste ?
Rien n’est plus plaisant en rentrant émerveillée d’un voyage que de se dire : tiens je vais partir de ce que j’ai vu pour dérouler le fil conducteur d’une collection. Ça peut être le rapport insolite entre deux couleurs auquel on n’aurait pas pensé. Un coton fleuri, comme on en trouve au Vietnam et qu’on va mettre en petite touche sur chaque création. Une de ces incroyables rayures guatémaltèques qu’on retravaille et qu’on fait retisser localement pour faire toute une collection. Ça peut être juste une allure, des proportions entre les pièces de vêtements que l’on veut restituer.
Quels sont les liens tissés entre les cultures par les textiles ?
Ces liens existent à en juger par les expressions et les images utilisées dans toutes les civilisations autour du fil que l’on déroule, du fil que l’on suit comme Ariane, le fil comme lien, le fil rompu, de l’ouvrage éternellement recommencé, le métier à tisser comme langage, le chant du métier à tisser etc…
Est-ce qu'il est possible de s'inspirer de motifs traditionnels étrangers à notre culture sans pour autant se les approprier ?
S’inspirer mais sans parodier ni copier littéralement. Tout est dans la nuance.
Copier revient à plagier sans esprit, cela revient à voler et dans certains cas c’est même offenser une culture.
S’inspirer est un élément fondamental, le premier pas de toute création, la rampe de lancement de l’exercice créatif, à condition qu’il y ait envol évidemment. Une fois le processus créatif amorcé, on en oublie parfois jusqu’aux sources de départ.
Quel est votre technique ou motif préféré parmi ceux que vous avez référencé dans votre ouvrage ?
J’aime la simplicité des rayures, leurs infinies variations en largeur, répétitions, couleurs, leur utilisation dans les objets de décoration comme pour les vêtements. Les mélanger entre elles est presque toujours réussi. Toutes les civilisations ont leurs propres rayures.
Et la couleur universelle Indigo, point de convergence de tant de cultures