Depuis l’enfance, Wendy Savage a toujours eu pour ambition de construire une carrière qui lui permettrait d’aider les autres et d’agir face aux inégalités sociales. Originaire de Lima, au Pérou, elle s’expatrie aux États-Unis, puis en France, où elle étudie à SKEMA Business School.
Après de nombreux voyages et de multiples expériences professionnelles dans la RSE, Wendy est aujourd’hui en charge de la responsabilité sociale et de la traçabilité au sein de la supply chain du groupe Patagonia. Une carrière qui allie sa passion pour l'international à sa volonté de faire une différence. Elle partage avec nous ce parcours inspirant.
Lepetitjournal.com : Pourriez-vous nous présenter votre parcours académique ? Pourquoi avoir choisi d’intégrer SKEMA Business School ?
Wendy Savage : J'ai quitté le Pérou, dont je suis originaire, en 1994 pour m’installer en Californie. Je ne parlais pas anglais à l’époque, mais je savais que je voulais étudier dans ce pays.
J'ai donc commencé à prendre des cours du soir dans un community college. Pendant deux ans, j'ai appris l'anglais, et j’ai ensuite étudié à UCLA pendant 4 ans, où je me suis spécialisée en sociologie.
J’étais sûre de vouloir construire une carrière internationale qui me permettrait aussi d’aider les autres, mais je ne savais pas trop par où commencer.
Après un an d’activité professionnelle, j’ai décidé de faire un Master. N’ayant pas les moyens de le financer, je me suis intéressée aux bourses d'études. C’est là que j’ai découvert la bourse des ambassadeurs du Rotary Club, qui proposait de financer des études à l’étranger.
J’ai réussi à décrocher cette bourse, et le Rotary Club a ainsi financé toute ma scolarité et mon séjour en France. Cette bourse a véritablement changé mon avenir.
J’ai choisi d’aller en France car j'ai toujours été amoureuse de la culture française. C'est comme ça que je suis partie étudier à SKEMA Business School (anciennement CERAM), que j’ai choisie parmi plusieurs autres grandes écoles de commerce.
Je n’ai vraiment que de bons souvenirs de cette période
Quels souvenirs gardez-vous de votre expérience à SKEMA Business School et de votre expatriation en France ?
C'était une expérience fantastique ! Je faisais partie d'un groupe d'étudiants internationaux, avec qui j’ai vécu cette phase d’adaptation à une nouvelle école, à une nouvelle culture et à une langue différente. Durant mes études à SKEMA Business School, j’ai créé de magnifiques amitiés, et j’ai découvert la convivialité des Français.
Les professeurs aussi étaient super, et possédaient pour la plupart un background international, ce qui a vraiment facilité les échanges. Il y avait aussi une grande entraide entre tous les étudiants français et internationaux.
C'était un tout nouveau monde pour moi, après le Pérou et les États-Unis, mais l’école a toujours su m’accompagner et me soutenir, en particulier dans les diverses démarches à réaliser (santé, logement…), qui peuvent être très compliquées à mener seule quand on ne parle pas la langue du pays. Je n’ai vraiment que de bons souvenirs de cette période.
J’avais vraiment à cœur de faire quelque chose qui ait du sens.
Comment s’est déroulée votre intégration sur le marché du travail après vos études à SKEMA Business School ?
Après l’école, mon projet était de m'installer en France. J’ai donc commencé à postuler à des offres d’emploi et j’ai obtenu, à Sophia Antipolis, un entretien dans une grande entreprise tech spécialisée dans la gestion pour la distribution et la vente de services de voyages. Mais les événements du 11 septembre 2001 sont survenus à ce moment-là et j’ai dû rentrer aux États-Unis. J’y ai trouvé un emploi dans l’industrie aérospatiale, mais qui ne m’épanouissait pas particulièrement. C’était un poste de dimension internationale, mais il ne répondait pas à l’aspect social que je recherchais dans ma vie professionnelle. J’avais vraiment à cœur de faire quelque chose qui ait du sens.
Au bout de quelques années, j’ai entendu parler de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Aujourd’hui, il existe beaucoup de formations autour de cette thématique, et on entend beaucoup parler du sujet. Mais à l’époque, c’était quelque chose de vraiment précurseur et l’on commençait tout juste à réaliser que les marques étaient responsables du bien-être de leurs travailleurs et se devaient de défendre leurs droits.
J’ai donc trouvé un poste au sein d’un cabinet de conseil en RSE, ce qui m’a permis de mettre un premier pied dans ce secteur. D’ailleurs, mon diplôme de SKEMA Business School, mes compétences linguistiques et mes différents voyages m’ont beaucoup aidée à intégrer cet univers, qui requiert une grande adaptabilité et une ouverture multiculturelle.
Nous nous assurons que les droits des travailleurs sur les sites de fabrication sont respectés
Aujourd'hui, vous travaillez chez Patagonia en tant que Directrice de la Responsabilité Sociale et de la Traçabilité en Supply Chain. En quoi consiste cette fonction ?
Toutes mes expériences professionnelles et mes voyages m'ont amenée à rêver d'un emploi chez Patagonia, une marque connue pour défendre des valeurs fortes. Après plusieurs postes au sein de différentes industries, j’ai donc postulé chez Patagonia, et cela fait maintenant presque 10 ans que j’y travaille.
Mon expertise est en lien avec les droits de l’homme, la traçabilité des produits et le bien-être animal. C’est un poste très intéressant, qui me passionne énormément.
Concrètement, nous nous assurons que les droits des travailleurs sur les sites de fabrication sont respectés, qu’ils gagnent des salaires justes, et que les usines n’impactent pas négativement l’environnement dans lequel elles opèrent, entre autres. En ce qui concerne le bien-être animal, nous nous assurons que les animaux dont proviennent les fibres de nos vêtements (comme la laine ou le duvet d'oies) sont traités avec humanité.
Une autre partie de mon travail est de veiller à ce que tout ce que nous communiquons en marketing et publicité soit fondé et certifié, et que ce n'est pas seulement du « greenwashing ».
La RSE alliait parfaitement tout ce que j'avais toujours voulu faire
Selon vous, d’où vous vient ce besoin d’avoir un impact et d’aider les autres ?
Cela me vient en fait de ma mère. Je suis née et j'ai grandi au Pérou, où ma mère travaillait dans une organisation qui venait en aide aux enfants défavorisés de Lima. Elle a milité toute sa vie pour la défense des droits de l'homme. Nous avons voyagé dans tout le pays, y compris dans la jungle amazonienne, pour venir en aide à des personnes dans le besoin. Durant mon enfance, j'ai donc été témoin des injustices sociales et ma mère m’a inculqué l’importance d’aider les autres.
Je lui répétais que je voulais devenir travailleuse sociale, comme elle, mais elle m’a plutôt conseillé de travailler dans le secteur privé, au sein d’entreprises qui ont vraiment les moyens et les ressources pour aider les gens facilement. C’est ce qui m’a amenée à entrer en école de commerce, dans le but de travailler pour une entreprise où je pourrais réellement avoir un impact.
La RSE alliait parfaitement tout ce que j'avais toujours voulu faire : travailler dans le secteur privé, auprès de marques qui ont les moyens d'apporter un changement vraiment significatif.
J’ai été vraiment inspirée par la démarche de l’école
Vous êtes actuellement membre du Board de SKEMA US Foundation. En quoi ce rôle consiste-t-il ?
Lorsque le CERAM est devenu SKEMA Business School, l'école a interviewé de nombreux alumni pour leur demander sur quoi, selon eux, l’établissement devrait concentrer ses efforts. Je faisais partie des alumni interviewés, et j’ai été vraiment inspirée par la démarche de l’école, et aussi par le fait qu’une femme soit directrice de SKEMA Business School, car c’est quelque chose d’assez rare dans la culture française dans le milieu académique.
Après cet entretien, j’ai été à nouveau contactée par l’école, qui était à la recherche d’anciens élèves pour aider à développer la section américaine de l'école, qui venait d'ouvrir des campus aux États-Unis.
Le Board de SKEMA US Foundation a notamment pour mission de proposer des bourses aux étudiants et de lever des fonds pour financer des programmes innovants, autour de l'intelligence artificielle par exemple.
Récemment, nous avons aussi organisé une collecte de fonds pour venir en aide aux étudiants affectés par la pandémie de la Covid-19. Nous avons, encore aujourd’hui, besoin de soutien pour aider ces étudiants. Si quelqu'un souhaite faire un don, il peut donc participer à la campagne de financement du fonds d’urgence SKEMA United.
Était-ce important pour vous de garder un lien avec SKEMA Business School ?
Avant d’être contactée pour faire partie du Board, j'étais déjà en lien avec l'école par l'intermédiaire de mes meilleurs amis qui vivent en France. SKEMA Business School a donc toujours été présente dans ma vie au travers des amitiés de longue date que j’ai créées pendant mes études. Quand s’est présentée l’opportunité de participer au Board de la fondation, je me suis dit que j'étais à un moment de ma carrière où il serait bon de faire un peu de place dans mon emploi du temps pour venir en aide, et rendre la pareille après avoir tant reçu.
Les opportunités sont là, je pense qu’il faut frapper aux portes
Auriez-vous des conseils à donner aux étudiants de SKEMA Business School qui, comme vous, aimeraient avoir un impact dans leur vie professionnelle ?
Les opportunités sont là, je pense qu’il faut frapper aux portes. Il faut entretenir les liens, les amitiés, échanger avec des alumni qui travaillent dans ce secteur. Même s’ils n’ont pas un poste à vous proposer, ils auront toujours des conseils à vous donner.
Il faut aussi se rappeler que la défense des droits de l’homme et la responsabilité environnementale n’est pas seulement le travail des ONG et des activistes, c’est la responsabilité de tous.
En tant que consommateurs, nous avons le pouvoir de choisir le type de planète que nous voulons laisser à la prochaine génération. Chaque petite action compte et toutes les entreprises doivent être en mesure d'expliquer clairement leurs impacts humains et environnementaux. Vous avez le pouvoir d'inspirer des pratiques commerciales responsables et transparentes dans n'importe quelle entreprise au sein de laquelle vous travaillez. Quels que soient notre poste et notre secteur d’activité, nous avons tous la possibilité d'avoir un impact, de faire une différence.