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Dé-rives, Cheanick Nov expose à Paris

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CHeanick Nov en train de travailler. Crédits : Marcelline Chauveau, Linkedin
Écrit par Victor Bernard
Publié le 5 septembre 2018, mis à jour le 6 septembre 2018

L’artiste plasticien cambodgien Cheanick Nov est exposé début septembre au pavillon Henri Gaffard du Parc André CItroën à Paris.

Né en 1989, Cheanick Nov est basé à Battambang, une ville devenue le point de résidence de nombreux artistes au Cambodge. Après avoir été présentée à la galerie d'art de l'hôtel Rosewood, tour Vattanac à Phnom Penh, l'exposition Dé-rives s'envole pour Paris.

Dédiant son exposition à la combinaison des cultures khmère et française, Cheanick propose de créer une relation entre deux pays et deux traditions qui s’admirent mutuellement. Il a voulu représenter cette relations à deux sens par une représentation d’un regard plongeant sur les reliefs des deux pays. Cheanick Nov peint au sol pour perdre son spectateur dans l’immensité des paysages qu’ils peints. Il abolit les notions de frontières tant physiques, géographiques que mentales et psychologiques entre la république et le royaume. 

Cette notion de regard, de perception, d’attention est primordiale dans nos deux cultures selon l’artiste : “Il faut rester éveillé, en France comme au Cambodge. Les Français peuvent avoir le sentiment que l’abondance culturelle présente dans leur pays les exempte de regarder ailleurs et également parce que le chemin élitiste qu’emprunte parfois le paysage culturel français laisse beaucoup de gens sur le côté de la route. Au Cambodge, puisque l’on ne peut pas compter sur les institutions publiques pour démocratiser la culture, il faut tout faire soi-même. Alors il faut regarder loin, très loin, jusqu’au bout du monde parfois sans pourtant jamais n’oublier ce qui se passe en bas de chez nous”. 

Symbole ultime de cette confrontation entre les deux cultures, la représentation de la rivière, que l’on retrouve dans quelques oeuvres de l’exposition, bien qu’elles ne soient pas figuratives. Cheanick Nov explique : “Tout est fait en France pour tenter de contrôler cette force de la nature, tenter de la conserver dans son lit, mais on ne peut pas véritablement la contrôler. Au Cambodge, au contraire, la population s’adapte aux changements permanents des courants, des couleurs des rivières.” Ce genre de représentation est multiple, on pense reconnaître une rivière, qui n’est en fait jamais vraiment similaire, et constitue probablement l’un des éléments naturels les plus insaisissables.

Lorsque Cheanick Nov s’exprime sur la place de l’art, et précisément de l’art contemporain dans le royaume, il se montre assez critique, dénonçant une culture de l’argent dominante empêchant le véritable développement culturel dont le Cambodge avait besoin après la folie meurtrière des Khmers rouges qui avaient réduit au silence la totalité des intellectuels, artistes et professeurs du pays : “Au Cambodge, on ne conceptualise pas l’art et le processus intellectuel qui conduit à la production d’oeuvres artistiques.” S’il ne considère pas le pays comme la seule victime de cette dictature de la rentabilité à laquelle, par définition, le domaine culturel n’appartient pas, il déplore en revanche le manque d’initiatives de la part de la communauté internationale et des autorités nationales pour tenter de faire revivre la culture cambodgienne.

Cependant, l’espoir n’est pas réduit à néant, puisqu’il existe un vivier important d’artistes contemporains au cambodgiens et qu’une scène culturelle indépendante non subventionnée émerge, notamment à Battambang. Cheanick Nov fait partie de ceux qui tentent par tous les moyens d’attiser l’intérêt des cambodgiens pour l’art contemporain. Il avait également participé en tant qu'acteur au film primé à Cannes "Diamond Island", réalisé par Davy Chou.

L’artiste décrit son travail comme une aventure pour lui-même, mais aussi pour le spectateur : “C’est déjà un voyage particulier que de peindre en général, c’en est un tout autre de voire une exposition créée et exposée au Cambodge présentée à Paris”.

L’exposition est ouverte au public les 6, 8, 9, 15 et 16 septembre au pavillon Henri Gaillard du parc André Citroën dans le 15e arrondissement de Paris. Plus d'informations ici.
 

Affiche_Dé-Rives_NovCheanick

victor_bernard
Publié le 5 septembre 2018, mis à jour le 6 septembre 2018

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