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Adeline Verdier : The Musettes, première plateforme pour femmes entrepreneuses expats

Adeline VerdierAdeline Verdier
Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 3 août 2023, mis à jour le 3 août 2023

« Femme d’expat », un cliché, un mot- valise dans lequel il n’est pas toujours facile de rentrer, ni dont il est facile de s’extirper. Adeline Verdier va tout changer : les femmes d’expat ce ne sont pas des suiveuses, ce sont des Muse(ttes), des femmes fortes, créatives, résilientes, reines du multitasking et de la renaissance, des femmes qui font vivre une sororité d’entrepreneuses à travers le monde, essaimant partout où elles prennent racine des projets avec une vraie portée, à vocation sociale ou sociétale. Suivons son parcours et entrons dans la communauté des Musettes !

Adeline fait partie des finalistes des Trophées des Français de l'étranger catégorie prix du public.

Lepetitjournal.com/dubai : Qu’est-ce que The Musettes, et pourquoi ce joli nom ?!

Adeline Verdier : The Musettes est un clin d'oeil à mon premier métier, mon métier de coeur : la restauration de tableaux. Les femmes qui inspiraient les artistes, d’ailleurs souvent cruciales à leur travail étaient appelées les « muses » en hommage aux déités des beaux-arts, et ici les Musettes (en toute modestie nous ne sommes pas des déesses (rires) !...ce sont nous toutes, toutes ces femmes entrepreneures qui nous inspirent les unes les autres… Cette déviation c’est le fruit d’une envie : monter une plateforme professionnelle d’entraide consacrée aux femmes expatriées qui décident de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Se réinventer, recommencer, oser entreprendre, trouver un nouvel équilibre, le tout dans un univers culturel et géographique inconnu : ce n’est pas rien, c’est un parcours riche, plein de défis, et qui devrait être mis en valeur à la fois par un réseau de soutien et d’entraide et par une visibilité médiatique et professionnelle amplement méritée.

 

Vous êtes donc vous aussi « femme expatriée » ?

Cela fait un an et demi que je suis arrivée à Dubaï, après 6 ans à Amsterdam. Vu de l’extérieur j’ai vraiment la vie de la « femme d’expat » : je suis mon mari dans ses postes à l’étranger, il voyage beaucoup et j’ai dû renoncer à mon métier pour le suivre… Mais ce n’est que l’extérieur, l’apparence ! Comme beaucoup de femmes expatriées, ma vie est à la fois beaucoup plus complexe, faite de multitudes de défis et d’entreprises, et beaucoup plus riche aussi !

 

Comment s’est passée cette fameuse déviation, ce virage dans votre vie professionnelle, à quel moment vous faites le choix de tout changer ?

En réalité je me suis éloignée peu à peu de mon métier de cœur, pourtant une vraie passion, non pas uniquement parce-que nous nous étions déplacés géographiquement, mais parce-que monter une clientèle fidèle est long, fragile et fastidieux, et demande beaucoup d’énergie en particulier dans le métier de la restauration de tableaux. C’est un artisanat d’art avec tout ce que cela implique : beaucoup de contraintes de temps, de lieux etc… et au bout de 5 ans je n’avais pas du tout envie de recommencer à zéro, car je me suis rendu compte que cette passion me nourrissait certes, mais était très dépendante de beaucoup de choses, et en particulier du lieu où je l’exerçais.

 

D’où l’envie d’une vie professionnelle nomade ?

Oui c’est de là qu’est née en tout premier lieu une envie d’avoir un projet nomade. De ne pas me contenter d’être un « conjoint suiveur ». J’étais convaincue dès le départ qu’il y avait tellement plus à faire que de simplement s’investir dans l’école de mes enfants (rien de mal à celles qui y trouvent leur équilibre cela dit !) ou d’ouvrir un énième canal d’influence…

 

Et vous vous lancez comme ça ?

Donc oui, je suis vraiment partie « la fleur au fusil » (rire) en faisant la liste des difficultés que pouvaient rencontrer les conjoints d’expat : sortir de son cercle, l’élargir, monter une entreprise, affronter les difficultés administratives, légales, auxquelles s’ajoutent parfois la barrière de la langue : oui l’anglais est international mais cela ne veut pas dire que vous serez expatrié dans une grande ville ou une région où il est couramment pratiqué au quotidien…..

 

Vous essayez de casser le mythe en somme : comment vous y prenez-vous ?

Voilà, je voulais montrer ce qu’est vraiment une expatriation : que c’est bien loin des clichés « Californiens », et qu’on est pas du tout obligé de la subir, qu’on peut vraiment être proactif, créatif, et devenir soi-même une source d’inspiration accessible par toutes et tous, d’où que l’on soit. J’ai débuté par un podcast, je recrutais les profils de façon organique, naturelle : des rencontres personnelles, ou qui venaient vers moi via mon réseau, des profils intéressants dont j’entendais parler d’une façon ou d’une autre….

 

Un mythe qui dessert surtout la « femme d’expat » ?

Au départ j’ai beaucoup insisté sur le terme « conjoint », car même s’ils sont en minorité les hommes qui ont suivi leur partenaire à l’étranger existent aussi. Mais la réalité est que dans une vaste majorité c’est aux femmes qu’on demande d’endosser ce rôle de « suiveuse », de mettre leur carrière de côté, en sourdine ou carrément à l’arrêt, et c’est aussi sur elles majoritairement que va peser toute l’intendance (et donc la réussite) de l’expatriation. Donc je voulais surtout casser ce cliché à la peau dure de « femme d’expat » passive et dépendante: la vaste majorité d’entre elles sont des femmes normales, de CSP moyenne, avec un métier, des ambitions, des idées, et qui n’ont pas du tout pour idéal une vie oisive de série télé (rires) !

 

Aujourd’hui quelle expat êtes-vous ?

Moi j’adore avoir 300 casquettes, j’adore avoir effectué ce virage à 360 degrés dans ma vie professionnelle, et ce que j’aime par-dessus tout c’est faire grandir une vraie sororité : un réseau d’entraide et d’expertise disponible à l’international. Ce que je voudrais c’est évoluer en proposant encore plus d’évènements, des journées pour avancer concrètement en bénéficiant de conseils d’experts, que ces journées soient aussi disponibles en ligne et que notre communauté s’étende partout, en particulier dans des centres moins connectés : beaucoup d’expatriés atterrissent loin de la capitale, dans des régions au réseau plus clairsemé, ce sont eux qui ont le plus besoin de solidarité dans leurs projets.

 

Des exemples qui vous ont touchée plus que d’autres ?

Une de mes premières interviews, c’était Marie qui à Hong-Kong avait fondé une ONG pour guider les aides ménagères, nannies, femmes de ménage etc. vers leur indépendance financière, un projet fantastique et courageux. Avec le recul, c’est un autre des points super positifs de ce réseau : toutes les entreprises mises en lumière ont un impact social, environnemental ou sociétal fort. Elles sont toutes implantées localement et en pleine conscience, que ce soit des shampoings solides au Gabon, une marque de vêtements écoresponsable au Brésil (le 5e pays producteur de coton et terre de surconsommation s’il en est)… toutes ont un impact : fort, positif !

 

Qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur ?

Ce qui me tient le plus à cœur c’est casser les stéréotypes féminins de « femme de », de dépendance financière, d’oisiveté dorée etc… c’est dur à vivre et dur à casser : je connais une jeune femme qui a une entreprise solide, elle fait des bijoux, c’est une vraie marque, mais on continue à lui parler comme si elle enfilait trois perles pour une kermesse, en lui demandant « comment se passe ton petit bazar ?»…. C’est une vraie entrepreneuse, indépendante, et sans vouloir faire du cliché à l’envers, je doute vraiment que si elle avait été un homme, à réussite égale, on lui eut parlé sur le même ton de son « petit bazar ».

 

Où serez-vous d’ici un an ou deux ?

D’ici deux ans je me vois encore ici, je ne suis pas prête à lâcher le soleil tous les jours (rires) ! Avec une vraie équipe autour de moi pour gérer les projets, me développer à l’international, dupliquer le modèle et le faire grandir !

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