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Deeya, We are Knitters, Koshka Paris, trois entrepreneurs internationaux éthiques

Deeya, We are Knitters, Koshka ParisDeeya, We are Knitters, Koshka Paris
Écrit par Raphaëlle Choël
Publié le 21 décembre 2022, mis à jour le 22 décembre 2022

Marielou Phillips du concept store indien Deeya Paris, Alberto Bravo l’Espagnol à la tête de We are Knitters, un concept ingénieux qui redonne vie au tricot et Mari Samvelyan la talentueuse créatrice arménienne de Koshka Paris partagent le même goût du beau responsable et éthique. Chacun à sa manière, ils se racontent et partagent leurs ambitions entrepreneuriales…

 

Marilou Phillips de Deeya Paris
Marielou Phillips du concept store indien Deeya Paris

 

Pouvez-vous nous raconter la genèse de votre entreprise ?

Marielou : L'idée de créer ce concept nous est venue lorsque nous sommes revenus à Paris, après 13 années passées à Mumbai. Nous avons constaté qu'il n'existait pas de lieu mettant en avant le travail exceptionnel de la nouvelle génération de créateurs indiens, dans le domaine du prêt à porter, du design, des bijoux et de la culture.

 

Alberto : We Are Knitters est né lors d'un voyage à New York. Pepita Marín, mon associée, et moi sommes allés rendre visite à un ami. En étant là-bas, on a vu que le tricot était très à la mode : de jolies boutiques de laine dans Soho, les gens qui tricotaient dans les cafés et même une jeune fille qui tricotait dans le métro. Quand nous sommes revenus à Madrid, on s'est dit que ça n'existait pas ici. Bien au contraire. Les boutiques n'étaient pas jolies et les patrons de tricot très démodés. Seules les personnes âgées tricotaient. Nous avons donc décidé de nous lancer et nous avons adoré l'expérience. Nous avons appris avec des tutoriels qu'on trouvait en ligne. C'est alors que nous avons réalisé que si nous avions pu apprendre tout seuls, d'autres le pouvaient tout autant.

 

Mari : J’ai fondé Koshka en 2017 avec la volonté d’habiller les femmes dans un style à la française affirmé. Ayant l’âme entrepreneuriale, je rêvais d’avoir un atelier où je pourrais imaginer, penser et designer des vêtements, dans des matières de qualité supérieure mais toujours au prix le plus juste.

 

Alberto Bravo l’Espagnol à la tête de We are Knitters
Alberto Bravo l’Espagnol à la tête de We are Knitters

 

 

Quelles sont ses valeurs fondatrices ?

Marielou : Deeya Paris travaille exclusivement avec des marques engagées qui se distinguent par leur originalité, leurs techniques, leur esthétique et leur sens du style, sans oublier leur devoir de responsabilité envers l’impact de leur production sur l'environnement, notamment en tissant leurs propres textiles, en utilisant du coton bio et des teintures naturelles.

Alberto : La vérité est que nous croyons qu'un autre type de consommation est possible. Quand on tricote un vêtement, un pull par exemple, et qu'on se rend compte de l'effort et du temps qu'il faut pour le faire, et qu'ensuite on va dans n'importe quel autre magasin de fast fashion et qu'on voit qu'un pull coûte 25€, on se demande comment c'est possible.
Nous disons aussi toujours que ce que nous vendons n'est pas un produit, mais une expérience. Cela sonne comme une phrase très marketing, mais c'est vrai. Peu de gens achètent chez nous parce qu'ils veulent une écharpe verte ou un bonnet bleu. Ce qu'ils recherchent, ce sont des heures de loisirs et un moyen de déstresser. Beaucoup de gens considèrent le tricot comme le yoga du 21e siècle. En étant concentré sur ce que vous faites, en comptant les mailles et les rangs, vous ne pensez pas aux éventuels problèmes que vous rencontrez au quotidien.

Mari : Je mets un point d’honneur à sourcer les plus jolies matières en respectant leur qualité avec une vision éthique de fabrication française. Je prône également la proximité et la fidélisation de mes clientes qui deviennent avec le temps de véritables amies.

 

Mari Samvelyan la talentueuse créatrice arménienne de Koshka Paris
Mari Samvelyan la talentueuse créatrice arménienne de Koshka Paris

 

Nous nous adressons à une nouvelle génération de consommateurs, particulièrement sensibles à la complexité et à la diversité du monde
Marielou Phillips

 

 

Qui sont vos clients ?

Marielou : Nous nous adressons à une nouvelle génération de consommateurs, particulièrement sensibles à la complexité et à la diversité du monde, qui sont à la recherche de pièces intemporelles, aux coupes modernes, qui célèbrent le "fait-main".        

Alberto : Principalement des femmes, entre 25 et 40 ans. Elles n'ont pas beaucoup d'expérience en tricot et ce qu'elles aiment, ce sont les kits, qui comprennent tout ce dont vous avez besoin pour créer un vêtement, de A à Z (aiguilles, patron, pelotes...). Les femmes de plus de 40 ans nous achètent aussi, généralement des pelotes, car elles savent déjà tricoter et ce qu'elles aiment c'est la qualité de notre laine qui est issue à 100% de mouton péruvien. Au fil du temps, nous avons également réussi à faire en sorte que davantage d'hommes commencent à tricoter. Ils représentent actuellement un peu plus de 20% de nos clients. En fait, c'est lors d'un pop-up qu'on a fait à Paris juste avant la pandémie qu'on s'est rendu compte que beaucoup d'hommes venaient acheter. Au début, nous pensions que c'étaient des cadeaux, mais quand nous avons demandé, ils nous ont dit que c’était pour eux.       

Mari : Elles sont plus que des clientes, ce sont des femmes, des épouses, des mères, des amies, qui comme moi, souhaitent avoir des pièces uniques et intemporelles dans leur vestiaire.  Elles voient le vêtement comme un œuvre d’art, qu’elles gardent et prennent plaisir à reporter au fil des années. Des silhouettes qui leur sont propres et qui enrichissent leurs vestiaires de pièces à la fois tendances et durables.

 

Le tricot est une activité qui se pratique partout dans le monde, même s'il est vrai que certains pays ont plus de tradition que d'autres.
Alberto Bravo

 

Avez-vous une dimension internationale ?

Marielou : Nous envisageons des pop-ups dans d'autres pays à partir de 2023.        

Alberto : Oui, aujourd'hui 95% de nos ventes ne proviennent pas d'Espagne qui est le pays où tout a démarré. Nos principaux marchés sont les États-Unis, l'Allemagne, la France, le Canada et le Royaume-Uni. Le tricot est une activité qui se pratique partout dans le monde, même s'il est vrai que certains pays ont plus de tradition que d'autres.

Mari : Koshka s’est développé d’année en année en surfant sur l’opportunité d’habiller les femmes aux quatre coins du globe. Le style français et à fortiori parisien plait et fait légion en matière de mode. Il était naturel que Koshka aille au-delà des frontières pour habiller les femmes, de New York à Singapour en passant par Londres ou Dubaï. Avec une présence dans le Marais, à Saint Germain des Prés et dernièrement à Saint Honoré, Koshka a su s’implanter dans des quartiers à fort potentiel touristique.

 

Il n’y a pas de journée type à proprement parler, mais chaque matin, je commence par me rendre dans mon atelier qui reste un véritable temple de création.
Mari Samvelyan

 

A quoi ressemble une journée-type pour vous ?

Marielou : Le matin commence avec la promenade de notre chienne, une rescapée des rues de Bombay qui est devenue plus parisienne que nous. Après un Earl Grey, mon mari et moi sautons sur nos vélos ; direction le Marais en descendant par le canal Saint-Martin. Une fois arrivé à la boutique, c'est toute l'organisation des commandes qui commence, avec des rendez-vous Zoom auprès de nos créateurs en Inde. Nous passons une grande partie de notre journée à conseiller et présenter les collections à nos clients. Pendant les moments calmes, nous composons des looks pour les vitrines, et pour nos prochains shoots de mode. En fin de journée, nous essayons de voir une ou deux expos chez nos voisins galeristes avant de rentrer chez nous.

Alberto : Cela dépend beaucoup des journées, mais généralement j'enchaîne une réunion après l'autre. D'abord avec l'équipe design, ensuite marketing, finance, etc. Parfois, nous avons des séances photo auxquelles j’aime participer car personnellement cela me rend plus créatif. D'autres fois, nous voyageons pour des questions de relations publiques et c'est très enrichissant sur le plan professionnel et personnel. Le mois dernier, j'ai été à Paris, Berlin et New-York et c'est marrant de voir à quel point nous nous ressemblons et à quel point nous sommes différents en général.              

Mari : Il n’y a pas de journée type à proprement parler, mais chaque matin, je commence par me rendre dans mon atelier qui reste un véritable temple de création. Cette visite s’impose tous les matins, comme un retour aux sources, avant d’enchaîner avec le reste de mes missions pour la journée.

 

Deeya Paris
Deeya Paris

 

Quel est votre principal défi ?

Marielou : Présenter une nouvelle définition des créations "Made in India" avec des collections qui balayent la notion préconçue d’une mode ancrée dans son folklore.        

Alberto : Aujourd'hui, notre grand défi sera d'ouvrir un réseau de boutiques. Jusqu'à présent, nous avions fait des pop-ups à Paris et à New York, mais cette année, nous avons ouvert notre première boutique permanente à Madrid à titre de test. Si ça marche, ce qu'on espère, l'idée sera de l'ouvrir dans d'autres pays, dont la France.

Mari : Le principal défi que j’essaie de relever au quotidien est le développement de la marque tout en gardant le contrôle de la qualité ainsi que ma créativité. On voit beaucoup de maisons qui, avec leur expansion, ont perdu cet objectif et proposent des vêtements fabriqués à plus grande échelle, qui malheureusement perdent en qualité pour s’adapter à une production de masse.  

 

We are knitters
We are knitters

 

Avez-vous des rêves ? De quoi sera fait demain ? 

Marielou : Après avoir ouvert notre boutique éphémère dans le Marais, nous sommes à la recherche d'un lieu permanent où nous pourrons continuer à représenter les créateurs de mode et lifestyle indiens, tout en développant une véritable galerie pour la photographie et l'art graphique, ainsi qu'un espace livres autour du textile, de l'architecture, de la joaillerie et de la photo.        

Alberto : Ça, on ne sait jamais, mais en effet nous aimerions devenir une grande référence dans le monde DIY, avec un réseau international de boutiques et renforcer fortement notre présence en ligne.

Mari : Je suis remplie de rêves et je les réalise au quotidien. On peut dire que j’ai déjà réalisé le plus grand puisque je travaille ma passion. Toutefois, faire de Koshka Paris une marque référente serait, non pas un rêve mais, un objectif que je garde en tête chaque jour. Personne ne sait de quoi sera fait demain … j’inscris ma vie dans le présent et ce présent me plait. J’ai une équipe formidable qui m’accompagne dans le développement de l’entreprise, des clientes fidèles qui pour certaines sont devenues de véritables amies, et surtout je vis mon rêve d’enfant. Je n’aurais pas même osé imaginer créer ma maison de couture à Paris, capitale de la mode, où se faire une place est très compliqué.

 

Koshka Paris
Koshka Paris