

On s'inquiétait il y a quelques temps pour les consommateurs de thon rouge. Les amateurs de poisson pané ne sont pourtant pas à l'abri d'une pénurie. D'après des experts de l'Onu, il pourrait ne plus y avoir de poisson dans les océans d'ici 2050
Le poisson rouge, nouvelle espèce en danger ? (AFP)
Rien de mieux qu'un assortiment de sushis pour vous mettre en appétit et qu'un peu de saumon fumé pour accompagner vos fêtes. Vivant à l'étranger, vous versez toujours une petite larme devant une bonne bouillabaisse. Votre rêve ? Une balade dans les fonds marins pour admirer coraux et poissons de toutes espèces. Faites vos provisions et réservez vos prochaines vacances car dans quelques décennies tous ces petits moments de bonheur marin pourraient bien ne plus exister que dans les livres d'histoire. "Si les différentes estimations que nous avons reçues se réalisent, alors nous sommes dans une situation où effectivement, dans 40 ans, nous n'aurons plus de poisson", a averti à New York Pavan Sukhdev, directeur de l'Initiative pour une économie verte du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue).
Les océans se vident
A l'heure actuelle, 30% des réserves de poissons ont déjà disparu. La surpêche est bien entendu mise en cause. D'après les experts de l'Onu, les prises des pêcheurs sont "50 à 60%" supérieures à ce qu'elles devraient être si bien que les espèces n'ont pas le temps de se reconstituer. L'organisation onusienne préconise que les subventions accordées aux flottes de pêche soient réduites et que les bateaux utilisés soient plus petits. Le Pnue souhaite que des zones protégées soient mise en place pour permettre aux poissons femelles d'atteindre la taille adulte sans risquer d'être péchés. Comme le panda ou le tigre, le maquereau pourrait donc avoir son propre programme de reproduction.
Un problème écologique et économique
Selon l'Onu, 35 millions de personnes vivent de la pêche dans le monde, 170 millions d'emplois en dépendent de manière directe ou indirecte et en tout 520 millions de personnes y sont financièrement liées. Le monde "épuise le capital dont il a besoin. Cependant, nos institutions, nos gouvernements sont parfaitement capables de changer de voie", a estimé le directeur du Pnue, Achim Steiner. Les gouvernements essaieraient-ils donc de noyer le poisson ? Dans un pays en développement comme l'Indonésie, la pêche à la bombe qui permet de récupérer une tonne de poissons à chaque explosion est catastrophique pour la faune et la flore aquatique, les coraux étant également détruits. Bien qu'interdite, cette activité a toujours cours à cause de la corruption des autorités locales. La compétitivité est de plus en plus forte entre ces pays pauvres qui doivent pêcher plus pour vendre plus à des prix à la tonne beaucoup trop bas. Les considérations écologiques passent donc à la trappe. Alors que les ressources halieutiques diminuent à vue d'?il, comment feront les pêcheurs du tiers-monde quand le poisson aura disparu ? La communauté internationale devra rapidement trouver une parade avant que l'économie et l'hygiène de vie des pays en développement ne fasse un grand plongeon. Pour un milliard de personnes dans le monde, le poisson reste l'unique source de protéines.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) jeudi 20 mai 2010
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Article de France Info, D'ici 40 ans, la fin des poissons ?


































