Nicolas Serres Cousiné est un contributeur régulier de la rubrique coaching du site lepetitjournal.com. Ce mois-ci, il répond à l'un de nos lecteurs, Michel, qui ne supporte plus la vie de fou qu'il mène à Londres depuis maintenant 20 ans.
Cher Nicolas,
J'ai 45 ans, marié, deux enfants bientôt adultes, et suis propriétaire de trois boutiques de luxe françaises qui marchent très forts. J'ai travaillé très dur pour en arriver là et pourtant, me voilà incapable d'apprécier la vie que je me suis construite. Pire encore, personne autour de moi ne se doute de mon désarroi. Après tout, pourquoi devrais-je me plaindre ? Je suis encore jeune. Passionné d'art et de culture, je sors tout le temps. j'ai de l'argent, une femme, une maitresse et des amis charmants. Mais ma vie est creuse car elle ne me ressemble pas. J'ai honte de moi, je ne me reconnais plus. Quelle est la bonne direction pour m'en sortir?
Michel.
Cher Michel,
Lors de notre discussion sur Skype faisant suite au mail que vous m'avez envoyé, j'ai eu parfois du mal à vous suivre. Que cela concerne votre vie personnelle ou professionnelle, il y a un point commun à tout cela : c'est très compliqué ! Plus sérieusement, il me semble que vous êtes l'exemple parfait de l'homme qui, par insatisfaction permanente, a amassé encore et encore, effrayé de perdre quelque chose ou de passer à côté de quelqu'un.
Fils aîné de parents divorcés, vous m'avez confié que vous avez joué le rôle de père avec vos deux plus jeunes frères. J'en suis désolé pour vous, vos responsabilités d'homme ont commencé bien trop tôt. Pas étonnant donc que vous vous soyez construit une armure pour vous protéger. Abandonné à vous-même, au fil des ans, vous vous êtes habillé de vos amis, de vos amours, de vos succès, de vos joies et même parfois de vos peines, bref de tous les événements qui font une vie. Lorsque l'on est encore jeune, ce genre d'existence va un moment. On veut tout, tout le temps, on n'en a jamais assez, femmes, argent, amis etc... On se construit alors sans le savoir une personnalité d'éternel insatisfait. Cela dure un temps, et parfois, c'est vrai, cela aide à réussir sa vie, surtout professionnelle, mais à quel prix? Un jour ou l'autre, cette vie qui ne nous ressemble pas nous rattrape et alors, patatras, on ne sait plus dans quelle direction aller.
Si je pouvais vous dessiner aujourd'hui, cela serait le dessin d'un homme écroulé sous le poids des responsabilités et de ses propres peurs. Écroulé car incapable de lâcher du lest, de s'avouer, « j'ai assez travaillé, je n'ai pas de soucis financiers, c'est au tour des autres de trimer, maintenant, moi, je passe à autre chose ». Écroulé à force de faire les questions et les réponses sur tout. Écroulé à force de jouer au dur et de ne pas montrer vos émotions. Écroulé à force de ne plus savoir qui vous aimez, votre femme et mère de vos enfants, ou une nième maitresse bien trop jeune pour vous. C'est un fait, Michel, la solution à votre dilemme est d'apprendre à ce que j'appelle ?lâcher du lest? et à oser changer ne serait-ce qu'un aspect de votre vie pour enfin faire le premier pas vers un futur qui vous appartient.
Il faut faire preuve de courage pour modifier ce qui ne va pas. Il n'y a en effet plus de retour en arrière possible. « J'ai peur de me retrouver face à ma femme et tout lui avouer. J'ai peur de la réaction des enfants si l'on décide de divorcer. Et si je vends par exemple deux de mes boutiques, j'ai peur de ne plus exister », sont des fausses excuses et le prétexte parfait pour ne pas avancer. La réaction de vos enfants, vous ne la connaîtrez que si vous divorcez, ce qui est loin d'être le cas, et quant à l'impression de ne plus exister si vous travaillez moins, pensez à tout le temps que vous allez avoir à votre disposition pour vivre votre passion pour l'art. En un mot, vous avez peur du changement, alors que le changement c'est la nature de la vie. À cause de votre questionnement incessant, vous ne laissez pas la vie suivre son cours. Vous vous interdisez de rêver, de faire un break, d'être tout simplement bon et généreux avec vous-même.
« Je porte des habits qui ne me vont plus », m'avez-vous confié au début de notre entretien. Pour avoir une chance de vous offrir une nouvelle garde-robe et de ressembler enfin à l'homme que vous êtes aujourd'hui, il vous faut abandonner ces vêtements que vous portez depuis trop longtemps. Fixez-vous un objectif à court terme, entre 3 et 6 mois, et faites l'effort de ne pas voir au-delà. Vous pourriez commencer par résoudre les problèmes que vous rencontrez dans votre travail. Stabiliser votre vie professionnelle c'est faire la paix avec vos propres démons, ceux de l'homme qui amasse tout. Il est fort probable qu'ensuite, le regard que vous porterez sur votre vie personnelle sera bien différent de celui d'aujourd'hui, faussé qu'il est par vos angoisses existentielles. Que vous décidiez de vivre avec votre femme, votre maîtresse ou en célibataire, c'est votre choix, vous êtes l'expert de votre vie. En tant que life coach, je ne suis pas là pour vous dire ce qu'il faut faire, mais pour vous accompagner dans votre réflexion afin que vous trouviez la réponse qui vous va et qui est en vous. Je ne vous conduis pas à faire le bon choix. Je vous conduis à faire un choix, le vôtre.
Armez-vous de courage, de patience et de détermination. Si besoin est, faites-vous aider dans cette démarche par un professionnel. Votre but est d'alléger votre vie. Plus vous allez vous diriger dans cette direction, plus vous allez faire connaissance avec le Michel que vous êtes en train de devenir, plus vous allez faire connaissance avec le Michel que vous êtes vraiment.
Nicolas Serres Cousiné, le life coach des expats français à travers le monde (www.lepetitjournal.com) - vendredi 17 février 2017
En savoir plus: Le site de Nicolas Serres Cousiné: www.monlifecoach.com,
Avertissement: Les chroniques de Nicolas Serres-Cousiné sur lepetitjournal.com s'inspirent de sa pratique professionnelle. Chaque chronique est un mélange romancé de plusieurs témoignages sur le même thème. Ils ont été modifiés de manière à préserver l'anonymat de leurs auteurs.