Le ministre du Commerce et de l'Industrie a interdit les exportations de ciment pendant 6 mois. Une mesure qui vise à faire baisser les prix sur le marché local
Une chaîne de production de ciment (photo LPJ)
Le ministre du Commerce et de l'Industrie, Rachid Mohamad Rachid a promulgué la semaine dernière une série de décisions bouleversant le marché du ciment. La première interdit l'exportation de ciment au cours des six prochains mois, période où le marché de la construction locale est très actif. La décision est effective depuis le samedi 29 mars et jusqu'au 1er octobre 2008. La seconde concerne les usines aussi bien que les commerçants qui décideraient de cesser la production du ciment et du fer à béton, de réduire leurs ventes ou de s'abstenir de les vendre, sans l'autorisation du ministère.
Toute infraction impliquera une amende variant entre 300 et 1.000 L.E., ou de la prison de un à cinq ans. La pénalité inclut également la possibilité de fermeture de l'usine ou le retrait de la licence de production. "On assiste à un vrai boom immobilier et nous devons fournir de plus grandes quantités de ciment au marché local. Nous avons essayé à maintes reprises, mais en vain, de régler le manque d'offres sur le marché", explique Rachid. Il rassure qu'en ce qui concerne les contrats d'exportation déjà conclus, le ministère doit d'abord les consulter et les examiner avant de décider de leur sort.
Avalanche de décisions restrictives
Il s'agit de la troisième mesure en un an prise contre les producteurs de ciment. Le premier avertissement du gouvernement envers les producteurs de ciment a été donné en février 2007. Le ministère du Commerce a imposé un droit de 65 L.E./tonne de ciment exporté, afin de limiter les exportations et satisfaire les besoins grandissants du marché. Six mois après, ce droit est passé à 85 L.E. Le deuxième message n'a pas tardé. En septembre 2007, les 12 entreprises, productrices de ciment opérant sur le marché, ont été accusées d'avoir pris des mesures monopolistiques menant à une hausse des prix du ciment. Mais la loi se montre encore trop indulgente avec les cartels, le montant maximum des amendes est presque insignifiant par rapport aux profits cumulés après exportation.
Cette fois, le coup est plus puissant que les autres, mais pas pour tous. Omar Mehanna, PDG de Suez pour le ciment (Italcementi), détenteur du tiers du marché national, assure que cette décision n'aura pas un grand impact sur son entreprise. Surtout que son taux d'exportation est passé de 30 à 9 % entre 2006 et 2007 et ne devrait être que de 2 % en 2008. Pour lui, ce sont les multinationales, dont les exportations représentent une grande part du chiffre d'affaires, qui endureront les conséquences.
Or, il assure qu"il existe deux acteurs sur le marché du ciment : les producteurs et les distributeurs. C'est aux distributeurs qu'il faut plutôt s'attaquer", lance-t-il.
Névine KAMEL. (www.lepetitjournal.com - Alexandrie) jeudi 10 avril 2008