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ALAIN BENTEJAC – "La compétitivité est un enjeu majeur"

Alain BentjacAlain Bentjac
Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 juillet 2015, mis à jour le 13 septembre 2017

 

Le Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CNCCEF) est un réseau mondial d'entrepreneurs français ayant une expérience à l'international. Les CCE sont présents dans 140 pays. Alain Bentéjac en est le Président. Il a pour mission principale de conseiller les pouvoirs publics et de promouvoir l'attractivité du secteur privé français.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous parler du fonctionnement du CNCCEF ?

Alain Bentéjac : Il s'agit d'un réseau mondial d'hommes et de femmes issus du monde de l'entreprise. Ce sont des représentants d'entreprises françaises ayant une expérience de l'international, et étant prêts à mettre à profit cette expérience particulière, soit à en faire bénéficier le plus grand nombre.

Le Comité a été fondé en 1898 et est sous le statut juridique d'une association loi 1901. Nous nous autofinançons, grâce aux cotisations de nos 4.200 membres. Nous sommes présents dans toutes les régions de France, ainsi que dans 140 pays, où sont réparties 110 sections. Ceci nous assure une couverture très large à travers le monde. Les deux tiers de nos membres exercent donc à l'étranger.

Le CNCCEF est reconnu comme une association d'utilité publique car les Conseillers du Commerce Extérieur sont nommés de manière formelle sur décret du Premier ministre. Nos quatre missions principales sont également fixées par l'Etat.

Quelles sont vos missions ?

Nous exerçons une mission de conseil des pouvoirs publics à propos du Commerce Extérieur. Nous sommes régulièrement en contact, à l'occasion de réunions, avec les ambassades et les chefs de services économiques sur place. Nous faisons ainsi remonter nombre de leurs questions et remarques auprès des pouvoirs publics.

Nous avons également pour mission d'aider les entreprises. Cela fonctionne sur le principe du parrainage, nous sommes bénévoles et ne vendons pas nos services. Il s'agit de conseils d'entrepreneurs à entrepreneurs. Cela nécessite notamment une bonne connaissance du pays ainsi que de l'état du marché local.

Nous essayons de la même façon de convaincre les entreprises de prendre davantage de VIE (Volontariat International en Entreprise), pour faciliter l'implication des jeunes. Il y a plus de 60.000 candidats par an, pour seulement 1.500 (chiffre à vérifier, il y a plus de 1500 VIE) personnes en poste. Nous avons aussi pour mission de sensibiliser la population internationale sur les enjeux et le potentiel français. Nos conseillers interviennent alors dans plusieurs universités.

Enfin, notre dernière mission, très liée aux autres, est de promouvoir l'activité française pour la rendre attractive. Nous participons au rayonnement économique de la France et souhaitons attirer les investisseurs.

Quelle est l'activité du siège parisien ?

Il s'agit de la structure de tête. Nous disposons à Paris d'un bureau exécutif, d'un conseil d'administration ainsi qu'une équipe permanente, composée d'une douzaine de personnes. Nous animons le réseau et apportons notre aide aux différents Conseillers du Commerce Extérieur à travers le monde. Notre réseau est décentralisé, nous nous assurons donc de maintenir des contacts réguliers avec nos Conseillers et d'assurer une bonne diffusion de l'information au sein du réseau. Nous tenons une Assemblée Générale tous les ans et essayons de rassembler le maximum de personnes. Comme une réunion au complet n'est pas possible, nous organisons également des réunions régionales, à Bangkok, Moscou ou encore Nairobi.

Quel bilan dressez-vous de votre action depuis votre arrivée il y a un an ?

J'ai été élu Président avec l'idée de redonner une nouvelle dynamique au CNCCEF. En effet, notre institution était quelque peu vieillissante et avait besoin de renouveau. J'ai donc décidé de relancer un certain nombre de choses.

J'ai souhaité rebâtir le dialogue avec les pouvoirs publics. Si celui-ci fonctionne bien à l'étranger, ce n'est pas le cas en France. C'est pourquoi nous avons décidé avec le Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur, Matthias Fekl, de collaborer de manière plus étroite et de se rencontrer régulièrement.

J'ai également souhaité la signature d'une Convention avec l'Etat et Business France. Nous voulions clarifier la complémentarité de notre action avec celle de Business France. Nous avons établi cette Convention en mars dernier.

Enfin, un effort en communication était indispensable. Nous sommes en train de renforcer nos relations avec la presse, de redéfinir notre charte graphique ainsi que l'esthétisme du site. De même que nous sommes en train de repenser la communication de notre revue CCI Internationale, qui est composée de dossiers thématiques. Enfin, nous avons du retard concernant l'utilisation des réseaux sociaux. Nous comptons être plus actifs sur Twitter et LinkedIn.

Que pensez-vous de l'état actuel du Commerce Extérieur ?

Nous constatons tous une dégradation du commerce extérieur depuis 15 ans. On l'attribue à la concurrence internationale, ce qui est vrai, cependant il ne faut pas négliger la très forte concurrence des pays voisins de l'Union Européenne. Le rétablissement du commerce extérieur dépend d'une variable macro-économique qui est la compétitivité des entreprises. Nous devons y apporter des remèdes économiques.

Justement, que pensez-vous de l'attribution du Commerce Extérieur au Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International (MAEDI), auparavant détenu par Bercy ?

L'attribution du Commerce Extérieur au MAEDI a de nombreux avantages. Premièrement, l'unité du réseau d'ambassades est profitable. L'impulsion donnée par Laurent Fabius concernant la diplomatie économique est également positive. La combinaison des attributions du Secrétariat d'Etat (tourisme, Français de l'étranger et commerce extérieur) est pertinente. Il n'empêche que cette optique de redressement est une préoccupation interministérielle. Le meilleur emplacement pour le Commerce Extérieur est Matignon.

Quels sont les points d'amélioration à apporter en termes de visibilité des opérateurs du Commerce Extérieur ?

Les structures de l'export manquent cruellement de visibilité ainsi que de lisibilité. Le système est en effet complexe. J'ai d'ailleurs publié un rapport sur le sujet pour dégager des angles d'amélioration. Nous avons besoin d'une meilleure organisation et notamment d'une simplification des structures ainsi que de leurs liens entre elles.

Des progrès ont été réalisés, comme Business France (fusion d'UBI France et AFI), et nous devons continuer sur cette voie. Il existe encore trop de petits organismes qui créent des ramifications trop importantes, sans compter l'ensemble des organes régionaux. Nous avons davantage d'intérêt à les regrouper. J'estime que les pouvoirs publics devraient s'appuyer plus encore sur le secteur privé et son point de vue entrepreneurial.

Quelles sont les préoccupations majeures des Conseillers du Commerce Extérieur ?

Nous avons particulièrement le souci de renforcer l'image de la France à l'international, en la valorisant. Nous voulons ancrer dans le paysage international l'idée que les entreprises françaises sont dynamiques. Nous souhaitons mieux les faire connaître. Comme évoqué précédemment, la compétitivité est un enjeu majeur.

Il existe également des sujets particuliers tels que les cas d'embargo et de sanctions économiques, comme à Cuba ou en Iran. Ce sont des sujets très importants suivant la zone géographique dans laquelle nos Conseillers exercent. L'Afrique est également un enjeu spécifique. Nous étudions son potentiel en collaboration avec le MEDEF International.

Propos recueillis par Hervé Heyraud et Mélanie Volland (www.lepetitjournal.com)