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Étudiants étrangers en France : quand les galères s’accumulent

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Écrit par Némo Empis
Publié le 2 décembre 2020, mis à jour le 3 décembre 2020

Face à la crise sanitaire, nombre d’étudiants étrangers dans l’Hexagone doivent faire face à des problèmes majeurs qui mettent parfois en péril la poursuite de leurs études et de leur séjour en France. L’UNEF tire la sonnette d’alarme.

Précarité pédagogique, impasses financières ou galères administratives, la situation des étudiants en France s’est largement dégradée depuis le premier confinement. Celle des étudiants étrangers, encore plus. À ce titre, L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) alerte les autorités compétentes et revendique une série de mesures fortes parmi lesquelles la prolongation des titres de séjour ou l’inclusion des étudiants étrangers dans le système d’aides sociales.

Des étudiants en situation irrégulière

La situation actuelle a poussé la plupart des préfectures à dématérialiser la demande de titre de séjour. Une solution logique mais qui s’avère parfois problématique. Lorsqu’une demande était effectuée (et validée) en préfecture, l’étudiant se voyait remettre un récépissé qui lui permettait de prouver sa régularité sur le sol français. Seulement avec les démarches en ligne, tous les demandeurs n’ont pas reçu ce fameux sésame. Yasmine, 23 ans et étudiante marocaine dans l’Hexagone a elle reçu une « attestation de décision favorable sur une demande de titre de séjour » de la part du ministère de l’Intérieur mais craint pour certains de ses camarades. « Je sais que tout le monde ne l’a pas reçu et cela pose deux gros problèmes, explique-t-elle, d’abord, en cas de contrôle, l’étudiant est en situation d’irrégularité. » L’UNEF rappelle que cela peut être synonyme de fin d’études sur le territoire français et de placement de l’individu en centre de rétention administratif. « Ensuite, c’est un document nécessaire pour décrocher un stage, une alternance ou même un emploi étudiant », enchaîne Yasmine. Ces opportunités représentent bien souvent une nécessité financière pour les étudiants étrangers. L’organisation étudiante dénonce l’irresponsabilité du gouvernement face à ces complications et estime que celui-ci faillit à ses obligations, notamment celle du droit à obtenir un titre de séjour. Un droit pas toujours respecté lorsque l’attente est de plusieurs mois pour être en situation régulière.

Sans mon alternance, je n’aurais pas tenu le coup financièrement 

Décrocher une alternance, c’est la chance dont a disposé Diego, un étudiant vénézuélien arrivé en France l’année dernière pour poursuivre ses études de commerce. « Sans cet apprentissage en entreprise, je n’aurais pas pu tenir le coup financièrement, et même avec un emploi étudiant, cela aurait été très compliqué », précise-t-il. Pour rappel, les étudiants étrangers ne sont pas inclus dans le sytème d’aides sociales mis en place par l’État. Ils ne bénéficieront pas, par exemple, de l’aide de 150€ qui sera versée à l’ensemble des boursiers au mois de décembre. « Même les repas, nous les payons toujours 3€30 contre 1€ pour ceux qui touchent la bourse », souligne Diego. Pour lutter contre cette précarité financière, l’UNEF demande à ce que les étudiants étrangers soient intégrés au système d’aides sociales. Dans le même sens, l’organisation requiert la fin de l’exigence d’un justificatif financier annuel de 7600€ pour pouvoir renouveler son titre de séjour étudiant : « il faut prouver qu’on ait suffisamment de ressources pour pouvoir l’acquérir, en l’occurence 7600€, c’est-à-dire 630€ par mois environ », détaille Yasmine.

Une fracture numérique

Outre la précarité financière, certains étudiants venus d’ailleurs doivent faire face à un problème supplémentaire, celui de la fracture numérique. Sans forcément le matériel nécessaire pour pouvoir suivre les cours à distance, les complications s’accumulent vis-à-vis du système universitaire. Ismael est venu de Côte d’Ivoire pour étudier la communication cette année, il raconte ses galères quotidiennes. « Je m’estime heureux d’avoir un ordinateur puisque certains n’en n’ont pas, mais j’ai dû investir dans une connexion Internet qui n’était pas prévue dans mon budget avant de venir ici », souffle-t-il. Ce fossé digital empêche certains étudiants étrangers (mais aussi français) de suivre régulièrement les cours qui leur sont dispensés. L’UNEF demande une levée de l’obligation d’assiduité et craint des cas de non-renouvellement de cartes de séjour pour échecs aux examens ou absences répétées. Et une autre peur envahit certains étrangers, « chaque année nos études sont évaluées sur leur caractère ‘’réel et sérieux’’ pour éviter les fraudes, ce sont les préfectures qui jugent ce caractère », explique Yasmine, cette année, l’Union étudiante demande que ce caractère soit reconnu (ou non) par les professeurs.

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