Suite à la recrudescence de cas de coronavirus, les entreprises françaises d’Asie Pacifique ont vu leur chiffre d’affaires dégringoler. La crainte humaine de cette épidémie laisse place à la peur d’une économie qui s’effondre.
Les Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCE) et ses partenaires ont recueilli les données chiffrées de la répercussion de la crise du COVID-19 sur l’activité économique des entreprises françaises en Asie Pacifique. L'enquête de février 2020 a été réalisée sur 415 dirigeants d’entreprises françaises en Asie Pacifique, hors Chine. Ces entreprises sont majoritairement représentées à Singapour, au Vietnam et à Hong Kong avec respectivement, 69, 68 et 51 entreprises françaises.
Changements dans l’organisation des entreprises
L’impact du coronavirus s’est d’abord fait sentir au sein même des sociétés via leurs collaborateurs. Des entreprises ont mis en place des mesures CVP (Corona Virus Protection) comme l’isolation et la rotation des équipes (28%), d’autres ont préféré le système de télétravail (25%). Certains salariés se sont vus mettre en quarantaine (13%) tandis que plusieurs sociétés ont choisi de modifier leurs horaires d’ouvertures et d’annuler des voyages professionnels.
Ces nouvelles organisations, ont changé l’aménagement du travail. Pour le futur, 30% des sociétés veulent mettre en place plus de flexibilité dans les modes de travail avec, par exemple, plus de travail à domicile ou de vidéoconférences. 13% des entreprises cherchent même à diversifier leurs approvisionnements.
Des répercussions financières ?
Pour les recrutements 2020, l’impact de la crise devrait surtout se faire ressentir en Corée du Sud, dont le marché est fortement dépendant de la Chine et à Singapour, car son économie de service autour du tourisme joue un rôle prépondérant. L’effondrement de la fréquentation et de la consommation chinoise risquent d’affecter les activités économiques.
Les chiffres d’affaires sont revus à la baisse pour le premier semestre 2020. Même si 29% considèrent que l’impact sera négligeable dont l’Inde et les Iles du Pacifique. A contrario 39% des sociétés dont celles implantées en Corée du Sud, à Hong Kong (SAR) et Singapour anticipent une baisse de chiffre d’affaires à hauteur de 50%. Les besoins en trésorerie sont estimés à plus de 244 millions d’euros. Pour Singapour, les chiffres atteignent 70 millions d’euros, 42 millions pour le Vietnam et 36 millions pour la Corée du Sud.
La mobilité est un des problèmes majeurs pour l’activité durant cette crise. 31% des sociétés considèrent que l’impossibilité de se déplacer sur la zone Asie, a des conséquences directes sur leur fonctionnement. 42% des entreprises françaises d’Asie Pacifique envisagent que leurs activités en France ne vont pas réellement être impactées. L’annulation et/ou le report d’actions promotionnelles et de problèmes logistiques sont attendus pour 17% des sociétés.
La croissance des ventes du secteur e-commerce est un des uniques aspects positifs de cette crise avec une augmentation de 8% des demandes locales « online ».
Les parlementaires mobilisés
La question des conséquences économiques de la propagation du coronavirus intéresse également les parlementaires et notamment les représentants des Français de l'étranger. Le sénateur Damien Regnard a ainsi alerté hier le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. Le sénateur des Français établis hors de France souhaite "connaître les mesures et les moyens que le Gouvernement souhaite mettre en place pour soutenir sur le court, mais aussi le moyen terme, nos entrepreneurs de manière efficace et concrète dont l’activité économique et les emplois sont fortement menacés." La réponse est très attendue des entrepreneurs français qui pour certains paient déjà un lourd tribut, au risque même de faire faillite.