

(rédaction internationale) - Le conseil des ministres a officiellement nommé mercredi Henri Proglio patron d'EDF. Parallèlement, celui qui a été à la tête de Veolia pendant près de neuf ans en garde la présidence du conseil d'administration. Une double casquette qui n'est pas pour plaire à certains, d'autant plus que Proglio réclame à EDF le même salaire que celui qu'il touchait pour diriger Veolia à savoir 1,6 million d'euros au titre de 2008, là où Pierre Gardonneix, celui qu'il remplace, n'en touchait que 1,1 million.
Le gouvernement compte sur cette nomination pour permettre à EDF de passer "de l'administration à une entreprise industrielle?, "Henri Proglio est un grand industriel et c'était important, à ce moment de la vie d'EDF, que ce soit un grand industriel qui pilote l'entreprise" a déclaré Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement.
Il ne mâche pas vraiment ses mots
Avant sa nomination officielle, Henri Proglio (AFP) avait déjà établi une stratégie offensive pour EDF. Pas habitué à mâcher ses mots, il déclarait "EDF a vocation à être un grand acteur dans le monde et à prendre la tête de la filière"nucléaire, jugeant même que la création d'Areva en 2001 suite à une fusion entre Framatome (fabricant de chaudières nucléaires) et Cogema (combustible, retraitement et recyclage) "était probablement une erreur" et qu'il convenait de reléguer Areva à une place de sous-traitant d'EDF. Des déclarations qui lui valaient un rappel à l'ordre de la ministre de l'Economie Christine Lagarde "Que chacun s'occupe de ses dossiers!".
Une stratégie offensive pour EDF
Un des premiers objectifs de Proglio est d'améliorer le fonctionnement du parc nucléaire français afin de limiter l'importation d'électricité de l'étranger. La France va être confrontée à des pannes cet hiver, ce qui devrait l'obliger à importer de nombreux stocks d'électricité, Henri Proglio voudrait optimiser le domaine nucléaire. Mais Proglio ne s'arrête pas là. Plus qu'une amélioration, il parle même d'une refonte. Elle passerait par une diversification des offres d'EDF "Le groupe axe aujourd'hui tout son développement sur un seul réacteur. Notre catalogue, cela ne peut être uniquement l'EPR (European Pressurized Reactor, réacteur pressurisé européen). EDF doit donc diversifier son offre dans le nucléaire mais aussi reprendre son leadership en thermique et en hydraulique. C'est une nécessité".
Voire une nette domination d'EDF
Mais, et c'est le point sensible, la refonte passerait surtout par une franche domination d'EDF sur le reste du secteur. Le 18 novembre, il déclarait aux Echos "Mon ambition est d'avoir une filière nucléaire française qui fonctionne. Cela implique qu'on repense toute la filière, en particulier les rôles d'Areva et du CEA (Commissariat à l'énergie atomique)", parlant même d'une prise de participation dans le capital d'Areva. Une annonce qui pourrait déclencher la guerre entre EDF et Areva, les deux groupes se battant depuis des années pour le leadership en matière nucléaire.
Pourtant, mercredi, dans un entretien au Figaro, Proglio démentait tout projet dans ce sens. "Soyons bien clairs : j'exclus toute prise de participation d'EDF dans quelque activité d'Areva que ce soit, qu'il s'agisse des mines, des réacteurs ou encore du retraitement. Areva est un spécialiste avec lequel nous travaillons depuis longtemps". Réelle annonce ou effet de manche suite aux remontrances de Christine Lagarde ? L'avenir nous le dira.
Magali MASSA (www.lepetitjournal.com) vendredi 27 novembre 2009
En savoir plus :
Article du Figaro- Comment Henri Proglio veut relancer EDF
Article du Monde- Henri Proglio réitère son projet de rendre EDF chef de file de la filière nucléaire




































